Selon Olivier Barancy, «la plupart des critiques refusent de voir le monde cauchemardesque que Le Corbusier voulait édifier». A la Misère de l’espace moderne, un petit ouvrage cinglant, répondent la dernière monographie d’Architecture-Studio – un tome – et l’invention de la gare contemporaine signée AREP – un autre tome.
Architecture-Studio, par Philip Jodidio
La naissance d’Architecture-Studio est associée aux courants esthétiques qui ont agité l’univers de l’archi¬tecture dans la France des années 1970 et 1980. Depuis, l’agence s’est développée en France et sur la scène internationale.
Aujourd’hui, Architecture-Studio réunit des architectes de 25 nationalités qui façonnent l’ADN de l’agence et influencent son travail. Avec la création à Venise en 2011 de la CA’ASI, une maison ouverte aux jeunes architectes et artistes du monde entier, l’agence continue à engager des débats et à chercher de nou¬velles voies.
Philip Jodidio, nourri de nombreux entre¬tiens avec les associés d’Architecture-Studio, esquisse ici leur position sur les enjeux environnementaux et sociaux et sur la place de l’architecture dans le contexte de la mondialisation.
Abondamment illustré, l’ouvrage se développe en sept chapitres thématiques qui dévelop¬pent une quarantaine de réalisation.
L’auteur : Originaire du New Jersey, Philip Jodidio a étudié l’histoire et l’économie à Harvard. Il devient en 1979, rédacteur en chef de Connaissance des arts, poste qu’il occupe pendant plus de vingt ans. Spécialiste de l’architecture contempo¬raine, Philip Jodidio a publié plus d’une centaine d’ouvra¬ges, notamment dans la série «Architecture Now !» aux Éditions Taschen, ainsi que des monographies d’archi¬tectes qui font référence, telles celles de Tadao Ando, Norman Foster, Zaha Hadid, Richard Meier, Álvaro Siza, Renzo Piano.
Dominique Carré Editeur ; Architecture-Studio ; Relié : 288 pages ; 300 illustrations et plans ; Format : 29 x 22 cm ; Prix : 40,00 €
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AREP – L’invention de la gare contemporaine, par Collectif
Vue sous l’angle symbolique et sentimental, la gare a longtemps été une porte sur le monde, le lieu des foules pressées, des au revoir et des retrouvailles dans la joie ou la peine, régal des peintres et des cinéastes.
Au tournant du XXIe siècle, la gare a entamé une mue, hier encore inconcevable, liée d’une part au décuplement de la mobilité et d’autre part à un besoin d’urbanité croissant. Elle est devenue un lieu de convergences et de rencontres autour d’activités multiples, démocratisant le luxe par la beauté de ses espaces et de ses architectures.
Ce livre explore une sélection d’une quarantaine de gares, créées ou transformées depuis 30 ans en France et dans le monde par une équipe d’architectes, urbanistes, designers et ingénieurs qui, sous la conduite de Jean-Marie Duthilleul et Etienne Tricaud, allait réinventer la gare contemporaine, et donner naissance à AREP.
Avant-propos d’Etienne Tricaud
Les auteurs : AREP, direction d’ouvrage Luciana Ravanel, coordination Clotilde Nouailhat, Anastasia de Villepin, avant-propos Etienne Tricaud, texte Jean-François Pousse, traduit par Nick Hargreaves
AAM EDITIONS – Coédition Ante Prima ; AREP L’invention de la gare contemporaine ; Broché : 420 pages ; Edition bilingue français-anglais ; Format : 28 x 24,2 cm ; Prix : 29,00 €
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Misère de l’espace moderne – La production de Le Corbusier et ses conséquences, par Olivier Barancy
Il est enfin admis ouvertement que Le Corbusier était un fasciste bon teint. On tolère ses mensonges et sa mégalomanie. On sourit en le voyant mépriser ses (riches) clients. Un observateur impartial découvrira vite qu’il n’a rien inventé, gommant les auteurs dont il s’est attribué les idées.
La seule réelle compétence de Le Corbusier fut la promotion de son image publique au détriment de la qualité de son œuvre construite – catastrophique. Mais de tout cela on ne tire aucune conséquence, la plupart des critiques refusant de voir le monde cauchemardesque qu’il voulait édifier. Ce qui n’aurait aucune importance si Le Corbusier n’était devenu le modèle pour les architectes de l’après-guerre qui ont couvert la France de barres et tours en béton. Et si, aujourd’hui, ses théories ne faisaient les affaires des bureaucrates de Chine et de Russie.
Deux types de villes semblent aujourd’hui se distinguer. La plupart des cités comme Amsterdam, Prague ou Paris sont désormais partiellement préservées et destinées à une population privilégiée, tirant une partie de leurs ressources du tourisme international ; la tendance est à la réduction de la surface des chaussées, à la création de rues piétonnes dédiées au commerce de deuxième nécessité et à la «protection» des quartiers anciens. En contrepartie leurs périphéries sont devenues des non-villes.
Ailleurs, en Amérique du Nord ou du Sud et singulièrement en Asie, la priorité est donnée à la voiture, l’habitat vertical proliférant de vingt étages est l’unité minimale de base, tandis qu’on se ravitaille dans des centres commerciaux gigantesques situés en périphérie urbaine. Les bidonvilles, bien loin d’être éradiqués, s’accroissent.
La responsabilité des professionnels de l’aménagement, évidente, n’est pas récente. Les architectes n’ont jamais ressenti la nécessité d’encadrer l’exercice de leur profession par des principes éthiques. Pour promouvoir leur ego, les architectes organisent entre eux des concours de beauté, se remettent réciproquement des prix et des médailles d’or, révélant ainsi leur absence de sens moral.
Fondé sur l’analyse de la production (bâtie ou théorique) de Le Corbusier, ce livre montre l’imposture du créateur, le caractère totalitaire de ses projets et la misère spatiale qu’il a engendrée, de son vivant jusqu’à aujourd’hui.
L’auteur : Architecte, Olivier Barancy a notamment traduit et édité William Morris, L’Âge de l’ersatz (L’Encyclopédie des nuisances, 1996).
AGONE Editions ; Misère de l’espace moderne – La production de Le Corbusier et ses conséquences ; Broché : 168 pages ; Format : 12 x 21 cm ; Prix : 14,00 €
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