Lauréat en 2011, Dominique Perrault a livré début 2018 la métamorphose de l’hippodrome de Longchamp à Paris pour France Galop maître d’ouvrage. Un investissement d’ampleur à la mesure des gains, non des parieurs mais de l’Etat. «Le renouveau de l’hippodrome de Longchamp affirme la place de celui-ci dans le Grand Paris et sur la scène internationale des grands hippodromes du monde», indique Dominique Perrault. Communiqué.
Cette ambition s’accompagne non seulement d’un projet architectural emblématique, capable de s’adapter aux évolutions futures, mais également d’un projet de paysage de transfiguration du territoire mettant en valeur à la fois le patrimoine bâti, héritage de l’histoire de l’hippodrome, et surtout le patrimoine végétal du Bois de Boulogne issu du plan de composition dessiné par Alphand au XIXe Siècle.
Le Prix de l’Arc de Triomphe constitue le point d’orgue de la vie de l’hippodrome. Le challenge du projet consiste donc à pouvoir accueillir dans des conditions exceptionnelles cet événement qui regroupe jusqu’à 60.000 spectateurs sur le site, mais également un public plus restreint pour les journées de réunions ordinaires.
Le projet proposait de déconstruire l’ensemble des tribunes datant des années 1960 et de les remplacer par une tribune unique, à la fois plus compacte et plus fonctionnelle. Les bâtiments supports de l’activité hippique, hier éparpillés sur le site, sont aujourd’hui également démolis et reconstruits sous la forme de pavillons. Enfin, les bâtiments historiques de l‘hippodrome ont été réhabilités.
«L’architecture de la tribune est en mouvement tel un cheval au galop. Un léger déversement oriente le jeu des tribunes superposées vers la ligne d’arrivée. Mais ce décalage crée côté champ de course une tribune en surplomb et, à l’inverse, côté rond de présentation, une tribune en balcon. Des terrasses, des coursives, des transparences, des escaliers ouverts, tous ces éléments offrent des vues permanentes sur l’ensemble de l’hippodrome, avec évidemment des vues privilégiées sur le rond de présentation et sur la piste elle-même», explique Dominique Perrault.
Le concept architectural est un concept «d’étagères» transparentes, n’offrant ni devant ni derrière, permettant aux spectateurs de passer aisément de la vue plongeante sur les écuries à celle de la course elle-même.
En résumé, le projet architectural a mis en œuvre de généreuses perspectives sur le paysage grâce à la réduction sensible de l’importance des constructions existantes sur le site. Le design architectural épuré, simple et élégant laisse passer au travers des bâtiments les vues et les lumières. Le public a toujours un contact visuel et de proximité avec les chevaux et les professionnels, sans pour autant se croiser les uns les autres.
Le nouvel hippodrome de Longchamp, dissimulé dans la nature, retrouve le charme des ‘garden party’ d’antan, des promenades au bois ou de la poésie des jardins de Bagatelle, tout en offrant confort pour tous les publics et efficacité pour tous les parieurs.
Enfin, le projet est un modèle environnemental pour ce type d’équipement et s’inscrit dans les objectifs du plan climat de la Ville de Paris.
Une tribune en mouvement
Elément principal de l’intervention, la nouvelle tribune s’inscrit en place des tribunes existantes démolies. D’une jauge d’environ 10 000 places en gradins, elle comprend au quatrième niveau un restaurant avec sa terrasse, cinq salons de réception, cinq bars, une brasserie, et des espaces dédiés à la presse ou au personnel. Le public se répartit sur les premier et deuxième niveaux de tribune, les professionnels et propriétaires sur le troisième niveau, les VIP sur le quatrième et dernier étage (qui comprend 17 suites et 12 salons privatifs).
Evoquant dans un mouvement dynamique l’idée d’un cheval au galop, les niveaux possèdent une double inclinaison : penchés vers l’avant et la piste, ils s’inclinent également vers la ligne d’arrivée.
Enfin, L’horizontalité marquée de la tribune et sa couleur bronze contribue à l’intégration du volume dans le paysage.
Le projet comprend l’intégration et la réhabilitation de plusieurs bâtiments existants :
– le Pavillon administratif : création d’un PC sécurité ;
– les écuries existantes : elles comprennent 98 box alloués aux chevaux, des box-douche, un espace dédié au maréchal-ferrant, etc. ;
– le «Totalisateur» : bâtiment de la fin des années 1920. Sa réhabilitation offre désormais des bureaux au 1er étage et des chambres de lads aux étages supérieurs ;
– la Tribune du pavillon : tribune historique datant de 1921 réalisée par Charles Adda, elle a été réhabilitée en vue de lui redonner son aspect d’origine (notamment une réouverture de la galerie au R+2 sur les gradins avec renforts de structure nécessaires).
En chiffres :
Superficie du site : 63 ha
Surface construite : 15 000 m² SDO / 60 000 m² SHO B
Surface de la nouvelle tribune du jockey club : 34 000 m²
Dimensions de la nouvelle tribune du jockey club : 160 m x 35 m (180m en prenant en compte le porte-à-faux)
Hauteur : 23 mètres
Surface de pelouses : 55 000m² (soit 35 000m² ajoutées)
Surface de panneaux photovoltaïques en toiture : 600 m²
Chauffage : 100 % issu de la géothermie