Sur la route des volcans du Puy-de-Dôme, seuls les coureurs auront une étape explosive. Les suiveurs du Tour de France contemporain de Chroniques auront eux tout le temps de quelques détours.
Cette étape accidentée à défaut d’être réellement difficile se prête enfin aux baroudeurs au long cours, ce d’autant que l’équipe maillot jaune ne voudra pas prendre de risque avant les Alpes. C’est donc le bon moment pour les aventuriers de tenter d’aller décrocher un accessit, le plus robuste d’entre eux ayant une chance d’emporter la timbale. Maintenant, si les ogres du Tour, après la journée de repos, ne sont pas encore rassasiés et à nouveau morts de faim…
Pour le coup, les suiveurs partiront de bonne heure de Clermont-Ferrand pour rejoindre tranquillement Vulcania et avoir le temps de visiter le site avant la pagaille du départ.
Un peu d’histoire pour les jeunes suiveurs. En 1994, à l’initiative du président Giscard d’Estaing, un concours international d’architecture met en compétition quatre architectes – l’Espagnol Ricardo Bofill, le Français Jean-Michel Wilmotte, l’Italien Henri Ciriani et l’Autrichien Hans Hollein (auxquels il faut ajouter le cabinet DH&A de Clermont-Ferrand – pour la construction de Vulcania, un centre français de culture scientifique dédié au volcanisme.
Le jury sélectionne le projet Wilmotte mais le Conseil régional choisira finalement le projet Hollein qu’il considère comme mieux adapté au site. En effet, Hans Hollein (1934 – 2020), prix Pritzker 1985, était le seul à proposer un projet presque totalement enterré. Seuls émergent le bâtiment accueillant le restaurant et un cône monumental, rappel symbolique des volcans environnants. Pour l’anecdote, le cône initial prévu par l’architecte évoquait par trop une tour de refroidissement de centrale nucléaire ; le plan a été modifié selon la demande du Conseil régional.
Pionnier du postmodernisme, Hans Hollein proclamait dès 1967 : « Tout est architecture ». Pourtant en l’occurrence, il évoquait pour ce projet l’idée d’une sculpture organique composant avec le contexte particulier du puy. Les bâtiments de Vulcania sont donc enterrés, 15 000 m² jusqu’à -19 m de profondeur. « Pour la descente sous terre, j’ai pensé à la fois aux croquis de Gustave Doré illustrant Le voyage au centre de la Terre de Jules Verne et à L’Enfer de Dante », expliquait-il.
Or, « pour enterrer un bâtiment comme celui-ci, il a fallu terrasser, excaver et donc on a retiré plus de 250 000 m3 de roches et de coulées de lave des volcans environnants qui s’étaient superposés pendant des millénaires. Cette roche extraite a été stockée sur le site pour les aménagements paysagers et constructifs de Vulcania », expliquait pour sa part Gilles Largeron, directeur technique de Vulcania.
De fait, le cône de Vulcania est revêtu sur la face extérieure avec de la pierre volcanique extraite à seulement quelques kilomètres sur la commune de Mazaye dans la carrière de Chambois.
Pendant que monte la caravane, déjà dans la descente, sur la route de Clermont-Ferrand, les suiveurs de Chroniques pourront faire une petite pause à Durtol pour y découvrir rue Jacques Brel une grande maison livrée en 2019 par G.K.L. Architectes (Nicolas Beaure Alexandre Jacob). L’agence clermontoise est spécialiste de ces grandes maisons d’architecte mais ne peut en dire trop de son travail afin de respecter la vie privée et l’intimité de maîtres d’ouvrages qui entendent généralement rester discrets.
Mais puisque celle-ci est juste sur la route…
Une fois redescendus et parés pour cette traversée du Puy-de-Dôme, les suiveurs du Tour de France de Chroniques vont devoir prendre quelques échappées par rapport à la route du Tour et, comme les coureurs, ils vont pouvoir monter et descendre, monter et descendre. Dans les deux sens, ils pourront ainsi admirer la chaîne des puys, des paysages formidables et quelques ouvrages contemporains, sans prétention (il n’y a pas de petit projet) et souvent en bois, ce qui dans cette région boisée, a du sens.
De Durtol donc, les suiveurs éviteront la métropole pour se diriger vers Gerzat, au nord de Clermont, afin de visiter la médiathèque Alphonse Daudet rénovée, mise en accessibilité et rhabillée pour toutes les saisons en 2018 par l’agence bordelaise Moon Safari.
« Le parti pris est guidé par une volonté urbaine de faire dialoguer le projet avec la ville, d’affirmer une proximité avec la population voisine. La médiathèque est ainsi pensée comme un tiers lieu, accueillant et ouvert à tous. Des fauteuils confortables, des tapis, des alcôves et des méridiennes permettent à chacun de s’installer confortablement pour lire », explique l’agence.
La nouvelle médiathèque est construite autour d’un patio offrant un espace de lecture ombragé. Le bardage métallique noir découpe la façade principale sur le ciel. Il est habillé en sous-face d’un motif de cubes colorés, motifs que l’on retrouve sur des panneaux perforés offrant tantôt de l’ombre, tantôt de la transparence. Des larges baies vitrées ouvrent les espaces intérieurs et font entrer la lumière naturelle.
Après un café sur la place, prendre la route vers Dorat, à l’est de Clermont-Ferrand, pour découvrir la nouvelle salle polyvalente & chaufferie bois de la commune, ouvrage livré en deux phases (2019 et 2023) par l’agence de Riom Morpho Architecture
Le projet s’inscrit dans la requalification de tout l’espace paysagé et le lien visuel de la salle polyvalente avec l’église de Dorat. La création d’une extension en bois et le travail sur la façade permettent de moderniser l’ensemble. Le programme consiste à créer un nouvel accès à la salle pour le public comprenant un bar et des sanitaires. Élancée et largement ouverte sur l’extérieur, l’extension forme un auvent permettant de protéger les usagers. Un traitement paysager de l’esplanade améliore l’accueil des Doratois.
« L’augmentation de la surface d’exploitation de la salle polyvalente a permis d’en optimiser le fonctionnement et de créer un lien entre les espaces intérieurs et extérieurs. Ces espaces extérieurs font aussi l’objet de cette mise en valeur. Un réaménagement complet a été réalisé afin d’unifier la salle polyvalente, les circulations externes et internes à la parcelle, l’école, le verger et les ateliers municipaux. L’ensemble a été pensé comme un « espace partagé » afin de s’adapter aux exigences des flux évolutifs quotidiennement et hebdomadairement », expliquent les architectes.
A l’issue de cette visite, dernier détour, les suiveurs pousseront jusqu’à Valbeleix, au sud de Clermont. Là, chercher dans la campagne ce clocher pastoral signé de l’architecte Luc Doin avec pour architectes associés Quentin Bourguignon et Marin Delebecque.
Clocher pastoral ? Réalisé dans le cadre de la 16ème édition du festival Horizons « Arts nature » en Sancy, le projet questionne le statut du monde rural, ses paysages, ses habitants, sa diversité et le rapport qu’il entretient avec diverses problématiques contemporaines telles que le tourisme, les manières de bâtir, ou encore l’écologie.
Repère à la fois temporel et visuel, le symbole du clocher est synonyme de centralité dans les territoires ruraux. Ce point névralgique est ici déplacé au cœur de ce qui fait le Sancy autant que ses villes et villages : son activité pastorale. Noter que les maîtres d’ouvrage sont aussi originaux que l’œuvre présentée : le Festival Horizons Sancy et l’Office du Tourisme du Massif du Sancy.
« Les pâturages sont des lieux souvent traversés, mais peu fréquentés, alors que ces lieux représentent un élément fondamental du paysage rural. Le déplacement du clocher questionne le regard porté sur les espaces agricoles, leur évolution, leur transformation. Le public sera ici acteur de la ruralité le temps d’un instant, il pourra composer sa symphonie pastorale en actionnant une vingtaine de cloches. Un hymne au monde rural », soulignent les architectes.
Après cette excursion champêtre, retour à Issoire pour assister à la fin de la course. Quand ils en auront fini de leurs contraintes professionnelles, les suiveurs pourront se détendre en terrasse, si le temps le permet, et se régaler de l’incontournable truffade, recette locale de pommes de terre, cantal ou salers, d’ail et persil ; simple mais délicieuse et habituellement servie avec une assiette de charcuterie. Une salade de légumes frais fera également l’affaire avant le dessert, le Suprême d’Issoire : gâteau à la célébrité locale que l’on trouve uniquement à la boutique la Couronne d’Arthur, rue du Ponteil. Le tout arrosé d’eau minérale du cru ou d’un vin de Boudes AOC Côtes d’Auvergne.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2023
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2023
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018