Après une belle journée de repos sur les traces de Maurice Novarina, le départ d’Albertville, en Savoie, réveille l’appétit des sprinteurs qui ont passé la montagne et voient une belle occasion, après une balade à travers l’Isère, de s’expliquer entre costauds à Valence, dans la Drôme.
Juste avant le départ, étape incontournable pour les suiveurs, la séquence nostalgie avec la visite à Albertville du stade municipal. Livré en 1991 par Ligne 7 (Bernard Ritaly et Dominique Lardeau), ce stade correspond à l’anneau de vitesse des jeux olympiques d’Alberville en 1992. C’est aujourd’hui un stade omnisports mais, pour les suiveurs du Tour, un petit parfum de J.O. quelques semaines avant les J.O. de Tokyo et trois ans à peine avant ceux de Paris. Jeter un coup d’œil à l’ex-village olympique avant de prendre la route.
Après une première partie d’étape paisible, les suiveurs arrivent à Chambéry, l’occasion de visiter la Cité de la Musique et des Beaux-Arts de Chambéry d’Aurelio Galfeti livrée en 2002 et nominée à l’équerre d’argent. Le bâtiment accueille l’Ecole nationale de musique, de danse et d’art dramatique (ENMDAD) et les ateliers d’arts plastiques municipaux. Matérialisé par deux cubes en béton brut séparés par un vide étroit, le programme est relié par une circulation souterraine. Les façades quasi similaires sur leurs huit faces raisonnent par la rudesse de leur écriture avec l’architecture néoclassique du palais de justice voisin.
Le béton met un œuvre comme adjuvant le dioxyde de titane qui offre une action autonettoyante et garantit l’absence de prolifération de mousses et autres éléments organiques sur les nombreuses saillies des éléments préfabriqués. « Vue de l’intérieur, la façade épaisse, avec son alternance de surfaces pleines (bandes verticales de 60 cm correspondant aux poteaux) et de surfaces vitrées (bandes verticales de 90 cm) confère une certaine intériorité à chacune des salles tout en établissant une relation ambivalente avec l’environnement: à la fois mise à distance des arbres du jardin public qui, pour certains, viennent effleurer le bâtiment et cadrage précis du paysage d’arrière-plan avec les massifs montagneux des Bauges et de la Dent du Chat », expliquait l’architecte.
Pour reprendre le temps perdu sur les coureurs, les suiveurs passeront par la plaine du Grésivaudan pendant que le peloton s’étire dans le massif de la Chartreuse et pénètre en Isère. Le temps repris puis gagné leur offre l’occasion de bifurquer à l’entrée de Grenoble pour rejoindre Saint-Barthélémy-de-Séchilienne sur le plateau de la Matheysine pour découvrir le travail délicat de PNG Architecte (Pedro Petit, Nicolas Debicki, Grichka Martinetti) sur la mairie et les équipements de la commune. L’opération, livrée en 2020, implante dans la pente du hameau différents programmes au travers de gabarits vernaculaires et de matérialités contemporaines.
« Les trois bâtiments neufs travaillent avec l’histoire du lieu et une figure archétypale : le pignon ouvert. Chaque bâtiment est fabriqué avec des blocs maçonnés servants et des vides pour les usages. Chacun ménage une séquence d’entrée, liée au climat parfois rude du site mais également au plaisir de la séquence et de la découverte des lieux », explique PNG.
La matérialité en appelle au plaisir du motif comme le souligne l’agence pour qui cette idée du motif répété, retrouvé à plusieurs échelles, donne de la qualité et une forme de préciosité à des matières brutes. « Elle nous est tout autant inspirée des constructions traditionnelles japonaises que de la résidence Oak Park de Franck Lloyd Wright dont la salle de jeux préfigure le thème des ‘textile block houses’ », souligne l’agence.
Une fois le peloton redescendu dans la vallée et arrivé à Valence, les suiveurs ont le temps de poursuivre leur tour contemporain dans la ville voisine de Romans-sur-Isère pour visiter la Cité de la Musique signée de l’agence grenobloise Cr&ons Architectes.
Le projet qui accueille une SMAC, des locaux d’enseignements et des salles de répétition, a pour ambition de relier des éléments disparates (bâtiments de l’ancien hôpital, ancien rempart, colline et boulevard) du site par une architecture souple qui s’enroule de l’un à l’autre et opère comme un geste urbain rassembleur et structurant.
« À travers son architecture et sa fonction et dans un souci d’intégration optimale, le projet de Cité de la Musique a pour finalité la réunification autour de lui, mais sans confrontation, des objets diversifiés et statiques tout en s’inscrivant dans une logique de renouvellement et de mise en valeur urbaine. Il est le lien entre tous ces objets existants, lien matérialisé par un volume libre en mouvement qui circule entre ces éléments : un ruban. L’ouvrage, dont la vocation est de générer des flux, a également pour ambition de créer des échanges avec les objets du site en leur redonnant un nouvel attrait, la possibilité d’une fonction reconnaissable », explique Cr&ons.
Il sera temps alors pour les suiveurs de profiter des longues journées d’été et, pour se rafraîchir, résister à l’appel des grands crus de la vallée du Rhône et privilégier un vin blanc de l’AOC Châtillon en Diois avec des noix de Vinay dans leur plus simple appareil en accompagnement. Profiter encore du calme de Romans-sur-Isère puisque déjà plane, tant pour les coureurs que les suiveurs, l’ombre du Géant de Provence.
Guillaume Girod (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018