Se réapproprier la lentille de l’oppression : MVRDV révèle la proposition finaliste pour le Monument National LGBTQ2+ du Canada conçue avec Fathom Studio de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, et comprenant Two Row Architect de Six Nations of the Grand River. Ce n’est pas encore gagné. Communiqué.
La Lentille, la proposition de MVRDV dans le cadre du concours pour le Monument National LGBTQ2+ du Canada dédié à la communauté Queer au Canada – en particulier à ceux qui ont subi ce que l’on appelle aujourd’hui la purge LGBT – a été sélectionnée comme finaliste et est maintenant consultable par le public sur le site internet du Ministère du Patrimoine national du Gouvernement du Canada.
Conçue par une équipe dirigée par le bureau canadien Fathom Studio de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, et comprenant Two Row Architect de Six Nations of the Grand River, la Lentille représente un nouvel ajout frappant à la collection de monuments qui encerclent le boulevard de la Confédération à Ottawa.
Situé sur un site abrité de 6 300 m² face à la majestueuse Rivière d’Ottawa, à quelques pas des bâtiments du Parlement à l’est et des chutes de la Chaudière à l’ouest, le Monument et le parc sont un lieu d’éducation, de commémoration, de célébration et d’inspiration. Le concept honore l’acte de résilience généré à travers la communauté : se taillant un espace dans un environnement hostile, se dressant sur l’horizon et envoyant les réverbérations de cette force à travers le paysage et au-delà.
La purge LGBT était une campagne discriminatoire du gouvernement fédéral qui a vu le jour pendant la guerre froide et s’est prolongée jusqu’au début des années 1990. Les homosexuels de la fonction publique, de la Gendarmerie royale du Canada et des Forces armées canadiennes ont fait l’objet d’investigations intensives et personnellement invasives, et étaient licenciés en cas de découverte. À la suite d’un procès en recours collectif, le Canada a reconnu publiquement en 2017 ses méfaits, avec l’ambition de s’attaquer au racisme et à l’homophobie systémiques qui se manifestent encore aujourd’hui dans ses institutions fédérales.
Positionnée au milieu du site en pente, la forme expansive et inclinée de la Lentille fait un geste vers le Plateau de la Capitale et s’élève pour accueillir tout le monde, et surtout, la communauté LGBTQQIA+ du Canada. En coupe transversale, l’anneau est un triangle, une référence au triangle rose, autrefois un outil de persécution, et maintenant un symbole positif d’identité personnelle. Extrudée en cercle, cette forme se rapproche d’une lentille concave, qui agit comme un méta-symbole : alors qu’une lentille convexe magnifie et scrute, symbolisant les cruautés de la Purge LGBT, une lentille concave est tout son contraire.
À la lumière du jour, la forme nacrée s’élève en contraste délicat avec les bâtiments du Parlement, tout en reflétant les tons sombres et les qualités matérielles des autres monuments du Plateau. La nuit, elle parait éphémère et d’un autre monde. À l’intérieur, elle nous réunit ensemble. La proposition reconnait également que le monument est situé sur un territoire non cédé des Algonquins-Anishinaabe (Ottawa). Une dédicace de 140 mots en Anishinàbemiwin et dans les deux langues officielles du Canada se trouve à l’endroit où la forme circulaire rencontre la terre, face à la place centrale.
Le paysage répond au point d’”impact” du monument par une série de vagues, des talus ondulants qui fleurissent en fonction des moments importants du calendrier Queer, autochtone et d’Ottawa. Des végétations indigènes ont été plantées, requérant moins d’entretien tout en restaurant la biodiversité locale et en récupérant la santé d’un site auparavant pollué.
Des murs et bancs de granit entre les talus offrent des moments de quiétude et de réflexion et portent des installations explicatives, soutenues par le cadre thématique des sept enseignements des grands-parents des Algonquins-Anishinaabe. Grâce à sa fonction de monument et à son utilisation du paysage, la Lentille contribue de manière significative aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, en ajoutant de la biodiversité (ODD 15), en réduisant les inégalités (ODD 11), en contribuant à la justice et à des institutions fortes (ODD 16), et en aidant à une éducation de qualité (ODD 4).
« Pour ce Monument National, nous avons repris la lentille même qui nous opprimait invitant une vision extérieure de l’acceptation et de l’appartenance, et sculptant un nouvel espace pour que la communauté puisse guérir, réfléchir et grandir », explique Margot Durling, directrice créative de Fathom Studio. « En regardant vers l’extérieur, la lentille reconnaît que Nous avons toujours existé, au sein des monuments et des institutions qui nous entourent ».
« Le Monument offre une étreinte littéralement aux personnes qui ont été historiquement exclues et proposera un lieu sûr pour guérir, réfléchir et grandir », indique Fokke Moerel, associée de MVRDV. « Ce fut un grand honneur, un défi et une joie de transformer ce lieu caché en un espace de rassemblement bien connecté et à forte teneur émotionnelle, ainsi qu’en un refuge pour la communauté 2SLGBTQQIA+ du Canada », dit-elle.
Les propositions pour le concours peuvent être consultées et faire l’objet de commentaires du public sur le site Web de Patrimoine canadien ici.
MVRDV a contribué à la conception de la Lentille au sein de l’équipe Durling, qui comprend Fathom Studio de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, et Two Row Architect, des Six Nations of the Grand River. La directrice artistique de Fathom Studio, Margot Durling, militante et artiste visuelle transgenre, a dirigé l’équipe avec le directeur de l’architecture paysagère de Fathom, Devin Segal. Les architectes principaux Brian Porter (Nation Oneida) et Matthew Hickey (Mohawk de Two Spirit) représentent Two Row.