La Maison de l’architecture Ile-de-France a présenté en novembre 2023 les lauréats de la 7ème édition de son Prix des diplômes, parrainée cette année par Simon Teyssou, architecte, urbaniste et Grand Prix de l’urbanisme 2023. Découverte des projets gagnants !
Les Pierres d’Irancy
Elena Cadouin – ENSA Paris-Val de Seine
Sous la direction de Michel Jacotey et Lila Bonneau
Le village d’Irancy et ses maisons vigneronnes datant du XVe siècle connaissent un fort taux de logements vacants et subissent un lent phénomène de dévitalisation. En effet, une maison sur cinq est vacante. Ce projet de fin d’étude cherche à dévier les perspectives du bourg vers un horizon plus optimiste en se demandant : comment réanimer le village d’Irancy par le biais du réinvestissement de ces maisons vacantes ? Tel un travail d’acupuncture urbaine, sept maisons sont transformées, allant de la réhabilitation légère à la démolition/reconstruction. Réinvesties, cinq de ces maisons viennent former un réseau de micro-équipements. Les deux autres sont des exemples d’habitations réhabilitées afin d’y intégrer des usages contemporains.
Le renouveau du pastoralisme ligérien
Camille de Broissia, Côme Marzin – ENSA Versailles
Sous la direction de Fabien Duchêne
Le pastoralisme ligérien (système d’élevage d’animaux de races rustiques pâturant les bords de Loire en se déplaçant toute l’année) est une activité fondamentale qui a marqué le territoire fluvial. Aujourd’hui, il est possible d’entretenir ces espaces à haute valeur de biodiversité, de prévenir les risques d’inondations et de maintenir une économie circulaire et locale. Grâce aux témoignages des personnes rencontrées, nous pensons que le développement du pastoralisme réside en deux éléments : le savoir-faire (donner les outils au système d’élevage et permettre la production de produits locaux issus de cette filière) et le faire savoir (mettre en lumière cette activité). Ainsi pour notre projet, nous proposons de re-créer un réseau local où les interviews nous ont permis de déterminer quatre programmes utiles : un abri de berger, une fromagerie, une filature de laine et une halle polyvalente. Ces différents bâtiments suivent une même typologie architecturale pensée à partir du contexte naturel des bords de Loire, des programmes productifs, des matériaux locaux et des principes bioclimatiques. Ce projet peut se reproduire sur tout le long de la Loire, en adaptant son dessin et ses matériaux pour une nouvelle route des pâtures.
L’anastomose, nouvelle géographie urbaine de la ville éponge
Marie Ducroc – ENSA Versailles
Sous la direction d’Emilie GASCON et Ingrid TAILLANDIER
Déjà à l’œuvre, les modifications du climat tendent à perturber de plus en plus nos atmosphères et milieux, en sculptant un territoire sans assurance, et sans prédictibilité… Le concept de ville éponge, est de considérer que l’eau qui tombe dans la ville doit y rester. Le but est de revenir à un état d’équilibre afin de gérer les inondations, affaissement des sols, îlots de chaleurs, sécheresse… Pour cela, il faut s’intéresser aux données climatiques, en fonction des saisons, cela induit des temporalités et des dynamiques de projet différentes. Collecter l’eau, la stocker et la restituer. La stratégie du projet est de rendre la place à l’eau dans la ville en créant une anastomose. Si nous imaginons le parcours et la place que l’eau pourrait prendre, alors nous anticiperons les catastrophes. Une anastomose est en hydrologie une connexion entre deux bras d’un même cours d’eau. Un ensemble d’outils à différentes échelles d’action tendent à redessiner le territoire pour l’adapter le mieux possible.
Vers une production de bois frugale Alice Guilhou, Ildut Lesteven
Alice Guilhou, Ildut Lesteven – ENSA Paris-Val de Seine
Sous la direction de Catherine Ranou et Lionel Debs
Notre projet a pour objectif de questionner notre rapport à notre environnement et aux matériaux. Comment construire en bois aujourd’hui, alors que nos forêts subissent les conséquences du changement climatique ? Pour notre diplôme, nous nous sommes intéressés au fonctionnement de l’industrie du bois et de la gestion forestière sur le territoire. Nous avons voulu traiter le sujet des déchets du bois et les manières de les valoriser dans la construction. Pour imaginer de nouvelles façons de construire en bois, notamment avec des branches issues de l’élagage des arbres, nous avons développé des prototypes de structures à échelle 1. Notre objectif était d’imaginer un plancher constitué de bois de petites sections. Pour cela, nous avons inventé des connecteurs permettant de lier des branches tordues entre elles. Finalement, pour développer davantage notre recherche, nous sommes partis une semaine en résidence aux Grands Ateliers où nous avons réalisé un plancher de 3 x1.5m.
DMC : Démocratie, Matriarcale, Citoyenne
Iris Handschin – ENSA Versailles
Sous la direction d’Eric Chauvier et Reza Azard
DMC : Démocratie, matriarcale, citoyenne interroge notre rapport entre sororité et architecture. Comment créer un espace commun de liberté capable de défaire les rapports hiérarchiques qui se manifestent dans l’espace de l’intime à l’espace public. C’est à travers ces mots, que cette recherche remet en question les normes patriarcales qui ont traversé notre production de la ville. Il s’agit de s’ancrer dans l’imaginaire féminin afin de proposer une nouvelle matrice de lecture et de dessin. La sororité comme action collective, et la non-mixité comme moteur de réflexion permettent de s’établir dans le réel pour faire projet. C’est à travers la réhabilitation d’une ancienne usine de textile des années 1740, que le projet prend place, offrant à toutes une possibilité de réappropriation par la production d’un espace profondément démocratique. L’architecture se transforme, puisant ses fondements dans l’histoire et le passé engagé des femmes sur ce site. Ébauche de projet ou manifeste, il s’agit d’orienter le regard et l’attention vers la possibilité d’une architecture plus équitable pour tous.
Tabletop Architecture Machine
Ahmed Medane – ENSA Versailles
Sous la direction de Claire Petetin
La « Tabletop Architecture Machine » vise à explorer de nouvelles voies de conception architecturale. Cette table interactive permet à l’utilisateur de manipuler des objets tangibles et de visualiser les résultats architecturaux dans un jeu vidéo. Créée par un programme informatique, l’interaction entre l’environnement virtuel et la manipulation des modèles est parfaitement synchronisée, ce qui permet une réaction immédiate à l’action de l’utilisateur. Cette technologie tangible offre un moyen ludique, accessible et collaboratif de concevoir de nouveaux espaces. Cet outil peut être utilisé pour explorer, concevoir, discuter et imaginer de nouvelles idées en architecture, et permet une nouvelle visualisation et compréhension de l’espace. En somme, la « Tabletop Architecture Machine » ouvre de nouvelles perspectives de conceptions en architecture et vise à offrir un potentiel innovant pour la discipline.
Le bureau des CCTPistes Clarisse Protat
Clarisse Protat – ENSA Versailles
Sous la direction de Matthias Armengaud et Emilie Gascon
Les documents graphiques ont peu de poids juridique face aux clauses écrites au sein des marchés, qu’ils soient publics ou privés. Or, si l’écrit prévaut sur le dessin, il paraît intéressant de faire l’exercice de comprendre l’architecture par le texte. D’autant que les bouleversements environnementaux actuels nous obligent à adapter non seulement nos méthodes mais, aussi et surtout, nos outils contractuels. Alors, si l’adaptation des documents juridiques et normatifs est à la fois pertinent et nécessaire, voire urgent : comment s’y prendre ? Faut-il penser des néo règlementations ? Allons vers un post-CCTP ? Tentons alors la réécriture collective d’un CCTP (cahier des clauses techniques particulières) plus en adéquation avec les enjeux socio-écologiques contemporains.
Voi[X] Navigables
Pablo Castro, Paul Chappatte, Sven Poinsenet, Remi Robin – ENSA Paris-Belleville
Sous la direction de Françoise Fromonot et Béatrice Jullien
Ce projet d’étude sur la Seine s’inscrit dans une recherche s’étendant sur deux semestres. Après l’analyse du territoire en aval de Paris, l’attention s’est dirigée vers la zone amont entre Melun et Saint-Mammès. La Seine, en tant qu’axe de transport, a joué un rôle central dans l’acheminement de marchandises vers Paris au fil des siècles, grâce au travail des bateliers et mariniers. La confluence avec la rivière du Loing – à Saint-Mammès – révèle des récits contrastés entre l’héritage du canal et la transformation en cours de la Seine pour maintenir sa compétitivité. Le projet propose une nouvelle orientation des péniches Freycinet, devenues obsolètes, les transformant en services itinérants au bénéfice des communes riveraines. À travers ce récit fictif, l’exploration des voies fluviales dévoile des haltes et des interfaces entre le fleuve, ses rives, les mariniers, les habitants, et les gens « d’à terre ».
Le jardin du Barrois
William Solis- ENSA Paris-Malaquais
Sous la direction de Marc Armengaud et Steven Melemis
Au creux d’une ancienne carrière où se réfugie le crapaud vert, sur un terril où l’on a fait repousser les arbres, par-dessus un lac en formation et contre une frontière qui n’a cessé de se déplacer, le Jardin du Barrois tente de rêver le paysage pour lui rendre sa valeur. De la Harpe-Éolienne à la Caverne-Caméra, chaque intervention voyage entre les épaisseurs temporelles de la plus grande friche industrielle de Moselle-Est pour repenser l’impact de la consommation énergétique sur nos territoires. Le vent n’est plus seulement source d’énergie mais interprète du monde et la mémoire du territoire devient un véritable matériau de projet actif et prospectif que l’on peut arpenter pour mieux se positionner face aux grands enjeux environnementaux de notre siècle.
Récits pour des territoires résiduels
Juliette Taymont, Marie Vendier – ENSA Versailles
Sous la direction de Djamel Klouche
Ces récits interrogent la manière dont se compose le territoire. Façonné par des réseaux de mobilités, qui le trame, le tisse et le hiérarchise, ce premier a été notre clé d’entrée pour établir une lecture nouvelle. Nos déplacements définissent depuis toujours la manière dont on appréhende et expérimente le territoire. À l’ère de l’instantanéité, notre rapport au temps et à l’espace est profondément chamboulé. La création de réseaux de mobilités de plus en plus rapides, grâce à l’aviation, aux lignes à grandes vitesses, aux autoroutes rapproche des territoires géographiquement éloignés et redéfinit la notion de distance. Ainsi, nous avons voulu explorer ce nouveau dessin, comprendre les enjeux et les conséquences qu’il pouvait avoir sur nos modes d’habiter. Comment ce changement d’allure a-t-il façonné des polarités et définit des espaces comme résiduels, à la marge ?