Le Prix Versailles a dévoilé à Paris en juin sa liste 2025 des plus beaux campus du monde. Véritables fers de lance des universités, ces nouvelles infrastructures participent sans conteste à leur rayonnement local et international. Découverte des lauréats.
« À l’heure où les aspirations de la jeunesse en termes de formation n’ont jamais été aussi modulables, changeantes, innovantes, pressées par la nouvelle donne de l’intelligence artificielle, il est bon que l’université accompagne ce mouvement en apportant aux étudiants et aux membres du personnel solidité, rationalité, exigence, attention environnementale et esthétique. Tout ce qui concourt à la fois à l’effort et au bien-être ; ce que l’architecture incarne et sert superbement. Ces nouveaux lieux d’excellence pourront alors devenir les incubateurs, et nous formons ce vœu d’une révolution écologique, sociale et culturelle majeure, chantre du dialogue, que le monde attend aujourd’hui, plus que jamais », souligne Jérôme Gouadain, secrétaire général du Prix Versailles.
Université James-Cook – Maison de l’Ingénierie et de l’Innovation, Townsville, Australie

L’expression « Less is more », que l’on attribue à l’architecte Mies van der Rohe, a trouvé une remarquable illustration. La Maison de l’Ingénierie et de l’Innovation de l’Université James-Cook démontre – c’est un choix rare – qu’il est possible d’obtenir plus en construisant deux fois moins : en lieu de 20 000 m² d’installations traditionnelles, seulement 10 000 m² d’un environnement flexible et fonctionnel. Le reste est paysage.
Développé en collaboration avec le cabinet d’architectes Kirk Studio, basé dans le Queensland, le projet se déploie brillamment avec l’usage de matériaux sobres et un agencement optimal. Le spectaculaire toit parasol assure une protection climatique tout en laissant entièrement transparente une façade d’une grande richesse de vocabulaire, offrant par ailleurs une résistance aux cyclones sans précédent.
En plus de donner une nouvelle définition de l’architecture tropicale en milieu sec, ici, l’effet catalyseur d’éléments structurels simples favorise encore l’interaction dynamique et la collaboration interdisciplinaire. Une exigence de long terme en pleine adéquation avec les valeurs contemporaines.

Université Jiao-tong de Shanghai – École de design, Shanghai, Chine

L’École de design de l’Université Jiao-tong est née en 2018 du regroupement de trois disciplines : l’architecture, le design et le paysage. Lotie dans un ensemble de trois bâtiments construits en 2003, l’enjeu principal était de créer un espace central unificateur pour la nouvelle École.
La transformation, opérée par le Studio Ruan Xing, a dépassé la feuille de route en proposant un nouveau hall devenu emblème. Véritable puits de lumière, il accueille avec noblesse une structure en bois, monumentale, s’intégrant parfaitement à l’architecture existante en béton armé.
Inspirée des ponts arc-en-ciel, qui ont vu le jour sous la dynastie Song (960-1279), cette structure est conçue pour être réparable et remplaçable. Une réalisation à l’allure d’une nef moderne dont la verrière contribue aussi à un effet cathédrale.
Paré de nouvelles façades en terre cuite, l’établissement se dévoile tout entier dans un dialogue judicieux entre cultures qui semblaient antinomiques. Un vrai hommage au design.
Université de Copenhague – Niels Bohr Bygningen, Copenhague, Danemark

Lauréat du prix Nobel de physique en 1922, Niels Bohr croyait en l’ouverture, l’échange et la fusion des idées. Conçu pour fédérer toutes les facultés des sciences de l’Université de Copenhague, le centre qui porte désormais son nom brise les cloisonnements traditionnels pour favoriser la collaboration interdisciplinaire.
Le campus se compose de deux volumes reliés par une passerelle surélevée, unissant symboliquement et physiquement l’enseignement, la recherche et la communauté au sens large. En son cœur se trouve la Troposphère : un atrium en forme d’infini entouré de neuf tours, chacune logeant un département et se distinguant par des matériaux et des couleurs uniques. La double façade et la structure d’ensemble maximisent la ventilation naturelle comme la pénétration de la lumière.
Les cabinets danois Vilhelm Lauritzen Architects et CCO Architects signent une réalisation profondément inspirante dans une enveloppe unique, aisément reconnaissable.

LCI Barcelona, Barcelone, Espagne

Sur les anciens terrains industriels du Poblenou, le 22@ est devenu le quartier du savoir et de la technologie. Conçu comme un « campus vertical », autour de deux grands halls modulables, le pôle européen du réseau international LCI Éducation s’inscrit superbement dans cette transformation.
Le cabinet d’architecture Circular Studio a organisé les circulations en périphérie, le long des façades, parcours qui sont autant espaces sociaux, de travail et d’exposition. Le rythme de l’enveloppe, alternant pleins et vides, brouille la frontière entre intérieur et extérieur, tandis qu’une place surélevée au cœur du bâtiment offre une vue sur la mer et bénéficie de la brise marine.
L’aluminium recyclé permet au bâtiment de s’intégrer à son environnement. Sa géométrie fonctionne comme un dispositif de contrôle solaire, bloquant la lumière directe du soleil pour éviter l’éblouissement tout en maximisant la lumière indirecte. Pour les étudiants de LCI Barcelona en design et arts visuels, le soleil n’est ainsi plus un ennemi.

Université d’Oxford – Gradel Quadrangles, New College, Oxford, Royaume-Uni

Le premier quadrilatère universitaire jamais planifié a été construit à Oxford au XIVe siècle, et le premier quadrilatère ouvert sur les côtés, inspiré de la cour d’Honneur du château de Versailles, a suivi au XVIIe siècle. À l’instar des bâtiments d’origine du New College, le Gradel Quadrangles – du nom du donateur – se devait de posséder une identité propre en termes d’architecture et de matériaux. C’est chose faite, grâce à David Kohn Architects, avec cette réalisation inattendue dans le paysage urbain historique et verdoyant d’Oxford.
Le projet, tout en courbes engageantes, comprend des chambres d’étudiants, des espaces d’étude, une salle de récital, diverses installations pour la New College School et une tour de 21,5 m. Sous cette forme originale, rien n’est perdu de l’esprit collégial du lieu, et cette réinterprétation du quadrilatère, schéma pourtant séculaire, propose pour le XXIe siècle un modèle fertile.

Université de Leyde – Herta Mohr, Leyde, Pays-Bas

Voilà l’exemple impressionnant de l’hommage réfléchi à l’histoire d’une architecture structuraliste conçue dans les années 1970 et admirablement revisitée. Si la majeure partie de l’ancien Cluster Zuid – qui comptait sept « maisons » – a été préservée, la « maison » centrale a été remplacée par un spacieux atrium et une nouvelle entrée principale, améliorant considérablement la luminosité naturelle des espaces, et favorisant la collaboration et l’interaction entre les élèves et les enseignants.
Le nouveau Herta Mohr est un véritable plaidoyer en faveur de la circularité et un démonstrateur de réemploi des matériaux. Les panneaux si savamment dessinés qui habillent les façades intérieures, et forment de très beaux murs décoratifs, sont par exemple créés avec les lames en bois des anciens plafonds. Briques et pavés sont également issus de la maison démolie.
Ce projet urbain mis en œuvre par De Zwarte Hond, qui allie patrimoine et innovation, répond avec pertinence à l’enjeu de transformer les infrastructures obsolètes en un environnement contemporain, durable et accueillant.


