Conçue par AREP et l’Atelier d’Architecture de la SNCF, la nouvelle gare multimodale Rosa Parks est implantée dans le XIXe arrondissement dans le Nord-Est de Paris, sur la ligne E du RER (Eole-Est. Elle désenclave ce quartier en cours de restructuration lourde, relie l’Est de l’Île-de-France au centre de Paris, et assure la liaison avec le tramway T3. Mise en service en décembre 2015, après cinq ans de chantier, la gare accueillera 85 000 voyageurs par jour à l’horizon 2023. Dossier de presse.
Contexte urbain
Le Nord-Est parisien, zone de 200 hectares entre la porte de La Chapelle et la porte de La Villette, est morcelé par les grandes infrastructures de transport – périphérique, boulevards des Maréchaux, faisceaux ferrés. Il était majoritairement dévolu à des équipements de logistique urbaine et à des espaces servants. Depuis les années 2005, il fait l’objet d’un ambitieux projet de redynamisation et de renouvellement urbain. Les éléments les plus marquants, avant la création de la gare, sont l’implantation du tramway T3 en 2013 et la réhabilitation des entrepôts Macdonald, récemment achevée.
Inscrite dans ce projet de requalification du Nord-Est parisien qui se caractérise par une forte mixité, tant sociale que fonctionnelle, avec plus de 220 réalisations, la création de 25 000 emplois, 15 000 habitants supplémentaires, la gare participe d’une approche stratégique de désenclavement du quartier, qui s’appuie, pour favoriser l’émergence d’un pôle structurant dans ce secteur urbain en plein développement, sur une articulation optimale entre le système de transports et l’aménagement du territoire.
Le projet architectural
«Fluidité, ouverture et lumière», sont le fil rouge de la conception de la gare qui met l’accent sur le confort et la modernité. L’ouverture des volumes intérieurs de la gare sur la ville est la clé de l’insertion du projet dans son environnement.
Le Parvis Sud
Dans la perspective de la rue Gaston Tessier qui sera requalifiée par la construction de deux immeubles de bureaux, la gare se signalera par une interruption du front bâti constitué par ces deux édifices futurs, et le trottoir transformé en parvis au niveau de l’accès.
Ce parvis est souligné par un auvent généreux qui protège les voyageurs et les passants des intempéries et par son léger débord de l’alignement. Avec sa structure métallique légère et sa couverture transparente, il met en valeur l’espace de transition entre la rue et le volume de la salle d’échanges. Enfin, le profil en coupe de l’auvent établit une relation visuelle entre la rue et le quai.
Le Parvis Nord
Le parvis Nord est bordé d’arbres sur les côtés Est et Ouest, tandis que l’espace central dédié à la circulation des piétons et autres circulations douces est dégagé afin de préserver une bonne visibilité sur l’entrée du passage, qui est également l’entrée de la gare.
La Gare
La gare, située sous les voies ferrées, est accessible de plain-pied directement par le Sud depuis la rue Gaston Tessier, et par le Nord, via un passage urbain de grande largeur – 40 m de long sur 14 m de large, avec une hauteur moyenne de 4 m 70. Couture dans la ville, il réduit les effets de coupures dues au faisceau ferré et met en relation les abords des entrepôts Macdonald et la rue Gaston Tessier, depuis les arrêts de tramway et le boulevard Macdonald.
Outre la desserte de la gare, ce passage accessible aux circulations douces relie, pendant les heures d’ouverture de la gare, deux morceaux de ville isolés l’un de l’autre par le plateau de voies. Sa largeur généreuse et sa longueur limitée, en font un espace vaste et rassurant où la vision du dehors est permanente. Le volume de la gare et du passage sont fermés la nuit par des portes pliantes à effacement vertical. Au Nord, ouvert sur le jardin des entrepôts Macdonald, l’accès à la gare via le passage est signalé par une marquise vitrée.
Le bâtiment de services dispose d’une façade sur rue, dont la partie aveugle abritant des locaux techniques est habillée d’une clairevoie de bois clair, en écho au platelage bois des rampes et au voligeage de la sous-face de l’abri de quai. Cette façade épurée participe à l’identité de la nouvelle gare. Le toit terrasse du bâtiment, visible depuis les tours de la cité Michelet et depuis le quai en vue rasante, est végétalisé. Sur l’angle du bâtiment avec la rue Gaston Tessier et le parvis, un mur rideau vitré toute hauteur forme la façade.
Spatialité fonctionnelle
La gare est inscrite sous le plateau ferroviaire dans un registre d’infrastructure habitée. Outre le parvis au Sud et le passage urbain, les espaces qui la composent sont :
La salle d’échanges (69 m par 22 m)
Située à la convergence des flux, elle se développe sous le quai central et la dalle ferroviaire. Elle est constituée de deux volumes juxtaposés de même longueur : l’un, haut de 8 m se développe sous le quai tandis que l’autre, haut de 6 m, s’inscrit sous la dalle ferroviaire portée par deux files de piliers circulaires. Ouverte sur le parvis Sud, la salle d’échanges donne accès au quai central en surface à + 7 m, via un dispositif de circulations verticales généreux : rampes/escaliers mécaniques/ascenseur. Elle donne accès au parvis Nord par un passage urbain de plain-pied avec la rue. La salle d’échanges est le «hub», la zone focale du projet vers laquelle tous les flux convergent.
Le quai central
Il compte six points d’accès répartis sur 135 m, dispositif qui favorise la fluidité des circulations. Ces points d’accès, desservis par les circulations verticales, s’insèrent dans une faille protégée par un abri filant sur toute sa longueur. La partie centrale de l’abri de quai, transparente, laisse pénétrer abondamment la lumière dans la salle d’échanges, à travers les trémies. La zone centrale est couverte avec de l’ETFE, comme l’auvent du parvis Sud.
Ambiances et matériaux
L’éclairage naturel est une thématique forte de la conception du projet, avec notamment un abri de quai transparent dans sa partie centrale et les grandes trémies par lesquelles la lumière entre profondément dans la salle d’échanges sous les voies ferrées. Les intérieurs sont traités avec des parois de béton banché clair et de béton bouchardé, des passerelles en charpente métallique et des planchers en bois. Les éclairages, très étudiés, mettent l’ensemble en valeur.
Dans ce volume adapté à l’intelligibilité des cheminements, les éléments fonctionnels déclinent leur vocabulaire propre : métal et verre pour le contrôle automatique de billet, l’ascenseur, et les escaliers mécaniques ; structure métallique et platelage bois pour les passerelles, les paliers du niveau intermédiaire et du quai.
La gare de Rosa Parks affirme son rôle au service de la mobilité au coeur de la ville, avec un projet où fluidité, ouverture et lumière au coeur de l’infrastructure ferroviaire illustrent le concept architectural développé par AREP.