Sur la ZAC Danube de Strasbourg (Bas-Rhin), l’agence Petitdidierprioux Architectes (Cédric Petitdidier – Vincent Prioux) a livré en avril 2019 une opération de 31 logements et commerces en rez-de-chaussée qui agît comme un élément de jonction entre les quartiers de l’esplanade au nord et du Neudorf au sud. Communiqué.
La reconquête urbaine des berges
L’écoquartier Danube à Strasbourg, orchestré par les agences d’urbanisme de Christian Devillers et de Pascale Richter, trouve ses racines dans la reconquête urbaine des berges du canal du Rhône au Rhin et des bassins portuaires.
Ce projet de 2 060 m² SHAB (2 349 m² SP) pour un coût des travaux de 2,8 M€ HT porté par CDC Habitat est composé de deux volumes reliés par des passerelles. Sa simplicité de traitement réinterprète à la fois les codes de l’architecture strasbourgeoise et l’ambiance des anciens Docks et des entrepôts portuaires.
Implantation
Ce projet joue un rôle de pivot. De la proximité du bâti environnant éclectique et désaligné est née la forme plissée et dynamique de la façade sur la rue. À l’arrière, il s’imprègne autant des constructions existantes sur la place publique.
Pensé sur quatre faces, le projet s’organise en deux volumes différenciés : un premier bâtiment haut de huit étages donnant sur la rue et un immeuble de rapport de quatre étages orienté sur la place centrale et dont la toiture accessible accueille une terrasse végétalisée accessible avec un solarium plus minéral.
Une faille scinde les deux plots et permet de marquer l’entrée de l’ensemble des logements au rez-de-chaussée depuis l’espace public. Elle est traversée par des passerelles privatives qui offrent un accès direct aux logements du bâtiment bas, depuis le noyau de circulations situé dans le bâtiment haut.
Le grand local à vélos semi-ouvert présent au rez-de-chaussée du bâtiment bas permet une ouverture sur la place minérale centrale. Le rez-de-chaussée du bâtiment haut est quant à lui occupé par des commerces, profitant de la fréquentation de la rue.
Parcelle
Le projet s’inscrit dans un lieu significatif de l’histoire industrielle de Strasbourg : l’ancien site portuaire du bassin d’Austerlitz situé au sud-est du centre historique de la capitale alsacienne. Il agît comme un nouvel élément de jonction entre les quartiers de l’esplanade au nord et du Neudorf au sud.
Les nouveaux bâtiments du quartier sont simplement posés sur le sol de l’ancien port. Le rapport que les architectures sans ostentation entretiennent avec le sol les ancre dans l’urbanité environnante qui se joue des porosités. La ville retrouve un rapport à la marche et au piéton qui profite du temps et de l’art de vivre de la capitale alsacienne. Avec ce projet, l’imbrication et le dialogue entre les espaces publics et les logements sont réussis.
Typologies
La variété des volumes est ici synonyme de multiplicité des typologies de l’habitat. Le bâtiment sur rue abrite des logements familiaux aux espaces extérieurs généreux, comme autant d’espaces de retrait. Le plissé de la façade ménage de multiples orientations de vues. L’immeuble de rapport est quant à lui constitué d’un empilement de duplex classiques ou inversés, bénéficiant de loggia en double-hauteur et de vues dégagées vers le canal.
Matérialité
Le projet empreinte quelques éléments au vocabulaire architectural local. Constitué d’éléments en béton préfabriqué, le bâtiment adopte un langage architectural sobre. L’alternance d’une isolation par l’extérieur et par l’intérieur permet de décoller la façade sur une grande partie du bâtiment, à la manière d’une double peau. La structure se manifeste en façade dans une tradition constructive réinventée.
Enfin, les sous-faces des loggias sont traitées avec l’importance d’une «sixième façade». Participant à la perception du bâtiment depuis la rue, elles sont subtilement teintées de rose dont les variations chromatiques animent la façade au gré de la journée.