Saint-Maurice d’Angers, la première cathédrale du gothique de l’Ouest de la France, gothique dénommé tantôt Plantagenêt, tantôt angevin. Présentation.
Comme aimait à dire Victor Hugo, la cathédrale « c’est l’art total ». La cathédrale est la relique d’elle-même, la cathédrale, c’est aussi un patrimoine commun ; un monument par excellence de la longue durée, un lieu de mémoire collective, un espace de spiritualité et de vie.
Une œuvre du XXI° siècle peut être fidèle au XII° siècle : choisir une forme comme un matériau ne peut être un choix dogmatique, c’est toujours le fruit d’une situation, d’un contexte, d’une recherche. Notre projet vise à conserver intact le pouvoir d’émotion de la cathédrale, il nous faut être gothique dans l’émotion et contemporain dans l’expression.
Une nouvelle arche : pour protéger le portail restauré, pour présenter sa statuaire polychrome, l’ouvrage de protection prend la forme d’une arche homothétique au portail. Occupant la travée d’axe, l’arche laisse ainsi visible de part et d’autre les arcs incrustés dans le mur de pierre, ultimes traces des voûtes disparues de l’ancienne galerie. Auto-stable, l’arche va à la rencontre du portail, le joint creux entre la façade et l’arche est simplement clos, sans aucun ancrage ou engravure.
Ad quadratum : Le plan de la cathédrale comme celui de son ancienne galerie démolie étaient tracés ad quadratum, l’élévation de la façade également. Aussi le carré commande à la géométrie et à la construction de cette nouvelle arche. Clé de la géométrie du tout et de ses parties, le carré permet d’atteindre à la juste proportion de chacun des éléments, rétablit les rapports d’échelle : lointaine et urbaine comme depuis la Maine, architecturale comme depuis le parvis, ou intérieure en donnant le recul nécessaire à l’appréciation du portail.
De BFUP et d’albâtre : Des coques extérieures préfabriquées en Béton Fibré à Ultra Hautes Performances (BFUP), scandés par des arcs saillants sur l’extérieur, forment la structure de l’arche, à l’intérieur elles sont revêtues de plaques d’albâtre dont la matière et la couleur mettent en valeur le caractère polychrome de la statuaire et son relief. Réalisées en métal léger, les grilles de clôture sont coulissantes.
L’emploi de ses deux matériaux – l’albâtre dont l’usage remonte aux premiers temps des églises, le BFUP employé depuis la fin du XX° siècle pour des ouvrages d’art d’exception – relève de la même quête extrême de durabilité. Participant à la poursuite d’un projet multiséculaire, l’arche doit être pérenne, autant que la patine, expression du temps, doit avoir prise sur elle comme elle a prise sur la cathédrale.
Un climat maitrisé. Procédant du rétablissement partiel du volume disparu qui assurait une bonne stabilité thermique et hygrométrique, l’arche est conçue et construite pour protéger le portail des rayonnements solaires, comme pour assurer la ventilation naturelle en ménageant des ouvertures en pied et en tête.
Lumière diurne, lumière nocturne : De jour la découverte du portail retrouve sa perception d’origine, de nuit un éclairage vient la révéler en jouant d’une mise en lumière à partir des nervures intérieures jouant de la réflexion sur les plaques d’albâtre.
Philippe Prost
Concours d’architecture pour la réalisation d’un ouvrage de protection du portail occidental de la Cathédrale d’Angers. Projet non lauréat.
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