Semaine 2 du grand confinement. De l’échelle nationale et mondiale jusqu’aux comités bidule, de pétition en installation de points d’eau, du passé et de l’avenir, éléments de réflexion à l’issue de la seconde semaine du grand confinement.
Potion magique
Juste comme ça, en passant, en étant témoin de tout le pataquès à propos de la Chloroquine. Apparemment, c’est un médicament largement disponible, facile à produire n’importe où sans équipements issus de la recherche spatiale et bon marché. Imaginons que ça marche, que le professeur Raoult ait raison, que ce soit la solution, au moins dès les premiers signes de la maladie. Vous imaginez la tête des actionnaires des labos dans le monde entier qui ont déjà investi des dizaines de millions dans la course au vaccin qui les rendrait milliardaires et celles de leurs chercheurs qui rêvent déjà de Prix Nobel ? A leur place, je le trouverais bien encombrant le professeur Tournesol de Marseille avec ses solutions à deux balles.
Cure d’amaigrissement
Cette crise est l’occasion de s’apercevoir que ce gouvernement confiné peut fonctionner en étant réduit des trois-quarts. Ce n’est pas comme si quiconque avait besoin de l’avis de Franck Riester, ministre de la Culture et l’un des premiers résistants de ce gouvernement. Pourquoi alors faut-il plus de 40 membres au gouvernement français pour fonctionner en temps normal (21 ministres, 21 secrétaires d’Etat) quand tout va bien ? Sans compter les frais induits ! En Allemagne, 82 millions d’habitants, 15 ministres.
Classe moyenne haute, classe moyenne très basse
Nous savons qu’à population équivalente, l’Allemagne compte trois fois plus de lits de réanimation que la France. La chance sans doute… Toujours est-il qu’en Allemagne, les enseignants, les infirmières, les chercheurs, notamment, sont parmi les mieux payés au monde. Comme par hasard, le pays est riche. En France, les mêmes font désormais partie du lumpen prolétariat et le pays en est à quémander l’aide de la Chine. C’est parce que les enseignants, infirmières et chercheurs, notamment, sont bien payés et respectés qu’un pays est riche, pas l’inverse.
Transparence encore plus transparente
Le 28 mars 2020, le gouvernement a promis « plus de transparence » sur la gestion de l’épidémie. Est-ce à dire qu’il n’était auparavant pas très transparent ? Que ne nous a-t-il pas dit ? Il y aurait donc des degrés dans la transparence ? Mais bon, comme dirait Coluche, ce gouvernement sera désormais plus transparent que transparent. Pour rappel, cette citation d’Albert Camus : « Face à la peste, il n’y a que l’honnêteté ». La « transparence » sans l’honnêteté, c’est donner du lard aux cochons !
Déluge chez Crésus
Les dirigeants du G20 ont promis d’injecter 5 000 milliards de dollars pour soutenir l’économie mondiale menacée par la pandémie. Mais si c’est pour soutenir l’industrie et repartir de plus belle dans la construction de voitures, d’avions, de bateaux de croisières et d’armes de destruction, cela ne réglera le problème en rien. Quitte à relancer l’économie, mettez 5 000 milliards de dollars dans les voyages spatiaux et vous serez sur Mars en moins de temps qu’il n’en faut pour trouver un vaccin, ou, en France, un masque de protection. Ajouter encore 5 000 milliards et l’humanité a une porte de sortie.
Carlos
Tiens au fait, s’il y en a un qui doit trouver que la crise sanitaire tombe au bon moment, c’est bien Carlos Ghosn, que tout le monde a oublié. Sauf si, peut-être, selon les développements liés aux Covid-19 dans les semaines à venir, il aurait peut-être été plus en sécurité à Tokyo qu’à Beyrouth.
Riposte proportionnée
Le gouvernement français a annoncé un plan à 45 milliards d’euros. Super ! L’Allemagne a annoncé un plan à 1 100 milliards d’euros, un effort « sans précédent pour le pays depuis la seconde guerre mondiale », (Le Monde 27/03). Les Allemands vont encore penser que nous sommes des petits joueurs pendant qu’ils accueillent nos malades …
Echos des savanes
Ce titre des Echos (24 mars) : la rupture entre Didier Raoult et le gouvernement
Ce sous-titre : Exclusif, Didier Raoult claque la porte du Conseil scientifique de Macron
Le patron de l’IHU Méditerranée Infection a bravé l’opinion majoritaire de ses pairs en ouvrant son établissement au dépistage massif du Covid-19 et au traitement à la chloroquine. Depuis, des centaines de Marseillais font la queue devant l’institut. S’ils pouvaient voyager, des milliers d’autres Français seraient en chemin. En forme d’hostie la Chloroquine ?
Emmanuel Macron installe un deuxième comité d’experts
Le Comité analyse recherche et expertise (Care) (sic), a été installé le mardi 24 mars par le chef de l’Etat. Il est dirigé par la découvreuse du virus du sida, Françoise Barré-Sinoussi. Ce comité de type phase II se veut « plus opérationnel » que le conseil scientifique Phase I jusqu’alors à l’oeuvre.
Et la semaine prochaine, encore un autre comité d’experts plus opérationnel encore avec pour présidente Claudie Aigneré, première Française dans l’espace, pour chercher la porte de sortie ?
Bouées de sauvetage
Depuis le début de la crise du coronavirus, Emmanuel Macron n’a de cesse de convoquer la parole des experts pour appuyer ses décisions. D’où ces comités ad hoc. Le problème est que depuis le début le président et le premier ministre s’appuient dessus tellement fort que le premier du genre s’est noyé. En tout état de cause, ce n’est pas à un comité bidule, aussi scientifique soit-il, que revient la responsabilité des décisions. Les responsables de la pagaille – depuis les masques invisibles pendant des semaines parce qu’ils ne servent à rien jusqu’au gel hydroalcoolique hors de prix, etc. etc. etc. – n’échapperont pas à leurs responsabilités. Responsables mais pas coupables, il y a des précédents.
Pétition
Yann Danion autoentrepreneur dans le BTP a lancé le 22 mars la pétition change.org/StoptravailBTP dans laquelle il demande que le gouvernement revienne sur sa décision d’une reprise de l’activité dans le secteur du bâtiment pendant la période de contamination. Pour lui, il en va de la « sécurité de tous les employés du secteur mais aussi de celles de leurs familles ». Le 30 mars, son appel a été signé par près de 40 000 personnes. Qui resteront donc confinées chez elles. Et la continuité économique bande de feignasses ?
L’article de l’AFP dont quasiment personne n’a rendu compte
L’histoire est anxiogène à souhait : un collectif alerte sur la « crise sanitaire » dans les bidonvilles roms. La dépêche indique que 80 % des habitants des campements Roms sont privés d’un accès à l’eau. « Se pose le problème de la circulation des personnes : des gens ont été verbalisés à Argenteuil (Val-d’Oise) alors qu’ils étaient sortis pour remplir des Jerricanes… Sans eau, pas de geste barrière, ce qui pose aussi le problème de la propagation du virus », souligne Clémentine Sinquin, déléguée générale du CNDH Romeurope. Elle réclame d’urgence « l’installation de points d’eau ». Comme si la France n’avait que ça à faire.
Géopolitique
Non seulement la Chine fait charité bien ordonnée à l’Europe, évidemment en ordre dispersé, mais elle est bien la seule à pouvoir offrir une aide quelconque à l’Afrique. Quand la poussière sera retombée, il risque de n’y avoir plus de Françafrique, ni d’Angloafrique d’ailleurs. Les rêves d’empire ne sont pas faits pour les tyrans de bazar, demandez donc à Erdogan, qu’on n’entend plus, ce qu’il en pense.
Rayon bonne nouvelle
Le 31 mars, un fier communiqué annonce que le nouveau groupe électrogène 2100 W de Ribimex est désormais connecté en Wi-Fi. Il y a donc de l’espoir question télétravail dans le bâtiment.
La citation
« Le virus est le dernier prédateur de l’homme ». Robin Cook, artiste et auteur de romans noirs (1931 – 1994). C’est joliment dit mais rien n’est moins sûr… L’homme qui est un loup pour l’homme est bien plus dangereux que tous les virus réunis !
Joyeux confinement !
Christophe Leray