Afin de développer un vaste site d’un million de m², un promoteur a commencé par construire l’espace de vente, une mission confiée à l’agence Continuation Studio. Inspirés par la structure vernaculaire des ponts de la province, l’architecte Fan Jiu-Jiang et son équipe en ont réinterprété la structure et donnent ainsi, avec ce bâtiment livré en mars 2017, le ton du projet global. Communiqué.
Situé près du lac Yunlong à Xuzhou, au nord de la province du Jiangsu en Chine, le projet nommé ‘Vanke Future Town’ lancé par la ‘China Vanke Co., Ltd. (Xuzhou Branch)’, maître d’ouvrage, occupera plus d’un million de m². Il s’agit d’y créer une grande communauté en s’appuyant sur des ressources abondantes. L’espace de démonstration et de vente de 1200m², conçu par l’agence chinoise de Hangzhou Continuation Studio, est le premier bâtiment construit du site et impose le ton architectural du projet.
L’espace de ventes, quand tous les lots auront été vendus et qu’il aura perdu sa raison d’être, deviendra plus tard un centre communautaire. D’ici là, il est conçu de façon à refléter la grande échelle de ‘Future Town’ et la structure géographique de la ville.
L’entrée, les salles de visionnage, les salles de réunion et les services sont concentrés dans l’aile est afin d’ouvrir un large espace d’exposition dans le bâtiment principal. Ce plan permet au bâtiment principal de répondre aux multiples fonctions exigées tant pour le ‘showroom’ que le futur centre communautaire. La façade vitrée offre une vue sur la ville, réduisant le volume architectural puisqu’elle constitue un lien avec l’extérieur, renforçant son caractère public.
«Contrairement à son apparence pure, l’intérieur est incroyablement complexe et d’une structure exquise», expliquent Fan Jiu-Jiang, Zhai Wen-Ting, fondateur de Continuation Studio en 2015.
«En 2009, j’ai visité plusieurs ponts anciens en bois (Beijian Bridge, Xidong Bridge, Xuezhai Bridge et Santiao Bridge) à Taishun, Wenzhou, et les alentours. En regardant ces ouvrages d’art, j’ai été frappé par la beauté de leur forme, leur échelle et la sagesse des menuisiers. Depuis, je continue d’aller les voir», explique Fan Jiu-Jiang.
«Cependant, malheureusement, en 2016, à peine un mois après ma dernière visite, le Xuezhai Bridge fut détruit par les inondations. Aussi notre studio a depuis étudié ces ponts traditionnels et modélisé leur structure, comme hommage au travail des menuisiers, afin d’appliquer leur beauté structurelle à nos futurs projets», dit-il.
Dans ce projet, la structure du pont est incorporée dans l’échelle de l’espace d’exposition, comme élément expressif devant être vu d’en-dessous, une allégorie de la valeur et de la force technique de Vanke. Elle est aussi reflétée dans le patio d’eau devant l’espace principal.
A l’époque, un bois lamellé-collé de 600mm x 200mm, avec différentes longueurs, était utilisé comme composant de base. Il fonctionne comme un point d’appui horizontal entre le bois supérieur et inférieur dans la structure originale du pont. Ce matériau a été remplacé par des tubes en acier qui désormais supportent le bois en s’insérant là où ils se rencontrent. Avec cette approche, différente de l’arche unidirectionnelle originale, le dessin établit un système continu de triangles inversés qui s’inclinent plutôt doucement par rapport à l’original.
«Quand ce jeu de structure en bois est finalement exposée de façon permanente, c’est comme si l’histoire et les traditions perdues étaient invoquées de nouveau mais au présent», poursuit Fan Jiu-Jiang.
L’authenticité de la structure et la recréation de l’impression spatiale furent une gageure à réaliser. «La structure formée avec les piliers n’était pas capable de résister à une force latérale, encore moins avec les murs rideaux prévus. Pour atteindre notre objectif, la capacité de support de la structure en bois devaient être revues à la hausse ce qui altérait considérablement l’apparence de l’espace », explique l’architecte.
En conséquence, l’élément en bois n’agit pas en tant que structure porteuse. A la place, l’ouvrage est supporté par un groupe de huit colonnes en acier, et suspendu à des poutres en acier cachées dans le toit. Ce renforcement fait disparaître le manque de résistance latérale. «Néanmoins, le bois n’agit pas physiquement comme un pont, ce par quoi il est inspiré», souligne Fan Jiu-Jiang.
Ce choix constructif a permis de simplifier la construction et de livrer l’ouvrage dans un délai de sept mois. Il donne ainsi une sensation visuelle de flottement, lorsque l’encombrante pièce de bois apparaît en lévitation, créant un contraste frappant avec le toit au-dessus.
«Nous sommes parvenus à recréer l’impression que j’avais ressentie la première fois en découvrant les ponts traditionnels de cette province», conclut-il.
Traduction : A. L.