Tous les ans, c’est la même chose. La mission maillot de bain est lancée en même temps que le marathon des apéros. Simple coïncidence, hasard, accident de calendrier ? En tout cas, rien de mieux pour feinter le printemps qu’un entraînement en plein air avec pour seuls agrès, la ville. C’est bon pour les fesses, le moral et la culture. Prêt pour un parcours archi sportif ? 1, 2, 3… Partez !
Avec l’arrivée des beaux jours, il nous faut donc habilement éviter les pièges tendus par les barbecues qui s’immiscent insidieusement pendant le week-end, et les appels aux crimes en terrasse. Pour corrompre les effets d’un Spritz, d’une planche mixte, d’une mousse ou de tout ce que chacun aime à mettre dans son verre et dans son assiette, Chroniques d’Architecture vous propose cette semaine son circuit cardio-training en plein air.
La rédaction de Chroniques étant parisienne, notre terrain de jeu sera donc … suspense … parisien. Comme Eurysthée ordonna à Hercule l’exécution de ses douze travaux, la ville guidera notre entraînement. Promis, point d’écuries à nettoyer ou de monstre à combattre. C’est parti ?
Avec la traditionnelle montée de marches (de Montmartre, pas celles de Cannes), tu t’échaufferas.
Pour les Rocky de l’archi, l’échauffement peut se faire au pas de course. Pour les plus raisonnables, la marche est une option … non négligeable !
Pour cela, arrivez par le métro Abbesses. Attention, ne prenez pas l’ascenseur pour remonter les 36 mètres qui vous séparent de la surface mais plutôt les 176 marches de la station. Ensuite, direction la Place Saint-Pierre et le point bas du funiculaire. Là 222 marches se substitueront au petit train. Il fait chaud ? C’est bon signe ! Courage, il ne reste que les 34 marches qui vous mèneront à «la statue qui parle», puis 48 autres pour accéder aux pieds de la basilique du Sacré-Cœur. Ajoutez les 25 dernières marches dans un ultime effort et, partis du fond de la terre, vous voilà sur le toit du monde.
Si mes calculs sont bons, à 20 cm la marche, le premier des travaux de Chroniques vous aura fait crapahuter pas loin de 27 étages.
L’important lors d’un circuit training est de conserver une excellente hydratation. Alors avant de reprendre la descente, reprendre des forces au bistrot le plus proche !
Dès le 21 mai, à Roland-Garros, les balles tu taperas
Et oui, la quinzaine des amateurs de tennis commence tôt cette année. Pour ceux qui ne sont pas passés par les qualifs, il faudra donc attendre la semaine prochaine pour voir les premiers aménagements du stade restructuré sous la houlette de l’agence Chaix&Morel que la commission du Vieux-Paris n’a pas su éviter.
Comme n’est pas Nadal ou Djokovic qui veut, la partie pourra se jouer dans un des restaurants du village de Roland-Garros !
Sur une île tu chevaucheras
D’Auteuil à Issy-les-Moulineaux, il n’y a qu’un pas, ou une foulée, qui vous conduira sur l’île Saint-Germain pour une chevauchée plus ou moins fantastique dans les allées de l’île piétonne. Au passage, vous y admirerez l’Arbre aux figures de Dubuffet, en cours de restauration. A partir de 2019, c’est dans l’escalier intérieur de la sculpture que pourra se faire l’échauffement !
Pour les allergiques aux canassons, allez boire un verre dans le restaurant installé dans une poudrière Napoléon III à l’entrée de l’île !
Pour du renforcement musculaire, le mobilier urbain tu détourneras
Parce que la ville n’est pas qu’un paysage à observer, le mobilier urbain peut être facilement détourné pour quelques exercices de Cross-Fit bien mérités. Quelques fentes sur le banc de l’arrêt de bus, des tractions dans le parc à enfants des jardins publics, quelques pompes dans le sable, du gainage, bref, comme à la salle de sport, mais en bronzant. D’autant que la Ville de Paris chouchoute les enfants en leur offrant de bien jolies aires de jeux. Il serait dommage de ne pas aussi en profiter !
Pour ne pas se déshydrater, la fontaine à eau n’est jamais loin. Dans le parc Martin Luther King de la ZAC Clichy-Batignolles, entre deux œuvres de la collection d’architecture, vous trouverez même une fontaine à eau gazeuse ! C’est d’un chic !
Entre deux travaux, tu pédaleras…
… enfin si un Velib tu trouves, ce qui risque mine de rien de constituer l’étape la plus difficile de notre si sportif parcours !
A Monceau, au Taï Chi tu t’essayeras
Les sportifs du matin les croisent en effet dans le parc tous les jours, à faire de grands gestes lents, ceux qui font du Taï Chi au réveil, entre les ruines romantiques du jardin voulu par Napoléon 3.
Le long de la Seine, tu courras
Quoi de plus agréable que de courir le long d’un fleuve ? De l’Ouest à l’Est, c’est un peu moins de treize km qui s’offrent aux baskets des plus énergiques, qui devront carburer pendant une grosse heure et demie pour évacuer moins de 900 calories. Pour ceux qui débutent, les 2,3 km de voies sur berges réaménagées récemment proposent une belle alternative.
Cette jolie promenade vous permettra de vous remémorer quelques-unes de nos architectures notoires récentes, sinon consensuelles : l’Institut du Monde Arabe, la cité de la mode et du Design, le centre culturel russe, le pentagone à la française, le centre Beaugrenelle, la Maison de la Radio, la BNF…
Pour ce qui est du logement, il y a près du pont de Tolbiac deux opérations, qui ont déjà au moins 15 ans, signées Gazeau et Soler. Ce sont des architectures sobres et simples, les plans des appartements sont relativement grands, il y a pas mal d’ouvertures, d’espaces extérieurs, de multiples orientations. Bref ça vieillit pas mal, bien que ce ne soit pas super branché.
Le long des quais, direction le pont de Bercy, passer ensuite devant l’opération de logements sociaux pour ICF de Bernard Buhler, qui a remplacé le squat. Parti pris inverse, avec une architecture bavarde vue de dehors, des garde-corps à rendre épileptique un comateux, et des plans de logements pas toujours très qualitatifs, avec pas mal d’espaces résiduels.
Bref, sur 500m, faire le grand écart entre la production de logements réalisés il y a quelques années et ceux construits plus récemment.
Si entre-temps, une vilaine ampoule (Quelle mauvaise foi ? Jamais!) venait à vous empêcher de courir, les bateaux-mouches parcourent le même chemin !
A Saint-Germain, au shopping tu t’adonneras
En cette année de festoiement soixante-huitard, on oublie un peu vite que le très bourgeois VIe arrondissement parisien fut le premier des spectateurs de la révolte. Pas loin du Café de Flore, une petite dame rousse venait d’ouvrir, une semaine avant le début des attroupements germanopratins, une modeste échoppe de pulls au coin de la rue des Saints-Pères et du boulevard Saint-Germain. Sonia Rykiel rouvrit quelques jours plus tard sa boutique pour ne plus jamais la refermer.
Saviez-vous qu’un après-midi de shopping (3 heures environ), peut coûter jusqu’à 640 calories (et bien plus d’euros) ?
Avec les finales, la tournée des stades tu opéreras
Traditionnellement, le printemps signe la fin des compétitions de foot, de rugby, de hand-ball, de volley-ball… Pour ceux qui jouent comme pour ceux qui regardent, voici l’occasion rêvée de s’offrir une tournée des stades en commençant par la nouvelle U-Arena de Nanterre ou par le nouvel hippodrome de Longchamp où la peinture est encore fraîche !
Et puis, des courses hippiques aux matchs de rugby, un seul point de ralliement, la buvette !
A la piscine… et bien tu nageras !
Paris ne compte pas moins de 38 piscines municipales. Il y en a forcément une pas loin. Nos favorites sont évidemment celles à l’architecture la plus élégante. Un vélib et de bons mollets devraient ainsi pouvoir vous amener sans encombre dans le quartier de la butte aux cailles, dans une piscine art nouveau conçu par l’architecte Louis Bonnier dans les années 1920 sur une nappe d’eau chaude qui chauffe les bassins toute l’année à 28 degrés.
Sinon, il y a aussi la belle piscine d’Auteuil et son spa.
Aux musées, tu récupéreras
Pour récupérer de tant d’efforts, les plus cultivés d’entre nous pourront sans complexe choisir un des musées parisiens, à l’abri avec la climatisation pour une récupération musculaire active. Au hasard, citons les 14,5 km de galeries qui sillonnent le musée du Louvre.
Et enfin, sans complexe, le coude, tu lèveras
Parce qu’après de si longs efforts, doit venir un agréable réconfort !
Alice Delaleu
Et vous, de Lille à Marseille, de Biarritz à Orléans, de Lyon à Brest, quel est votre circuit archi-sportif idéal ? Ecrivez-moi : contact@chroniques-architecture.com