La journée à travers le Vaucluse s’annonce mouvementée qui verra les coureurs passer deux fois au sommet du Mont-Ventoux : soit 22 km à 5,1% pour le premier passage, 15,7 km à 8,8% pour le second avec une arrivée au bout de la descente. Les grimpeurs et les puncheurs joueront chacun leur carte à différents moments de l’étape. Attention aux défaillances et aux fringales si le soleil et la chaleur s’invitent à la fête, aux chutes et aux gros écarts si les orages s’en mêlent.
Bref, pour les suiveurs de l’architecture contemporaine qui ont passé la nuit à Avignon, après quelques Papalines d’Avignon (deux couches chocolatées et un cœur de liqueur d’origan) au petit-déjeuner, profiter de la fraîcheur de la matinée pour se rendre jusqu’à la collection Lambert et son extension signée Berger et Berger livrée en 2016. La sublime collection s’étend désormais dans trois bâtiments : les hôtels de Montfaucon et de Caumont et un monolithe en marbre blanc qui les relie.
Le programme demandait 25 salles d’exposition, salle de constat et salle de restauration des œuvres, deux salles pédagogiques, auditorium (90 places), librairie, restaurant, bureaux, atelier régie, deux logements, deux cours intérieures, un jardin.
« L’ensemble compte également de vastes galeries ouvertes sur l’extérieur dans les constructions réhabilitées et des galeries abstraites totalement aveugles recréant un ‘white cube’ digne des plus grands musées modernes, permettant d’exposer l’intégralité des œuvres de la Collection Lambert », précise le duo.
Avant de quitter la ville, faire un petit détour pour aller découvrir Opéra Confluence, un théâtre hors les murs éphémère, durable et réutilisable de 950 places assises réalisé en moins d’un an par l’agence DE-SO (François Defrain et Olivier Souquet) pour la Communauté d’agglomération Grand Avignon.
Ce projet est inscrit dès l’origine dans une logique circulaire dont témoigne l’utilisation d’équipements récupérés (fauteuils, scène, gril) et le vaste potentiel de réutilisation du bâtiment. De fait, la charpente en lamellé-collé ainsi que l’ensemble de l’enveloppe composée de caissons préfabriqués (et des éléments techniques et scénographiques) sont entièrement démontables et remontables. Le nombre réduit des assemblages permet de lever et édifier la structure principale en une quinzaine de jours.
L’Opéra Confluence se révèle à l’intérieur. Contrastant avec le parement métallique inerte en façade, le bois est démultiplié en éléments de structure, en panneaux de finition et en éléments acoustiques. Par son odeur, sa couleur, son timbre et son toucher, le matériau crée un environnement protecteur et chaleureux.
Peu après le départ, les suiveurs rentrent dans Pernes-les-Fontaines, direction la Médiathèque et ludothèque réalisée par huitetdemi architectes. Le bâtiment livré en 2016 s’insère avec délicatesse dans le village dans une réinterprétation des faubourgs et des conserveries de tomates de la ville.
« Le parvis ouvert sur le cours de la République met en scène la séquence d’entrée en longeant le jardin intérieur et le volume principal. Une fois à l’intérieur de l’équipement, l’organisation du volume principal se fait autour du patio accessible qui apporte de la lumière aux différents espaces de consultation et un lieu de consultation extérieur, ombragé en été, ensoleillé l’hiver. Un second espace paysager, le jardin clos au sud du bâtiment, étend l’espace jeux sur l’extérieur. Sa clôture ajourée se prolonge sur les espaces en rez-de-chaussée et devient un dispositif brise-soleil. Le traitement des façades différencie le soubassement de la partie haute pour obtenir des effets de lumière et de matière et amplifier le jeu des volumes », explique l’agence.
Les suiveurs rattrapent ensuite aisément la caravane et, dans le Luberon, pour échapper à une chaleur étouffante, prennent de l’avance pour se rendre aux mines d’ocre de Gargas. Ils découvriront une architecture troglodyte héritée de l’exploitation de l’ocre qui leur apportera une fraîcheur opportune. Le site structuré pour la mise en tourisme par DE-SO Architectes, encore eux, est mis en scène par une architecture contemporaine sobre et efficace qui procède comme un filtre avant la visite, un seuil paysagé structurant.
« Le pavillon se plie contre une butte et sous les pins pour libérer la vue sur l’impressionnante façade d’ocre. Son ossature en bois brut s’appuie sur un mur en béton de site. Ses madriers verticaux et resserrés forment un filtre et supportent une toiture végétalisée naturellement », explique DE-SO.
Sur la route, pendant le ravitaillement des coureurs, puisque les suiveurs ont déjà mangé les nougats de Montélimar achetés plus tôt sur le Tour pour la famille et les amis, faire provision de nougat de Sault, à base d’amandes de Provence, et de Pâte de Coing.
Passé Sault justement, le suspense et l’enjeu de l’étape ne permettent plus aux suiveurs de prendre le risque d’une autre d’échappée architecturale. Ils se portent donc aux avant-postes afin de rien rater du final de cette étape historique sur le Ventoux (deux fois).
Guillaume Girod (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018