Le 8 janvier 2018 a été Inauguré le nouveau Centre des congrès de Rennes, une restructuration réhabilitation menée par Jean Guervilly dans l’ancien couvent des Jacobins. Situé au cœur du centre historique de la capitale bretonne, le Centre des congrès est aussi un joyau patrimonial. Communiqué.
Dans l’écrin d’un bâtiment contemporain, le Couvent des Jacobins, érigé au XIVe siècle, est révélé, magnifié. Le projet architectural porté par l’équipe de Jean Guervilly a permis de réintégrer au Couvent des Jacobins un grand nombre de caractéristiques historiques effacées par les siècles et révélées par les études et fouilles archéologiques conduites par l’Inrap.
Consciente que le Couvent des Jacobins renferme une charge symbolique très forte pour les Rennais comme pour la Bretagne tout entière, l’équipe de Jean Guervilly s’est particulièrement attachée à ne pas dissocier valeur esthétique et valeur d’usage.
«Aménager, transformer, faire évoluer un édifice comme le Couvent des Jacobins c’est en conserver l’âme, le lieu, le paysage, mais aussi établir un dialogue avec une création contemporaine et créer une nouvelle dynamique. Le couvent s’ouvre à la ville et au monde et retrouve sous une forme actualisée son rayonnement passé. La question centrale a été de ne pas reléguer l’ouvrage initial au rang d’alibi patrimonial et de réinvestir avec pertinence les espaces du couvent, auxquels s’agrègent de nouveaux volumes», explique Jean Guervilly.
Face au couvent, l’équipe s’est employée à restituer les principaux volumes patrimoniaux dans leur intégrité initiale, pour y installer des espaces particuliers du programme. Ainsi, le réfectoire, la salle capitulaire, l’escalier mais aussi l’église sont dégagés de tout plancher intermédiaire pour être affectés, dans leur ampleur d’origine, à des espaces d’exposition spécifiques, un restaurant particulier ou encore l’auditorium.
Les concepts urbains
Le projet est binaire par définition. D’un côté, le couvent restructuré est restitué à l’espace public avec la solennité qui convient, il retrouve sa place dans le nouveau plateau piétonnier de la place Sainte-Anne. De l’autre, un ouvrage rapporté surgit, qu’il a fallu greffer au précédent avec retenue. Le couvent s’est configuré dans une échelle de temps séculaire, le nouvel édifice ne saurait imposer d’un seul trait les canons esthétiques de la dernière décennie.
L’introduction d’un troisième élément, sous la forme d’un atrium ouvert à la lumière, assure à la fois la liaison interne des espaces et la transition d’une expression architecturale à l’autre.
Sur la rue d’Échange, c’est la façade du volume créé qui se retourne et glisse jusqu’au collatéral. Les lignes se prolongent d’un ouvrage à l’autre dans l’entrelacs de leurs différentes matérialités.
Dans les nouvelles perspectives créées par la reconfiguration de l’îlot Bonne Nouvelle, le couvent tient le premier plan, alors que le nouveau volume se dresse en retrait, sans dépasser les faîtages existants, et s’annonce simplement par le glissement d’une expression contemporaine calme sur un ouvrage ancien. Pas de rupture franche mais une cohabitation assumée qui évacue volontairement toute spéculation sur la recherche d’une prouesse formelle ou la valeur esthétique d’un épiderme rapporté.
A l’intérieur du Centre des congrès, le jardin du cloître reste en place. Les sols retrouvent leur niveau d’origine et un traitement évoquant les jardins conventuels est créé.
Parti architectural de mise en valeur
Afin de mettre en valeur le monument qu’est le Couvent des Jacobins, l’équipe de Jean Guervilly a cherché, lors de la conception du projet, à respecter les espaces originaux de l’édifice. Il fallait pour cela libérer au maximum les lieux patrimoniaux des contraintes du programme et en conséquence chercher le plus possible à aménager, dans les infrastructures, les grandes salles demandées au programme.
C’est ce que les architectes ont proposé, non seulement dans le terrain aux abords du monument, mais aussi en aménageant une salle de 500 places sous l’assiette d’une partie de l’église, de la tour-clocher et des chapelles adjacentes, ainsi que sous l’aile Ouest des bâtiments conventuels.
Les surfaces nécessaires à aménager étant ainsi disposées, les planchers existants de l’église et de l’aile Ouest ont pu être dégagés pour libérer les volumes anciens. Le cloître et ses galeries bien sûr, la salle capitulaire, le réfectoire, l’escalier mais aussi le volume de son église, très particulier par ses proportions étroites et profondes qui soulignent sa hauteur. C’est à partir de ces principes que l’équipe établit un programme de restauration, de conservation et de mise en valeur des bâtiments anciens, protégés au titre des monuments historiques.
Le niveau du sol ancien est retrouvé et respecté. Le clocher et les chapelles attenantes reçoivent un couvrement contemporain, traité par le prolongement de l’architecture adossée au monument. Un signal éclairé de nuit, tel une gigantesque lanterne, poursuit le clocher vers le ciel. Les fonctions d’accueil mises en place à l’intérieur du clocher et des chapelles sont traitées de façon contemporaine comme des « boîtes dans la boîte ».
L’ensemble de l’église retrouve son volume initial, les planchers intermédiaires qui nuisent à sa lecture sont supprimés. La charpente est reprise pour évoquer une charpente médiévale lambrissée. Ce lieu patrimonial sera utilisé comme un auditorium recevant 400 places. Les bâtiments conventuels voient l’ensemble de leurs façades, charpentes et couvertures restaurées.
Un nouveau volume prend place
Le bâtiment neuf développe les surfaces attendues dans un rapport équilibré entre volumes enchâssés et volumes émergents. L’impact du bâti en est d’autant réduit et, depuis la place Sainte-Anne, le regard embrasse d’abord l’ensemble du couvent révélé, pièce majeure dans la perspective générale du quartier. Seule la tour clocher donne l’indice d’une transformation plus conséquente et invite à glisser le regard vers la rue d’Échange, où s’annonce progressivement l’intervention contemporaine.
Couronnée d’une enseigne lumineuse de plus de 60 m2, culminant à plus de 25 mètres du sol, la tour clocher est emblématique de l’architecture du Centre des congrès, combinant l’histoire et la modernité. C’est une émergence en aluminium brossé aux lignes contemporaines qui coiffe les ruines restaurées du collatéral de l’ancien couvent. L’enseigne lumineuse, constituée de leds, totalement invisible lorsqu’elle est éteinte, est positionnée à l’arrière de la tôle aluminium perforé qui lui sert de support. La luminance de l’enseigne est réglée par des gradateurs et capteurs qui mesurent l’intensité de la luminosité ambiante.
Pour le piéton sur la place, rien ne dépasse de l’ouvrage rapporté. Les toitures du couvent coiffent des parois rénovées que les percements ont remises en lumière. La ligne de ciel n’a pas été modifiée. Depuis la rue de Saint-Malo, rien ou presque ne transparaît du volume adossé.
C’est sur la rue d’Echange que l’ouvrage est le plus manifeste. L’encorbellement est spectaculaire par l’élancement du premier étage sur le porche d’entrée, encore renforcé par la découverte du patio Sud, 7 mètres plus bas. Sur tout son périmètre extérieur, le bâtiment va chercher la lumière naturelle pour en faire bénéficier au maximum les plateaux intérieurs.