L’agence Barrault Pressacco (Thibaut Barrault et Cyril Pressacco) a livré en janvier 2018 à Paris (XIe) pour la RIVP maître d’ouvrage un immeuble de 17 logements en pierre massive de 1 222 m² de surface de plancher (coût : 3,2 M€ HT). Le projet s’inscrit dans une démarche écoresponsable et fait écho à la tradition constructive haussmannienne, signature architecturale de Paris. L’utilisation de ce matériau naturel a également permis d’offrir un confort d’usage et d’ambiance au bâtiment. Communiqué.
La parcelle
La parcelle est située dans le XIe arrondissement de Paris, où une architecture très typique de quartier côtoie les rénovations haussmanniennes de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Forme
Les volumes du bâtiment découlent de la réglementation urbaine et de l’orientation de la parcelle. La partie la plus dense du bâtiment s’aligne sur la rue, tandis que la deuxième partie, en cœur d’îlot, prend la forme de terrasses en gradins orientées sud.
La pierre : de la matière au matériau
La pierre est présente en grande quantité en France, et notamment sur le territoire régional parisien. L’utilisation de la pierre permet d’employer les ressources et circuits économiques locaux, vertueux pour la construction et permettant une appartenance forte du bâtiment à son contexte. La pierre rend ici possible le lien entre territoire, métropole et architecture.
L’énergie nécessaire à l’extraction, la découpe et la mise en œuvre de la pierre est faible. Au cours du processus, elle subit peu de transformations et conserve ses propriétés intrinsèques. «Après avoir été simplement matière, la pierre devient matériau et se charge de nouvelles missions porteuses de sens et de signification», expliquent Thibaut Barrault et Cyril Pressacco.
Structure
La construction du bâtiment est hybride et composée de plusieurs matériaux qui jouent chacun un rôle mécanique ou thermique bien particulier. Les façades de tous les niveaux sont en pierre massive porteuse et reposent sur des portiques en béton armé au rez-de-chaussée.
Les épaisseurs des façades en pierre varient en fonction de leur degré de sollicitation, de 35 centimètres au premier niveau, à 30 centimètres dans les niveaux supérieurs. Associée aux façades en pierre, une charpente métallique allège les planchers à l’intérieur du projet.
Thermique
L’isolation du bâtiment est réalisée en béton de chanvre, dont les propriétés de matériau perspirant conviennent particulièrement à une paroi en pierre.
Hybridation
Le rez-de-chaussée est construit en béton armé et supporte les charges venant des pierres des niveaux supérieurs. Ce changement de matériau rejoint la tradition constructive parisienne qui n’emploie pas le même matériau en soubassement que dans les niveaux courants. Suite au décoffrage, les bétons sont poncés afin de révéler les couleurs et aspects des granulats.
Stéréotomie et modénature
La science de la stéréotomie (art de la découpe et de l’assemblage des pièces en taille de pierre) tire parti des grandes avancées techniques expérimentées pendant la construction des cathédrales. «Si les époques sont différentes, il nous semble malgré tout nécessaire de garder à l’esprit les moments de vie du matériau (extraction, taille, pose, réemploi), afin de proposer une actualité pour la forme architecturale et pour les assemblages», soulignent Thibaut Barrault et Cyril Pressacco.
La modénature procède de la soustraction plutôt que de l’addition, et participe à l’économie générale de moyens et de matière. Plutôt qu’une ornementation par ajout, le travail sur la baie et sur les éléments qui la constituent propose d’enlever de la matière.
«Cette stratégie résonne avec les principes de modénatures haussmanniennes traditionnelles, et convoque l’histoire afin de lui proposer une actualité inédite», concluent-ils.