La tour de bureaux n’est pas une fatalité pour WSP ARCHITECTS, du moins à Zhengzhou, dans la province du Henan. C’est du moins la conviction de l’agence WSP ARCHITECTS, pour une fois locale de l’étape. Le M3, ou ‘Beauty Cube’ propose une vision étonnante de la vie de bureau au sein d’un cluster technologique. Les 29,266.3 m² de la phase I ont été livrés en 2018. Les 30,027.06 m² de la phase II le seront en 2020. Communiqué.
Les attentes des architectes
Le Beauty Cube, aussi appelé M3, se situe au cœur de la ville portuaire high-tech de Zhengzhou, plus précisément dans sa zone industrielle de développement des nouvelles technologies. Cet endroit jouit de vastes espaces, divisés par de larges rues empêchant les passants de s’aventurer en terrains voisins. Les zones ouest et nord du projet sont entourées de jardins urbains, alors que les zones sud et est sont laissées vierges. Dans un tel environnement, la question qui est venue naturellement aux architectes a été de savoir comment pourraient vivre et travailler les futurs habitants de cet endroit.
M3 représente des blocs de bureaux, spécifiquement pensés pour briser la fastidieuse tradition des tours de bureaux. L’idée est ici de mixer les différentes fonctions présentes dans un même bureau, dans un style de petits blocs bas mais denses, reliés par un réseau intensif de ruelles.
La distance entre les croisements choisie est de 50 mètres, ce qui représente à peu près 30 secondes de marche. Ce qui signifie que chaque 30 secondes, les passants se trouvent face à un croisement où il leur faut choisir où aller. Une telle densité de croisements rend la probabilité de rencontrer des passants plus importante. Cela permet de favoriser un autre type de rencontre, plus fortuite, mais surtout de permettre une plus grande interaction.
Ainsi ce projet tente de promouvoir un mode de vie, et de travail, reflétant la diversité de chacun. En modifiant le style traditionnel de tours, qui manque cruellement de connexion à l’image d’îles isolées, M3 veut créer de l’interaction et du mouvement. Cette dynamique vise à encourager les employés à aller dehors, et créer une communauté d’employés modernes et mobiles. L’idée de ce projet est ainsi de développer une influence active, de favoriser et renforcer les connexions et la coopération amicale entre les blocs.
Le design de M3, tout en ruelles, véhicule une image de caractère et d’énergie. Cette disposition est plus pratique pour communiquer, créant de nouvelles opportunités pour la ville, comme l’insertion d’espaces multifonctionnels. Dans M³ la limite entre intérieur et extérieur est floutée car tout le design est pensé autour du bloc et de la ruelle.
Cette caractéristique crée une alternance agréable de bâtiments et d’espaces publics, où il est désormais possible de travailler entre les blocs. Cela permet aussi aux employés d’acquérir une nouvelle motivation pour aller travailler, passant d’un mode traditionnel où nous étions uniquement motivés par le travail, à un mode où nous serions motivés par les personnes, passant ainsi du «work-oriented» au «people-oriented».
Le parti pris de l’agence a été de diviser chaque bloc en six parties, pour six compagnies. 66% du bloc est dessiné pour donner directement sur les ruelles. Chaque façade est également pensée différemment pour chaque compagnie, afin que cela puisse rendre les rues plus originales et divertissantes pour les passants.
En dehors de cet objectif, ces façades peuvent également aider les passants à identifier chaque entreprise, mais aussi aider la compagnie à améliorer son image ou sa communication dans une rue passante. Ces rues sont cependant pensées pour être harmonieuses, malgré des modifications que nous verrons sûrement apparaître dans le futur.
En voulant créer de meilleurs espaces pour la vie et le travail, les architectes ont adopté l’idée d’’open’ blocs, et divisé le site en 30 terrains de la même taille. Le plan de l’ensemble intègre dans l’espace mitoyen un parc central, divisé en deux jardins, puis réserve le reste du terrain à des constructions résidentielles. Douze rues horizontales et verticales de 9 m de largeur quadrillent l’espace, ainsi qu’une grande rue principale de 16 mètres de largeur.
Les bâtiments sont attenants aux rues, et leurs entrées et sorties donnent directement sur un des côtés de la ruelle. Cette disposition en opposés est censée favoriser le rassemblement des personnes dans la rue, et promouvoir en plus de la communication, une facilité dans la préservation de la sécurité de la communauté.
Le premier étage des bâtiments est habillé de fenêtres à la française, ce qui pourra faciliter dans le futur l’installation de passages entre les bâtiments. L’extérieur du bloc permet au visiteur de se joindre à des activités publiques, alors que l’intérieur abrite des jardins privés pour les entreprises. Les structures sont évolutives et seront amenées à être aménagées par les utilisateurs, ainsi peut-être les jardins intérieurs seront-ils réduits ou agrandis en fonction de l’utilisation de l’espace.
En suivant le concept énonçant que «les villes importent plus que leurs bâtiments», les architectes cherchent à encourager les personnes de différents blocs à participer pleinement à la vie urbaine et ainsi à pratiquer des activités extérieures. De nombreuses plateformes extérieures sont placées de part et d’autre de la rue principale menant au parc central, créant plus d’opportunités pour des interactions entre personnes, mais aussi avec la nature.
Tout au long du processus de création, le designer utilise des outils de design modulables, afin de pouvoir construire ce village rapidement et à bas coût. Tout d’abord, l’agence a fait le choix de fixer la surface au sol minimum de 12×12 mètres, considérant que cet espace peut faire l’objet d’un petit bureau, d’une habitation, ou d’un magasin. Une taille de chambre de 3 mètres et une possibilité de modulation de 0,6 mètres permet de modifier de manière naturelle l’espace et former un système permettant de contrôler la taille des différents éléments formant le village (les bâtiments, les murs et le vide).
Guidé par le concept d’une communauté cohabitant avec la nature, le M3 compte un parc central de 330 mètres de long, 30 mètres de large, et qui occupe presque 10 000 m²en plein cœur de la communauté. Des espaces publics comme des cafés, parkings souterrains, et des stations de batteries domestiques sont placés à l’intérieur du parc dans des bâtiments adoptant les formes de la nature. Se plaçant en opposition à ce qui se fait d’ordinaire, l’architecture adopte pour ce faire des formes arrondies et curvilignes, essayant de reproduire l’idée de nature – créant ainsi un endroit en lequel chacun se sent accueilli.
Traduction : Anne Loquineau