L’agence parisienne COSA (Benjamin Colboc et Arnaud Sachet) a livré sur l’îlot Bacalan des bassins à Flots à Bordeaux (Gironde) un impressionnant programme comprenant : un Hôtel**** Renaissance de 150 clés desservi par deux anciens silos réhabilités en espaces d’accueil ; un Hôtel*** Moxy de 133 chambres ; un programme para-hôtelier de 159 appartements en résidence étudiante et 28 chambres collectives en Hostel Whoo. Sans oublier la réhabilitation de six silos en galerie d’art. Communiqué.
Le patrimoine industriel bâti qui occupe le site résulte de logiques de process de production. Ses vestiges apparaissent aujourd’hui comme une concrétion d’objets, aux géométries variées, dont le sens nous échappe.
Ainsi, Îlot Bacalan, la Maison des écluses fait face à huit silos qui culminent à 36 m. Tombés en désuétude, ils sont gagnés par le lierre qui en érode le béton, le teinte au fil des saisons. Ce décor forme une nature morte qui instille un nouveau paysage.
Les nouvelles constructions sont articulées autour du jardin des silos, pièce maîtresse du projet qui en constitue la toile de fond. Des strates de couvre-sols parsemées de pervenches, fougères et bruyères, arbustes feuillus et fleuris, émergent les pins-parasols, saules blancs et quelques cordylines géométriques.
Cette allégorie de forêt des Landes se ramifie en un parvis, une place, une sente paysagère… espaces communs donnés à la ville.
L’Hôtel 3 étoiles lie les Bassins au jardin, qui se prolonge à travers le programme para-hôtelier en une sente paysagère ouverte sur les aménités du quartier à l’est (tram, parking, Institut Vatel).
Les clients de l’Hôtel 4 étoiles remontent le temps en traversant deux des silos – le premier évidé, comme rendu à la nature ; le second, protégé par une membrane et rendu visible à travers oculus, accueille le lobby. Le jardin des silos se dévoile à travers une galerie de verre, dont les baies coulissent pour prolonger le café dehors, à l’abri de stores blancs à projection.
Pendant cristallin des silos, la faille de l’hôtel et ses ascenseurs cadrent un travelling vertical entre jardin et ville qui mène aux chambres, restaurant et spa sur toit. Bordés d’une terrasse panoramique, ces programmes publics se déploient vers la Garonne et le vieux Bordeaux.
Aux usages répond le système constructif qui modèle sobrement les façades, déclinant des assemblages frugaux de béton. L’allège est abaissée pour permettre à l’hôte de contempler le paysage depuis son lit. Cette hauteur est également suffisante pour contenir table et banquette pour composer un lieu à vivre.
Les espaces collectifs sur les toits (terrasses, suites, restaurants, spa) se distinguent de cette architecture par leur matérialité de métal et de verre, leurs toits en sheds.
L’architecture incarne une forme d’atemporalité, un déjà-là. Elle s’abandonne à la végétation du jardin, disparaît derrière les reflets des menuiseries, sous-faces miroir et derrière les usages. C’est une architecture de l’effacement.