La chapelle des Récollets servait de décor mardi 28 juin 2016 au visionnage des vidéos reçues pour le premier festival de la vidéo d’architecture. Sous l’égide de la maison de l’architecture en Ile-de-France, plus de 65 films de 2min maximum avaient été sélectionnés. Mais une question d’importance est bientôt apparue au jury : qu’est-ce que la vidéo d’architecture ? Compte-rendu.
Cette première édition avait lieu dans le cadre du mois de l’architecture sous la houlette des architectes David Trottin, Philippe Croisier et Thomas Corbasson. Pour l’occasion, ils avaient réuni un jury de personnalités appartenant aux mondes de l’architecture et du cinéma*. Quoi de plus logique en effet pour juger de ce média méconnu, parfois décrié, alors qu’il peut être si expressif et sensible ? Les trois lauréats se sont partagés les 3 000 euros de prix.
La sélection parlait d’architecture au sens le plus large, allant du film de promoteur surproduit pour des concours, au CV second-degré d’un candidat pour un poste chez BIG, en passant par les performances de Freaks, l’évocation d’un espace avec des murs qui bougent. Les films ont été choisis indépendamment de toute considération de budget, ce qui s’est traduit par une disparité dans les vidéos. Qu’à cela ne tienne, comme au cinéma, les films les plus créatifs ne sont pas forcément les plus onéreux.
«La diversité avait été souhaitée afin d’obtenir un corpus varié pour cette première édition», souligne David Trottin. «Ici, nous avons privilégié les films qui avaient une idée et un pitch pour le public car il fallait susciter l’intérêt de parler et de faire parler d’architecture», ajoute-t-il.
Si le projet d’architecture tenait le rôle principal de ces courtes productions, le personnage de l’architecte, l’agence d’architecture, le jeune diplômé pouvaient concourir pour les seconds rôles. Etrangement, la ville est davantage traitée comme un décor et les habitants comme des figurants. Peu de bâtiments montrés sont effectivement construits, excepté un film sur la Cathédrale Santa Maria Del Mar de Barcelone ou la visualisation de la Cité des Arts de Rio de Janeiro conçue par Christian de Portzamparc.
La cinéaste Anne Fassio a regretté que les films soient «d’une facture très classique avec peu de recherche formelle, aux punchlines inexistantes et au montage plan-plan». Un avis tempéré par Patrick Thierry : «nous ne sommes pas face à des courts-métrages de cinéma». Effectivement et heureusement.
Ces vidéos ont globalement pour but avoué de présenter un projet, une performance, une idée. Jean Yves de Lepinay, directeur des programmes du Forum des Images, se demande d’ailleurs si la représentation de l’architecture ne doit pas échapper à l’architecte. «Quand l’architecte se désappropriera son projet, d’autres pourront en parler. La vidéo a un grand rôle à jouer car elle permet de poser de nouveaux regards sur les lieux et sur les bâtiments», dit-il. Eternel débat !
Quelques films racontent pourtant des histoires dont les édifices sont les personnages et ceux-là permettent alors de sortir des cadres de la représentation attendue. C’est le cas par exemple de Les voûtes filantes (Atelier Yok-Yok) ou La tête dans les nuages (Chloé Lecesne). Peut-être qu’une partition de la sélection aurait été souhaitable pour moins catégoriser une sélection disparate.
Léa Muller
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*Gilles Coudert, auteur-réalisateur et producteur, Anne Fassio, actrice, réalisatrice, scénariste, Jean Yves de Lepinay, directeur des programmes du Forum des Images, Laurent Clause, journaliste, réalisateur, Patrick Thierry, coordinateur pédagogique vidéo à École des Gobelins faisaient partie du jury ainsi qu’Annabelle Hagmann, directrice de A H A, agence de communication.