Une étape dont la courte distance – 130 km – ne dit rien de la difficulté qui attend les coureurs rescapés. Il faudra en effet franchir, dans l’ordre, le col d’Aspin puis la Hourquette d’Ancizan, avant de grimper le col d’Azet pour, dans le final, encaisser encore de gros pourcentages vers l’altiport de Peyragudes. L’équipe maillot jaune aura du travail pour contrôler les velléités de prise de pouvoir des prétendants visant encore la victoire. Les leaders qui se regardent en chien de fusil, cela pourrait profiter à une échappée de costauds loin au classement général.
Pour cette première étape pyrénéenne, le parcours sera aussi dense pour les suiveurs du Tour de France contemporain de Chroniques que pour les coureurs. Les seconds n’auront pas encore entamé leur échauffement que les premiers, levés tôt, après avoir avalé la traditionnelle croustade, auront déjà quitté l’hôtel de Saint-Gaudens où ils ont passé la nuit, pour une rapide première escale.
En effet, c’est dans la sous-préfecture de la Haute-Garonne que Prax architectes (Olivier et Marie-Pierre Prax et Mathieu Lolagne) a installé sa pratique. C’est l’occasion pour les suiveurs qui, une fois de plus, doutent des qualités de leur petit logement urbain, de découvrir quelques maisons de ces architectes.
L’occasion encore de se souvenir qu’une maison d’architecte est pour le même prix bien meilleure qu’une maison de constructeur. A cela une raison simple : la marge du constructeur est de 30%, celle de l’architecte, 15% (au mieux). Dit autrement, pour le budget d’un suiveur du tour, de quoi habiter une maison que l’architecte sera content de publier dans des revues ou une maison de constructeur dont même ses enfants ne voudront pas.
Comme par exemple cette maison ci-dessus dont les qualités d’usage en ces temps de canicules à répétition ne laisseront sans doute pas de marbre.
Non loin de Saint-Gaudens, à Chaum, la même agence, qui ne fait donc pas que des maisons, a également livré le Centre d’Entretien et d’Intervention (CEI) pour la DIRSO, en 2018.
Un CEI a pour fonction d’abriter les hommes et les véhicules qui entretiennent les routes nationales. Le CEI de Saint-Béat se charge du tronçon de la RN124 de la frontière espagnole jusqu’à Montréjeau et notamment de la surveillance du tunnel évitant la traversée souvent encombrée du village de Saint-Béat.
« Cet équipement est pensé comme une extension du domaine de la route pour donner l’idée qu’il est à son service et pour permettre aux passants de voir le centre en action : les hommes s’affairer autour des véhicules, charger le sel, laver les camions après intervention… », explique Prax. « Le CEI peut ainsi, à la fois fasciner les enfants qui passent, et rassurer les usagers de la route qui voient que les hommes veillent ici au bon état de cet outil territorial majeur. La route, la cour et le garage, liés par le même sol expriment l’unité de l’ensemble : une implicite imbrication », poursuivent les architectes.
La tour de radio est l’emblème de l’ouvrage. « A Chaum et dans les villages avoisinants, les tours de guet médiévales s’assemblaient en réseau pour prévenir les habitants des dangers. En rappel de ces dernières, nous avons conçu une tour de radio dont la structure en bois s’inscrit comme un repère dans le territoire », conclut l’agence. Bref les suiveurs sauront sur qui compter si leur véhicule venait à tomber en panne en plein milieu de la caravane.
Sur cette étape, l’architecture contemporaine n’est pas à trouver sur les pentes nues au-dessus de 2 000 m. Aussi les suiveurs du Tour de France contemporain de Chroniques seront heureux de faire un grand détour en ville, à Toulouse (Haute-Garonne), pour se souvenir de tout ce que la ville a à offrir après deux semaines sur les routes de campagne de France.
L’été 2022, caniculaire pousse au déjeuner sur le pouce d’une salade avec quelques gésiers et de quelques fruits juteux récoltés dans les vergers locaux pour bien s’hydrater, avant un premier arrêt à la découverte de « La Cité », la réhabilitation des anciennes halles Latécoère livrée par Taillandier Architectes Associés (TAA) en 2020 dans le but de créer un tiers-lieu dédié à l’innovation collaborative et durable.
La Cité est située dans le quartier de Montaudran, à proximité de la voie ferrée qui longe la piste classée de L’Aéropostale. Construites entre 1917 à 1918 à l’initiative de l’industriel Pierre-Georges Latécoère, les halles constituent le témoin de l’origine de l’industrialisation de l’aéronautique à Toulouse.
Avec une emprise de plus de 9 000 m², le projet de La Cité comprend les trois halles historiques des usines Latécoère. « Malgré les destructions de 1944 et des réaménagements survenus au fil des années, le site reste préservé et conserve plusieurs ouvrages remarquables dont les trois halles, inscrites au titre des Monuments historiques depuis le 21 juillet 1997 », se félicite l’architecte. Elles constituent, par leur composition et leurs volumes imposants, un ensemble monumental homogène.
« Le projet de La Cité prévoit l’aménagement de 13 954 m² de surface de plancher dédiés à des espaces de co-working, des salles de réunion, une salle de conférence de 200 places, un restaurant, un Fablab et un espace évènementiel. A l’image des structures innovantes qu’elle héberge, La Cité doit pouvoir guider les futures évolutions du site dans lequel elle s’implante. Le projet s’inscrit dans la continuité de l’évolution du site tout en maintenant le lien historique des réalisations passées », explique l’architecte.
En quittant La Cité, les grands enfants prendront au goûter un fénétra, un gâteau généreux, tout en fraîcheur et en légèreté à base d’amandes, de citrons et d’abricots, avant de se rendre sur le site du nouveau parc des expositions et centre de conventions de Toulouse Métropole, le METT, œuvre des agences OMA (mandataire), avec ppa●architectures et Taillandier Architectes Associés (TAA), livré en 2020.
Ce projet de 130 000 m² comprend les halles d’exposition de grands évènements, les aires d’accueil d’expositions extérieures, la desserte tramway et les stationnements associés. Le MEETT s’organise très simplement sur une bande est-ouest d’environ 1 000 m de long et 500 m de large. « L’architecture des différents bâtiments est simple, au service des usages multiples qu’elle doit être capable d’héberger. Elle consiste principalement à « envelopper » les grands espaces vides des halls, constitués généralement d’un socle périphérique abritant des services en béton (pérennité) et d’une charpente métallique à grande portée (90 à 100 m) optimisée », expliquent les architectes.
Le dispositif architectural du MEETT, simple et compact, constitue une « infrastructure disponible », flexible et adaptable, dont la typologie radicale et les détails à la fois bruts et soignés produisent une expérience particulière pour les visiteurs.
Un petit Cachou Lajaunie, inventé à Toulouse, et direction le centre de la ville rose, universitaire et estudiantine. Les campus et autres écoles n’y manquent pas et c’est pourquoi les curieux en profiteront pour enfin se faire une idée in-situ de la Toulouse School of Economics, livrée en 2019 pour l’Université Toulouse 1 Capitole par les architectes irlandaises Yvonne Farrell et Shelley McNamara (Grafton), depuis récipiendaires de l’honorifique Pritzker en 2020.
« Afin d’offrir des lieux de recherche et d’enseignement où il fait bon travailler, nous avons conçu une stratégie de construction, où les « barres » ont une profondeur de 10,8 m, fournissant ainsi de l’air, de la lumière et une ventilation naturelle à chaque bureau. Chaque « barre » est considérée pour son orientation particulière et chacune a une élévation profilée particulière pour protéger les pièces à l’intérieur », expliquent les architectes.
« Cette méthodologie est également utilisée à grande échelle. Par exemple, les salles de séminaire et les terrasses sont stratégiquement placées, à la fois symboliquement en relation avec le public et la ville, et au sud pour des raisons écologiques, nous permettant de positionner ces grands volumes avec très peu de fenêtres faisant office de ‘mur profond’ et contrôlant la lumière, l’ombre et la pénombre », précisent-elles. A voir donc.
Toulouse, ville de l’air et de l’espace a aussi vu en cette année 2022 la livraison tant attendue de sa première ligne de téléphérique urbain, œuvre d’une équipée constituée notamment de l’agence Séquences, qui avait en charge l’intégration de l’ouvrage dans son environnement. Les trois stations de cette nouvelle ligne sont habillées de tôle perforée pour assurer une ventilation optimale des gares.
L’ouvrage a été réalisé (exploitation, télécabines et gares comprises) par Poma, leader mondial et français des téléphériques urbains. Ici, s’appuyant sur la technologie à trois câbles, avec un dénivelé de 100 mètres et un survol jusqu’à 70 mètres au-dessus du sol, ce téléphérique de trois kilomètres est le plus long de France. Cette nouvelle ligne relie désormais l’oncopole, l’hôpital de Rangueil et l’Université Paul-Sabatier en dix minutes.
D’après les estimations de Tisséo, le réseau de transports toulousain, le téléphérique transportera dans un premier temps environ 8 000 voyageurs par jour, avec 14 cabines. Une cabine devrait partir toutes les 1 minute 30, et pourra transporter au maximum 1 500 passagers par heure, de 5h15 du matin à minuit, à la vitesse maximale de 20 km/h.
Chaque cabine, dessinée par Paolo Pininfarina, le designer de Ferrari ou plus modestement des AutoLib, peut accueillir 35 personnes, avec pour moitié des places assises. Le téléphérique est 100% accessible aux personnes handicapées et il est également possible d’y transporter vélos et poussettes.
Après un tour de manège dans le téléphérique, il sera temps de reprendre la route pour traverser la Haute-Garonne vers les Hautes-Pyrénées pour rejoindre la station de Peyragudes et assister à la fin de l’étape qui, en troisième semaine du Tour devrait faire des dégâts.
Si leur favori n’est pas ou plus au rendez-vous, les suiveurs, après s’être détendus avec un Gin Violette, pourront toujours se consoler avec un alicuit de canard, un ragoût autrefois servi aux paysans après les travaux aux champs.
Alice Delaleu (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018