Pour décider du premier maillot jaune du Tour, quoi de mieux et de plus symbolique qu’un contre-la-montre individuel sur le pont de la Reine Louise – le Danemark est un royaume – ouvrage réputé comme la voie cyclable la plus empruntée au monde. Les coureurs auront le privilège d’un circuit en ville qui les emmènera notamment devant les jardins de Tivoli et la Petite Sirène. Une poignée de virages donne sa technicité au parcours mais c’est un rouleur puissant qui pourra s’arroger cette première étape de prestige.
Cela écrit, pour des sportifs de ce niveau, 13 km, c’est un sprint, l’équivalent d’un 100 m pour un athlète. Et il y aura la foule pour les accueillir dont les journalistes évidemment arrivés quelques jours avant le départ. Mais, pour les suiveurs avertis, il n’y a pas que le vélo dans la vie, en témoigne ce cinquième Tour de France de l’architecture contemporaine de Chroniques.
Pour ceux-là, après la découverte obligée donc des jardins de Tivoli et de la Petite Sirène (petite la sirène), c’est l’occasion de découvrir une ville où architecture et créativité vont bien ensemble.
Chacun le sait, les écoliers et étudiants danois, comme la plupart des Scandinaves d’ailleurs, brillent dans tous les classements internationaux, dans quasiment toutes les matières. L’occasion pour les suiveurs du Tour de France contemporain d’aller vérifier en trois leçons comment cela se passe au Danemark en général et à Copenhague en particulier. Commencer par l’école du futur ?
Leçon N° 1 – Livrée en 2017, la CIS Nordhavn, l’école internationale de Copenhague conçue par l’agence danoise C.F. Møller Architects, est installée sur le port, exactement. Vertigineux ! Situé dans un haut lieu de Nordhavn, nouveau quartier de Copenhague sur le port, l’ouvrage de 25 000 m², qui accueille 1 200 étudiants et 280 employés, est tout simplement la plus grande école de la capitale danoise.
Le bâtiment principal de l’école est subdivisé en quatre ‘tours’ plus petites, allant de quatre à sept étages, chacun adapté aux besoins des enfants de différentes tranches d’âge. Par exemple, les salles de classe pour les élèves les plus jeunes sont particulièrement grandes : beaucoup d’activités auront lieu dans et autour des salles de classe. Chaque classe dispose d’un espace vert, et d’un espace dédié aux équipements artistiques pour le théâtre, l’éducation sportive, etc. La subdivision de l’école en quatre unités facilite l’identification et les déplacements.
Les quatre unités sont bâties au-dessus d’un socle au rez-de-chaussée qui accueille des activités communes, ainsi qu’un foyer, des installations sportives, une cantine, une bibliothèque, et des installations artistiques. Si les classes peuvent ainsi être fermées en dehors des heures normales de cours, les espaces communs restent ouverts pour les étudiants et les événements locaux.
Le toit du socle devient également une terrasse commune ainsi qu’une cour de récréation, en particulièrement pour les plus jeunes. En effet, une cour surélevée fournit un environnement sécurisé qui empêche les élèves de trop s’approcher de l’eau ou de quitter l’école en douce.
« L’architecture du bâtiment est conçue pour lier les locaux de l’école avec la sphère publique et ouvrir l’établissement au quartier en plein développement urbain. La promenade juste à l’extérieur de l’école est destinée à devenir un espace urbain le long du port offrant diverses activités et la possibilité de se détendre », indique C.F. Møller Architects.
Après avoir fait le tour du bâtiment, quitter le port et poursuivre le long de la côte jusqu’à la South Harbor School (L’école du port sud), un ouvrage livré en 2015 et signé JJW Architects, une des plus prestigieuses firmes d’architecture du Danemark.
Leçon N° 2 – La South Harbor School est une école publique avec un profil maritime et public. Surtout, elle est – elle aussi ! – ouverte sur la ville autant qu’au voisinage tant, à Copenhague, l’école tient une part sociale active et durable au sein de sa communauté. Ici, le public a aussi accès aux salles de classe dédiées à des matières spécifiques telles que la musique ou la cuisine.
Il suffit de penser à nos écoles bunker en France pour constater qu’au Danemark, les gens n’ont pas peur de leur jeunesse ni les jeunes du reste de la population.
« Les écoles danoises sont des lieux équilibrés entre le processus d’apprentissage et l’échange social. Les surprises et les nouvelles expériences sont des concepts vitaux pour l’école. A chaque étage, les plans changent et les hauteurs des classes varient tout du long. Ces changements d’échelle sont importants au projet, où de grandes salles avec un haut plafond sont combinées à des espaces plus intimes, au plafond bas. L’école dispose également d’une variété d’espaces et de connexions horizontaux et verticaux », explique JJW Architects.
Bref les suiveurs peuvent s’y rendre sans réservation, les enfants sont en vacances mais il y aura du monde pour les accueillir. Et comme nous sommes au Danemark, dans la journée, il y a toujours un pot de café fumant pour les invités impromptus.
Après la visite de l’école, s’impose la visite du campus dans lesquels ces enfants étudieront peut-être plus tard. Ce n’est pas très loin – le trajet est possible à vélo à travers toute la ville pour les suiveurs du Tour de France – et aller visiter le Mærsk building qui depuis 2017, conçu par le cabinet Architects C.F. Møller, le même que celui de l’école internationale, est devenu un élément majeur de l’architecture de Copenhague.
Leçon N° 3 – Le projet est caractérisé par des bandes curvilignes continues de brise-soleil verticaux en cuivre qui redessinent le ‘skyline’ de la capitale danoise. L’intention des architectes était de créer un bâtiment emblématique durable, qui dialoguerait avec la ville et l’université de manière nouvelle et ouverte.
Décidément, au Danemark, plutôt qu’un repli sur soi, un dialogue ouvert avec la ville semble être la norme. De fait, expliquent les architectes, « le nouveau complexe a également pour but de jouer le rôle de catalyseur d’un développement urbain positif dans son voisinage immédiat et dans la ville tout entière ». L’architecture danoise est facile à comprendre ! Si Christian de Portzamparc était danois, son îlot ouvert le serait encore et non enfermé derrière des grilles.
Ici la tour de quinze étages repose sur une série de bâtiments plus petits qui contiennent les espaces communs : trois auditoriums, des salles de classe, une cantine, un laboratoire de démonstration, des salles de conférences et un café-lecture.
Le public est également invité à visiter le dernier étage de la tour qui accueille un café, un salon et offre des vues panoramiques sur Copenhague. Bienvenue au Danemark.
Et puisque les suiveurs amoureux de l’architecture contemporaine sont à Copenhague, ils peuvent toujours aller faire un tour à la Maritime Youth House, auberge de jeunesse et club nautique qui a fait la réputation du jeune Bjärke Ingels avant qu’il ne devienne trop BIG.
Après quoi, les suiveurs, qui n’auront le midi mangé qu’un pølsevognen (hot dog danois) – un ‘bun’, une saucisse grillée ou bouillie, de la moutarde, de l’oignon grillé ou cru, des morceaux de concombre ou de betterave – pourront se rattraper avec un Stegt flæsk, traditionnel plat danois qui consiste en une recette de rôti de porc accompagné de pommes de terre assaisonnées de crème et persil. Le tout arrosé de bière locale, avec modération, aura de quoi calmer l’appétit rendu impérieux par l’air marin.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018