Faisant face à l’augmentation des coûts de production, la Chine est progressivement en train de perdre son statut d’usine du monde. De nombreuses sociétés privées et d’Etat font donc évoluer leur modèle économique de celui de production de masse vers le design, le marketing et les services culturels. Voici donc comment une usine de verre devient la Sichuan Arts Factory and Innovation Center. Communiqué.
C’est dans ce contexte que le maître d’ouvrage – un fabricant de produits en verre de Deyang Shi, dans la province du Sichuan – a demandé aux architectes d’Urbanlogic – une agence internationale basée à Hong Kong et Berlin – de trouver un design approprié pour la rénovation de son usine appelée à devenir ‘centre d’innovation et de production d’art’.
Sur ce site de 57.000m², le cahier des charges comptait cinq éléments : des installations de production industrielle, un hall de vente et d’enchères, un petit musée, des studios individuels pour les artistes résidents et un hôtel ainsi qu’une boutique pour les clients VIP et les invités désirant rester la nuit.
La principale difficulté était de trouver un langage commun pour la large gamme d’usages. Inspirés par la flexibilité et la force de caractère, même neutre, des bâtiments industriels, les architectes ont pris le parti d’une typologie d’entrepôt pour chacun des cinq éléments du programme. En utilisant des matériaux simples et industriels, béton brut, parpaings, briques du même matériau, ils ont créé une toile neutre qui peut être utilisée à la fois pour la production et l’exposition. Seule la boutique de l’hôtel est dotée d’un revêtement intérieur.
Par l’extrusion d’une section d’un entrepôt typique à 3 nefs à travers la longueur du site, un paysage de toits, continu et ondulant, s’étire au-dessus de toute zone fonctionnelle. Plutôt que de redémarrer la pente à la pointe des avant-toits de chaque nef, des pics à différentes hauteurs sont formés et le toit «oscille» comme une courbe de fréquence, les points les plus bas de la courbe coïncident avec les gouttières des nefs. Les toits sont tous légèrement inclinés vers le point le plus haut, ressemblant ainsi à un toit traditionnel du style du Sichuan.
Comme autre caractéristique de l’architecture traditionnelle chinoise, et pour protéger les bâtiments de leur entourage industriel austère, les architectes ont dessiné une typologie de cour introvertie. La série de nefs est donc ponctuée par quatre cours, chacune avec un caractère individuel et servant un propos différent.
Le plus grand patio, la «place centrale» ovale, est un jardin entouré par une pelouse, laquelle peut être utilisée pour des spectacles et des visionnages de plein-air, ainsi que pour accueillir des événements. Cet espace crée une zone tampon entre hôtel et usine qui absorbe le bruit et la poussière de la production. Une seconde cour ovale est placée entre la nef centrale et celle du sud, et «équilibre» la place centrale. Elle accueille un jardin sculpté, des sculptures et des hautes herbes. Le troisième ovale s’étend à travers les limites du site, virtuellement, et taille la monumentale entrée principale de 80m de large. Les trois ovales sont en rotation les uns par rapport aux autres le long d’un axe afin de se lier et de communiquer ensemble. Un quatrième patio, rectangulaire, est le jardin semi-privé de l’hôtel.
Chaque cour est doublée d’un rideau de bambou vertical. Les coussins en bois en font des espaces précieux et renforcent le contraste avec le caractère industriel des entrepôts en béton préfabriqué. Les quatre cours sont divisées en séquences publiques et privées, reflétant la disposition des anciens palais chinois, ressemblants souvent à ceux de la Cité Interdite de Beijing. A chaque point d’intersection, la route part en diagonale faisant ainsi surgir le thème chinois du mur fantôme.
Les travaux commencent début 2017.
Traduction : A.L.