Comment faire passer l’ensemble portuaire constitué des ports d’Antibes et Juan-les-Pins d’une génération de valorisation privée des places de port à un nouveau modèle de gestion publique d’intérêt général ? C’était l’enjeu des appels d’offres lancés pour le réaménagement du port Vauban et du port Gallice, concours remportés conjointement par l’Atelier d’Architecture Philippe Prost et le Groupement Artémis*. Communiqué.
L’objectif de cette délégation de service public (25 ans à partir du 1er janvier 2017) est de hisser ce grand ensemble portuaire en un modèle de référence pour le 3ème millénaire à l’échelle de la Méditerranée et de le faire muter en pôle d’attractivité pour la région. Cette mutation s’appuie sur les ressources domaniales et marchandes du port, sans recours à des subventions publiques.
Spécialisé, notamment, dans la mise en valeur contemporaine des sites patrimoniaux, l’Atelier d’Architecture Philippe Prost (AAPP) a pour ce programme appréhendé le port comme la ville, dans son unité et sa diversité. Le tissu local est aussi appelé à réunir ses savoir-faire au travers d’entreprises de pointe, principalement sur les services numériques, la High Tech liée à l’environnement, la Recherche & Développement.
Port Vauban – le port du 3ème millénaire
Il se destine à former un lieu plus lisible dans ses fonctions, plus haut de gamme dans ses services, enfin, plus prestigieux par sa qualité architecturale. L’excellence environnementale sera la clé de voûte de ce vaste projet : les déplacements internes au port et ceux avec la ville et la gare seront entièrement repensés réduisant la place de l’automobile au profit de déplacements doux (piétons, vélos, voiturettes électriques…).
Comme la ville d’Antibes, le port Vauban témoigne d’une occupation pluriséculaire, une densité historique devant être valorisée pour jeter les bases de son développement moderne. Riche d’une enceinte fortifiée au XVIe siècle – l’actuel fort Carré – ce cadre naturel d’exception est complété par les travaux de Vauban (1680) ordonnant la reprise des fortifications.
Cet ensemble remarquable ne figure pas dans la liste des sites Vauban inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, mais il est en partie classé à l’inventaire des Monuments Historiques.
Dans les années 1960, l’architecte Guillaume Gillet, Grand Prix de Rome, intervient partiellement sur Port Vauban et se charge, en revanche, d’agrandir artificiellement le port Gallice sur la mer, édifiant, en outre, des bâtiments discrètement essaimés dans le paysage. Aujourd’hui, ces deux ports distants de trois kilomètres forment un ensemble composite, déséquilibré et désarticulé, en raison d’un développement opéré par juxtaposition.
L’objectif est de restituer au Port Vauban son statut de capitale méditerranéenne du Yachting, rôle titre qu’il partageait dans les années 1960 avec le port de Lauderdale à Miami. Entre réinterprétation urbaine et création architecturale, le site doit recevoir un nouveau phare d’écriture contemporaine qui marquera l’entrée du port en remplacement de l’actuel édifice, un restaurant panoramique dans la capitainerie existante, et un bâtiment « passerelle » en fond d’anse destiné à accueillir bureaux et activités et relier le nouvel ensemble à la gare SNCF et au pôle multimodal.
Port Gallice – un port bleu, blanc, vert
Ici, les bâtiments existants seront réhabilités, d’autres seront réalisés mettant à l’honneur les espaces publics, une esplanade, des aménagements paysagers, une promenade panoramique et arborée en bord à quai. L’utilisation des sources d’énergie renouvelables et la maitrise des impacts et des consommations seront partout omniprésentes.
Le programme de Port Gallice prévoit lui une promenade panoramique sur les quais seront rehaussés afin de répondre à la remontée des eaux, la construction à l’entrée du port d’une station-service et d’un atelier d’entretien réservé aux tenders (annexes) des grands yachts, la réhabilitation de l’architecture de Guillaume Gillet, la transformation du parking et une production d’énergie renouvelable.
*Groupement Artémis : la CCI de Nice Côte d’Azur, la Caisse des dépôts et consignations et la Caisse d’Épargne Côte d’Azur.