Les agences Encore Heureux, Construire et Base ont achevé en 2021, le renouveau de l’accueil du siège de Michelin à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ainsi que la réécriture du parvis des Carmes pour un budget de 26 M€ HT (11 000 m²). Le projet, élaboré de la conception au chantier sous la permanence architecturale, avait pour enjeu de donner une nouvelle image de la société dans la ville. Communiqué.
C’est sur le site des Carmes à Clermont-Ferrand en 1889 que l’aventure industrielle de Michelin commença. Au bord de la Tiretaine et de sa force hydromotrice, ce ne sont pas moins de 20 hectares qui furent peu à peu aménagés, construits et transformés au fil des besoins de l’entreprise et des évolutions techniques.
Le site des Carmes a toujours accueilli le siège de Michelin quand en 2015 un grand concours d’architecture est lancé : l’enjeu de rénovation du bâtiment d’accueil est une occasion unique d’écrire une nouvelle page de cette histoire industrielle exceptionnelle.
L’approche de l’équipe d’architectes et de paysagistes (Construire, Encore Heureux et Base) est de conserver le maximum de l’existant tout en venant par une nouvelle façade redonner une cohérence à l’ensemble. La serre tropicale dont l’avenir était incertain se retrouve alors intégrée dans le dispositif général et vient participer à la composition d’ensemble tout en supportant la grande enseigne.
Pour réunir des bâtiments hétérogènes et accueillir au mieux les milliers de personnes qui chaque jour viennent sur le site des Carmes, un grand auvent périphérique se déforme pour indiquer en son centre les portes d’entrée qui donnent sur un hall majestueux et lumineux. Le parvis arboré quant à lui s’étire jusqu’à la place des Carmes et même au-delà, jusqu’à l’arrêt de tramway de l’avenue Georges Couthon. Mobiliers, jeux d’eau et végétation garantissent en été la fraîcheur des lieux.
Inscrire l’entreprise dans les défis de son temps passe aussi par le choix des matériaux utilisés, tels que le bois en provenance du Massif Central ou la pierre de Chambois et du Mont-Dore pour les revêtements et le mobilier.
La nouvelle place des Carmes, devant le siège historique de Michelin, offre deux hectares et demi d’espace public supplémentaires.
Le rapport à l’eau y est naturellement central car la Tiretaine est la raison d’être du site des Carmes. Son relief urbain y est assumé, avec pentes et emmarchements, viaduc et traversées. Sur la place des Carmes, on retrouve la pierre de Volvic, mais également des dalles de granit existantes recyclées et des surfaces de béton, rappelant le monde de l’industrie. Tous ces éléments renvoient directement à l’identité et à l’univers de l’entreprise Michelin.
Si la place des Carmes est un grand parvis pour Michelin, elle propose également d’autres espaces extérieurs (parvis de l’église, terrasses) qui mettent en valeur son patrimoine architectural et religieux, ses commerces et ses transports. Ces différents univers qualifient et identifient la place des Carmes comme un lieu de carrefour, de croisements et d’échanges urbains riches et multiples.
Rural puis industriel, le site sur lequel se situe la Canopée acquiert son statut actuel de siège social de Michelin dans les années 2000, bien que l’entreprise soit implantée à Clermont-Ferrand depuis sa création à la fin du XIXe siècle. En termes d’urbanisme et d’architecture, ce long processus aboutit néanmoins à un ensemble quelque peu disparate, souffrant d’un déficit d’identité. Dès lors se révèle un enjeu de taille pour Michelin : comment incarner l’image du groupe et de son siège social dans un bâtiment unique et cohérent ?
L’enjeu devient alors d’amener de l’homogénéité à la façade principale du siège, porte d’entrée du groupe, et de connecter ensuite l’ensemble des bâtiments déjà là. Le projet prend le parti de construire devant les nombreux bâtiments existants. Construit seulement sur deux niveaux afin de ne pas masquer les bâtiments historiques, il répond ainsi aux contraintes d’accès tout en créant un nouveau front bâti cohérent.
Il s’agit d’un axe contextuel fort, en symbiose avec l’envie du groupe Michelin de se renouveler sans renier la présence séculaire de l’entreprise sur ce site. Signe fort de ce changement, la création d’une façade de 160 mètres de long totalement repensée opère à la fois comme une frontière et un passage entre l’extérieur et l’intérieur.
Fondamentalement remanié et augmenté, le nouveau bâtiment d’accueil fait la part belle à la transparence et à la proximité. Cette exigence de transparence se matérialise par des de larges façades vitrées, protégées du rayonnement par des auvents en bois sur l’ensemble de la façade donnant sur la Place des Carmes, offrant une véritable identité esthétique au nouveau siège. Les courbes, en plan et en élévation, sont omniprésentes dans l’architecture et le mobilier, à l’image des pneumatiques Michelin.
La construction de la Canopée s’insère dans un enjeu majeur de construction bas carbone. En effet, la consommation de béton a été extrêmement limitée, et les matériaux biosourcés ont été privilégiés, signe d’une attention particulière au territoire. La collaboration avec des entreprises de la région en est l’illustration. L’utilisation de matériaux biosourcés, réemployés et locaux a été pensée comme un objectif collectif, sans pour autant oublier le caractère industriel du site et la mise en oeuvre de principes constructifs simples : utilisation de l’acier, réseaux et structure apparents…