Pour Batigère Habitat maître d’ouvrage, l’agence ITAR (Ingrid Taillandier) a livré à Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne) en septembre 2023 un programme comptant une résidence étudiante de 94 logements, une résidence intergénérationnelle de 60 logements, locaux communs et bureaux. Surface : 5 340 m² sp. Coût : 10.4 M € HT. Communiqué.
De la coprésence à la cohabitation, rapprocher les générations
Les deux résidences prennent place à un emplacement charnière pour le paysage de Ferrières-en-Brie : le long de l’avenue de l’Impératrice Eugénie vers le Château, entouré de pavillonnaires au sud et d’une zone d’activité au nord. La question des transitions devient dès lors primordiale. Celle entre plusieurs tissus sans lien urbain d’une part, celle entre des paysages discontinus d’autre part. Un fin travail paysager vient coudre les différentes plaques aux espaces naturels et agricoles environnants.
Sur deux étages et conçus en hors-site bois, deux programmes distincts sont réunis : une résidence intergénérationnelle et une pour étudiants. Elles partagent des espaces communs en rez-de-chaussée, une salle polyvalente, une cafétéria et une salle de sport. Le découpage des bâtiments, reliés par des espaces communs autorise les interactions entres les programmes et redessine une échelle domestique et piétonne.
Sur l’allée, le front bâti continu de la résidence pour étudiants structure l’espace et donne une échelle tangible à l’ensemble en l’asseyant dans le paysage. Le rythme des façades est dynamisé par des percées lumineuses et des attiques évidés pour suggérer l’échelle de l’habitat individuel. En retrait, la résidence intergénérationnelle est faite de plusieurs plots décalés pour permettre des doubles orientations, ils sont reliés par des failles transparentes. Chaque plot est ainsi individualisé par une tuile en façade de teinte spécifique.
Un projet, deux programmes pour organiser la coexistence
Les deux résidences partagent donc un socle commun, une entrée unique et bien des qualités, en particulier une orientation optimale pour chacun des logements. Les mono-orientés nord sont évités malgré une forte demande de T1 et l’implantation est-ouest s’est imposée. Elle permet à chaque logement de bénéficier de lumière naturelle directe tout au long de la journée et, dans le cas des T2 et des T3, de proposer des séjours en double orientation. Cette disposition, en plus d’offrir davantage de confort aux logements, présente des véritables qualités bioclimatiques, en chauffant et éclairant naturellement les logements.
La résidence pour étudiants (pour partie de la Ferrières Hospitality & Luxury Management School) est reconnaissable à sa façade blanche tandis que celle intergénérationnelle est foncée.
Les trois plots présentent des pourcentages variables de tuiles émaillées. La toiture du socle qui les relie est recouverte de 30 cm de terre et semée d’une prairie.
Une large faille vitrée connecte les plots. Ces paliers transparents et élargis sont à disposition des résidents et seront meublés en concertation avec eux.
Au sud de la parcelle, un jardin linéaire récolte les eaux de pluie. Il est planté de fruitiers et d’arbres de milieux frais afin d’enrichir l’écosystème en intégrant des variations d’essences. Une clairière partagée à l’est intègre un très long banc et augmente encore le nombre de lieux où se retrouver, à distance du bâtiment. Le vaste deck est quant à lui directement en lien avec la salle polyvalente. A l’arrière, non visibles depuis la rue, les stationnements sont réalisés en pavés à joints enherbés séparés par de larges noues. Amli, le gestionnaire des résidences, met par ailleurs cinq voitures électriques à disposition des habitants, libre d’usage moyennant 5€ de l’heure.
A rez-de-chaussée, la salle polyvalente et « partitionnable » s’ouvre sur une vaste terrasse et sur le jardin. Une salle de sport et une salle d’étude complètent les espaces communs.
Les circulations verticales des deux résidences sont toutes éclairées naturellement grâce au dispositif de failles. Elles sont également augmentées en surface pour devenir des lieux de rencontre, à la manière de salons d’étage partagés.
La construction hors-site au service de l’usage
Nombre d’acteurs en sont convaincus, la construction hors-site est une solution d’avenir appelée à transformer en profondeur le secteur du bâtiment et participer pleinement de la réduction mondiale des émissions de GES, dont l’usage du béton armé contribue à hauteur de 7 %. Parmi les atouts du hors-site, figurent notamment l’accélération des chantiers, la réduction des nuisances pour les riverains et la moindre pénibilité du travail pour les ouvriers.
Un autre aspect souvent évoqué est celui de la qualité des ouvrages qui, dans la construction traditionnelle, pâtit de plus en plus de la pénurie et du manque de qualification de la main d’œuvre. Largement majoritaires, les solutions de préfabrication bois ont l’avantage d’être légères, biosourcées et d’éviter les ponts thermiques. ITAR en use pour atteindre une optimisation de la matière et redonner « humanité » à l’industrialisation générique vers laquelle nous tendons, en la mettant au service de l’individu et d’un récit territorial.
Le système constructif mixte est lui aussi commun aux deux programmes. Le béton coulé en place est utilisé à rez-de-chaussée des deux résidences et pour les noyaux. Les étages supérieurs sont en murs à ossature bois (MOB). Ils sont en panneaux constitués de profils de 145×45 mm contreventés, entièrement réalisés en usine et montés sur place. L’espace central est quant à lui réalisé en poteaux-poutres en bois lamellé-collé.
En façade, l’usage généralisé de tuiles de terre cuite posées sur liteaux créé une unité d’ensemble. Leurs traitements, tantôt émaillés, tantôt non, et leurs variations notamment colorimétriques, apportent du relief à l’ensemble.
Le socle est quant à lui vêtu de bac acier sur isolation extérieure. En façade des locaux vélos, il est appliqué dans sa forme perforée pour laisser la lumière naturelle entrer.