Le collectif d’architectes Nouvelle AOM – Franklin Azzi, ChartierDalix, Hardel Le Bihan – réinterprète la Tour Ariane à la Défense 50 ans après sa conception pour Euro Ariane SAS représentée par BauMont Real Estate et Aquila Asset Management. Au programme : rénovation environnementale et réaménagement des espaces d’accueil et création d’un business center. Budget : n.c. Livraison : 2024. Communiqué des maîtres d’ouvrage.
Ariane, icone de La Défense
La Tour Ariane est une réalisation de Jean de Mailly, l’un des trois architectes-conseils de l’aménagement de la Défense. On lui doit aussi le CNIT et la tour Nobel, aujourd’hui Tour Initiale. Construite en 1975, elle s’inscrit dans le corpus des tours de seconde génération qui s’affranchissent des règles strictes du plan directeur d’urbanisation imposé en 1964. Ariane participe ainsi à la diversification du paysage architectural. Ariane est une Tour de forme parallélépipède rectangle. Sa façade nord s’ouvre de plain-pied sur la dalle de la Défense. Ses 33 étages s’élèvent le long d’un noyau central en béton armé, autour duquel s’organisent des plateaux libres et modulables. Comme le voulait l’usage, le 33e étage accueillait des bureaux et le restaurant de direction. Dans la coiffe, se trouvent les locaux techniques nécessaires au fonctionnement de la Tour.
Sa façade, alternance de panneaux préfabriqués en béton et de fenêtres « hublots », est protégée par une « seconde peau » composée de boucliers cruciformes en aluminium qui forment une robe métallique devant le béton, signature architecturale de la Tour. En 1995, 23 ans après sa construction, la Tour jusqu’alors nommée Générale est renommée Ariane et opère sa première transformation avec la création d’un pavillon d’accueil de 29 mètres de long sur 27 mètres de haut sur le parvis. Après la modernisation des étages de bureaux dès le début des années 2000, les architectes Petraccone et Vodar agrandissent encore l’entrée en créant un hall directement installé sur la dalle. Avec l’ajout de boucliers en pied et tête de tour, cette rénovation faisait disparaître l’aspect tripartite originel.
Transition énergetique
Face à l’urgence climatique, la rénovation énergétique de la Tour était inévitable. Le choix de BauMont et Aquila s’est porté sur un chantier en site occupé à hauteur de 85% – près de 4 000 utilisateurs – et à un réemploi exemplaire des matériaux – 90% du vitrage et 85% des boucliers sont recyclés.
Ce chantier inédit, tant dans ses enjeux techniques (site occupé, gestion du bruit, environnement urbain) que dans la réutilisation de l’existant sera mené par Redman et les travaux de transformation de la façade seront réalisés par le façadier Goyer. A la livraison des travaux en 2024 les besoins en chauffage et climatisation baisseront de 30% grâce à l’amélioration thermique de l’enveloppe, entrainant une baisse de 21% de la consommation énergétique des locataires. La rénovation de la tour sera labelisée BREEAM RFO, niveau Very Good.
Métamorphose : Nouvelle Ariane
Ce projet de rénovation de la Tour Ariane s’inscrit dans un dialogue avec les caractéristiques architecturales et structurelles de la Tour existante pour à la fois la révéler et la transfigurer en une Tour du XXIe siècle.
Les architectes ont voulu réinventer un lieu et des programmes pour remettre les utilisateurs au centre du projet. La composition classique en trois parties – le socle, le corps et l’attique – est retrouvée : la Tour aura un socle actif, ouvert sur La Défense. L’organisation interne du socle est modifiée et reprogrammée pour accueillir de nouveaux usages proches de ceux d’un grand hôtel, tels qu’un café et un salon d’attente, au niveau entrepont sont créés un business center et un auditorium, des salles de réunion et un foyer. La refonte de ces espaces permet d’ancrer la Tour dans son environnement et d’offrir à ses usagers de nouveaux lieux de vie. L’offre propose de nouveaux services dans le pavillon d’entrée plus transparent qui permet une lecture contemporaine du volume monolithique de la tour.
Dans une époque de prise de conscience de l’émergence climatique, il y a aujourd’hui une nécessité de réduire les consommations énergétiques et c’est le moteur principal de la réflexion actuelle sur la Tour Ariane. Intervenir aujourd’hui sur ces façades comporte une prise de conscience de tous ces facteurs. Le projet proposé par la Nouvelle AOM prévoit la substitution de la façade d’origine par une nouvelle peau, une « robe de lumière » en verre placée devant le béton d’origine. Cette nouvelle peau permettra bien sûr d’améliorer l’isolation thermique mais sera aussi l’occasion de créer une nouvelle expression architecturale : contemporaine, épurée et régulière.
Les façades de la Tour sont constituées de modules répétitifs unitaires. L’écriture de la façade correspondant à la trame constructive de la structure existante et de l’enveloppe en béton. Chaque module est constitué d’un cadre rectangulaire en double vitrage transparent devant les hublots, et d’un vitrage opaque devant les allèges. Le parti-pris architectural de la rénovation vise à minimiser l’impact visuel de ces cadres rectangulaires en double vitrage et à souligner la matérialité d’origine en transparence. La nuit, l’éclairage intérieur des plateaux de bureaux révèlera la forme particulière des hublots.
Le pavillon, entièrement transparent, bénéficiant de conditions de protection solaire naturelle grâce à son orientation au nord, permettra une porosité de vues et d’usages depuis l’extérieur vers l’esplanade et inversement. La trame principale du pavillon dans l’axe Nord – Sud suit celle de la façade de la Tour.
Au rez-de-chaussée, l’acoustique a été particulièrement travaillée pour assurer une ambiance intimiste, notamment grâce aux boucliers historiques de la façade, dont 290 seront réutilisés dans le hall sous forme de lustre magistral.