Cité de la mode de Jakob + Macfarlane, blob sur Seine. Que l’on aime ou pas, force convient de reconnaître qu’il fallait ‘l’envoyer’ et que désormais elle existe. De plus, si quelque Parisien féru d’archi découvrait Maupin dans le Londres tartiné par Foster et consorts – ‘my name is M’ – ne crierait-il pas au miracle revival ?
Edouard François et Manuelle Gautrand sur les Champs-Elysées, Ricciotti au Louvre et à Jean-Bouin, les jeunes architectes révélés par la SIEMP, les incroyables gageures de Rémy Feredj à la RATP… Les projets, nous ne pouvons les citer tous.
Côté maîtrise d’ouvrage, il n’y a donc pas que des branquignols à Paris quand il s’agit d’architecture.
De fait, mieux le Dominique Perrault de la BNF que celui la poste du Louvre, mieux le Jean Nouvel de la fondation Cartier que celui des tours DUO, mieux le Renzo Piano de Beaubourg que celui du TGI.
Etc.
Pourquoi la ville qui les a fait stars doit-elle pour autant repasser les plats ?
Quand sonne l’angélus – six heure, midi, dix-huit heure – ces hommes de l’art sont collectionnés et, dans le monde, les émissaires d’une carrière exemplaire.
C’est vrai quoi : quelle que soit l’institution, tant mieux si vous êtes aujourd’hui un architecte à succès, débordé sans doute dans une agence trop grande ou trop petite, vous aurez la chance de construire, pour l’Histoire, à Paris centre-ville.
Encore quelques années et une tour France Télé siglée OMA ; BIG est déjà à Jussieu ; pour Zumthor il va falloir se dépêcher (les bains turcs ?) ; Zaha Hadid est chaque jour un peu plus proche – ce n’est pas un bidule devant l’institut du monde arabe qui fera l’affaire.
Le fait est qu’apparemment Paris ne crée plus aujourd’hui ses propres starchitectes comme elle le fit de mémoire d’homme. Pourquoi sinon faire encore appel aux braves ?
Dans vingt ans prévisibles, les projets de prestige seront alloués à Jacok&MacFarlane, Maupin, Edouard Francois ou Gautrand ou Ricciotti, l’un d’eux, sans doute, pour rendre à Gadet ce qui lui appartient, revisitant le travail de DPA.
En cette ville, les files d’attente des journées du Patrimoine sont policées au possible. Silence, vous êtes filmés. La France vieillit et Paris, phare des Lumières, quelle que soit l’institution, choisit désormais presque toujours, pour des projets conséquents, et à l’issue d’un concours légal bien sûr, la star alibi qui rassure.
Gérontopolis !
Christophe Leray
Cet article est paru en première publication sur Le Courrier de l’Architecte le 5 septembre 2012