
La Galerie Didier Aaron à New York (USA) a présenté au printemps 2025 « Voyager est un Art : Les Dessins de Jean-Pierre Heim »,* une exposition mettant en lumière les œuvres évocatrices de l’architecte dont une mise en couleurs de sa série consacrée à Al Ula. Chronique de l’architecte Jean-Pierre Heim.
L’exposition, dans le cadre de la prestigieuse galerie de dessins de Didier Aaron, nichée au cœur de Manhattan, a donné lieu à deux vernissages, le premier le 28 mai avec nombre de représentants français, dont le consul général de France Cedrik Fouriscot ; le second, le 2 juin, était organisé en partenariat avec le Consulat général d’Arabie saoudite à New York et l’ambassadeur d’Arabie saoudite aux Nations Unies et mettait à l’honneur les dessins consacrés à Al Ula, joyau archéologique du désert saoudien.*


À travers une série de dessins méticuleusement sélectionnés, le visiteur est invité à un voyage visuel au sein d’un territoire presque métaphysique que j’ai découvert lors d’une mission d’exploration grâce au Dr. Mounir Neamatalla, maître en rénovation et, surtout, de la réhabilitation de la structure détériorée d’un quartier de la vieille ville d’Al Ula, étape de la route de l´encens. L’ancienne cité interdite s’y révèle entre ombres mouvantes, lumières dorées et lignes architecturales tirées du sable et du vent.
« Mon travail s’enracine dans le respect profond de la culture locale et de la géographie », ai-je expliqué à l’Agence de presse saoudienne. « L’architecture doit s’intégrer dans son environnement, en dialoguant avec l’histoire et les traditions ».
Ces mots résonnent dans chaque croquis exposé — fruits d’un long périple artistique qui m’a mené à travers plus de 80 pays, dont les plus grands déserts, du Sahara au Soudan ; de l’Égypte à la Grèce, de la l’Arabie saoudite à la Chine



Pour ma part, cette exposition new-yorkaise a été l’occasion de finaliser plusieurs esquisses commencées lors de mes précédents séjours à Al Ula, en particulier sous le soleil écrasant du mois de juillet. Là-bas, au cœur du désert brûlant, j’avais entamé des croquis encore inachevés, à peine teintés des trois couleurs essentielles de ce paysage aride : le blanc éclatant des roches calcaires, le jaune sablonneux irradiant de lumière, et l’ocre profond des montagnes ou falaises où sont sculpté dans la roches une centaines de tombes dont certaines inachevées.
Ces teintes, omniprésentes, se mêlent et se superposent, sculptant des décors changeants à mesure que le soleil évolue.


Au fil des heures, le désert s’anime. Les ombres s’étirent, déformant les reliefs pour donner naissance à d’étonnantes anamorphoses au soleil couchant. Puis vient la nuit, majestueuse. Le « toit des étoiles », comme on l’appelle là-bas, déploie sa voûte céleste d’une pureté rare, débarrassée de toute pollution lumineuse. Ce silence cosmique complète l’expérience visuelle : ce que le jour révèle en nuances chaudes, la nuit l’apaise dans un bleu profond .
Jean-Pierre Heim, architecte
“Travelling is an Art”
Toutes les chroniques de Jean-Pierre Heim

* L’exposition Voyager est un Art – Les Dessins de Jean-Pierre Heim (jusqu’au 3 juillet 2025)
** Lire les chroniques Voyage à Al Ula, ancienne cité interdite bientôt ouverte aux touristes (2021) et Retour à Al Ula, le calme du désert avant la cohue touristique (2022)