En juin, le jury du Concours Acier, destiné aux étudiants des écoles d’architecture française, a annoncé son palmarès de l’édition 2022 sur le thème « Habiter plus – Réinventer l’habitat ». Les lauréats.
Sur de thème brûlant d’actualité, les étudiants ont présenté des projets pertinents, justes et s’imposant pour certains comme d’authentiques manifestes de la transformation.
Palmarès
Ils étaient onze finalistes, le 8 juin 2022, à défendre leur projet devant le jury du concours Acier 2022, organisé par ConstruirAcier et présidé par l’architecte Sophie Delhaye*.
Mobilisés et impliqués, les candidats ont rivalisé de créativité pour questionner l’habitat et repenser le logement en termes d’usages et de modes de vie. L’occasion pour les finalistes de concevoir un idéal d’habitat et d’interroger sa relation avec d’autres usages.
Selon les termes du concours, ils ont ainsi proposé dans un seul ouvrage, réalisé tout ou partie en acier, neuf ou à réhabiliter, un projet d’habitat pour 100 personnes ou plus mixant au minimum un programme, une fonction complémentaire mettant en relation un contexte et une idéalité de modes de vie.
Evénement inédit depuis la création du Concours Acier, le jury, présidé par l’architecte Sophie Delhaye, a décerné trois premiers prix ex aequo et une mention aux candidats en école d’architecture et d’ingénieurs en lice pour cette édition 2022.
1er prix ex aequo
Raviver la modernité : réhabilitation de la Tour 3M à Cergy Pontoise
Antoine Leriche – ENSA Paris-la-Villette
A l’allure de cathédrale des temps modernes, la Tour 3M de l’architecte P. Depondt, livrée entre 1976 et 1978, a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la Ville Nouvelle de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Malheureusement, à peine cinquante ans après sa construction, cette tour de bureaux se retrouve au cœur d’un projet porté par un promoteur immobilier. Elle, qui participait à la ‘skyline’ de la ville, a été détruite en 2021, pour laisser place à un nouveau quartier de 1 370 logements.
Face à ce constat, il a été décidé de proposer un contre-projet, afin d’explorer dans quelles mesures cette tour à la plastique en acier Corten et la structure à stabilité périphérique aurait pu être conservée et devenir un atout pour le développement de l’agglomération.
L’avis du jury : un manifeste de la transformation
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1er prix ex aequo
Habiter l’infrastructure, vers une ville plus résiliente : réhabilitation de la halle des Messageries
Camille Ouvrard – ENSA Marne-La-Vallée
Le projet de la Halle des Messageries, alliant écologie et patrimoine, consiste en la réhabilitation de l’ancienne halle de tri postal de la Gare Saint-Lazare, emblème de l’architecture industrielle. Le credo du projet est de tirer parti des qualités spatiales et structurelles du bâtiment existant et de le conforter dans son rôle infrastructurel, en lien avec le réseau ferré qu’il surplombe, ainsi qu’en faire un lieu de vie ouvert sur la ville.
L’avis du jury : une expérimentation pour une ville productive
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1er prix ex aequo
Des masses aux multitudes : une communauté de travailleurs dans la Tour Bretagne
Louis Fiolleau – ENSA Nantes
Ce projet raconte l’histoire d’un basculement, celui d’un objet nantais iconique, comme celui d’une masse vers une multitude. On y proclame haut et fort l’existence de travailleurs hétérogènes, écrasés par l’ethos du capitalisme néo-libéral. Au-delà du fait d’entretenir une certaine dialectique du système productif, il s’agit ici de retrouver une certaine cohésion de classe. Les vestiges de béton du passé et les poutres métalliques du présent s’entrechoquent alors pour accueillir une communauté autonome de 200 membres, copropriétaires de leurs espaces de travail, de leurs logements et de programmes collectifs : parlement, centre énergétique, plateforme logistique, unité agricole… Ceux-là viennent se loger aussi bien dans la tour et les abris souverains de sa greffe, que dans le socle remanié et ses espaces typologiquement contraints.
L’avis du jury : une utopie coopérative
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Mention
Loft 77
Doyen Choi et Sarah Fournier de l’ENSA Paris-Val-de-Seine
L’ancienne usine sidérurgique Ansaldo Energia, à la croisée du torrent et du nouveau pont San Giorgio de Renzo Piano à Gênes, sert de socle à Loft 77. Culture, habitat, bureaux et nature cohabitent verticalement grâce à l’acier. Loft 77 repense l’habitat avec une mixité programmatique verticale dynamique : suspension, espace, luminosité et intégration dans le paysage viennent contrecarrer le zoning selon la logique du modèle de la ville productive et relancent l’attractivité de la vallée de la Polcevera.
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* Le jury était composé de :
– Sophie Delhaye : architecte Agence Sophie Delhaye architecte, présidente du jury ;
– Valentine Guichardaz, architecte Atelier Rita ;
– Simon Durand, ingénieur SBP ;
– Alice Delaleu, journaliste, Chroniques d’architecture ;
– Amélie Luquain, journaliste, Le moniteur
– Alice Bialetowsky, journaliste, AMC, Le Moniteur ;
– Anne Labroille, architecte-urbaniste, Maison de l’architecture Ile-de-France.