Pour cette 11ème édition le Festival des Architectures Vives (FAV) a engagé une réflexion autour de l’innovation en architecture. Cette part d’innovation sera expérimentée au travers des installations qui prendront place dans le cadre du FAV (du 15 au 19 juin 2016 à Montpellier, du 18 au 26 juin 2016 à La Grande Motte), ces prototypes permettant d’offrir de nouvelles expériences architecturales à un large public. Découverte des lauréats 2016. Communiqué.
GREEN WASH
Atelier MAP – Gabriel Lacombe, Jean-Philippe Di Marco et Carlo Tadeo
Vancouver et Montréal // Canada
L’innovation en architecture peut permettre d’intégrer de nouvelles technologies, de pousser une réflexion ou de laisser miroiter un avant-gardisme. Cette dernière facette est celle qu’on promeut malheureusement en tant qu’image, c’est une «innovation phare» qui permet de vendre une étiquette et de brader un mouvement.
Un exemple classique de ces innovations trompeuses est le toit vert. Désormais machine commerciale, cette addition à l’architecture promotionnelle est étiquetée écologique, verte, durable, etc. On tapisse désormais la cime des bâtiments sans se questionner réellement sur la manière intelligente de procéder et d’envisager l’architecture verte.
Green Wash se positionne pour proposer une vision plus adaptée de la réalité. Le projet vise à démontrer que les gestes spontanés ne sont pas toujours reflet de succès et d’innovation. Green Wash propose donc de s’arrêter un instant et de contempler un toit vert démuni de son bâti; une monoculture suspendue au-dessus d’un vide jadis luxuriant.
VEINTICUATRO
Maria Victoria Cresta, Giovanna Giampetruzzi, Lucas Torres Aguero,
Soleda Lanus et Marcelo Gurdo Ariel
Berlin // Allemagne / Barcelone // Espagne / Buenos Aires // Argentine
VEINTICUATRO est une réinterprétation de la fontaine. Une boite baignée d’eau qui s’ouvre vers nous pour qu’on en fasse le tour ou qu’on y rentre. Une installation qui évoque la pluie, qui nous rappelle la joie de l’été, qui nous invite à rêver au son de l’eau.
Mais l’oeuvre contient également une dimension qu’on ne peut voir au premier coup d’oeil : une chorégraphie dissimulée que l’on pourrait rater facilement. Celle-ci souligne l’idée d’une multitude de réalités simultanées et nous propose d’aller plus loin, au-delà de l’apparence pour rencontrer le subtile et rendre l’invisible visible à ceux qui le souhaite.
Combien de choses arrivent au même moment ? A quel point notre perception perçoit les détails et la profondeur de ce qui nous entoure ? La technologie pourrait-elle être une extension de nos capacités humaines ?
Nous n’entendons rien et nous ne voyons rien mis à part le fait que nous pouvons. Enregistrez le moment et l’illusion sera dévoilée.
GREENOVATION
Pauline Marquet, Claire Chrestia et Sybille Jaubert
Paris et Pau // France / Karlsruhe // Allemagne
A travers l’innovation, le constat d’une réalité se dessine accompagnée des enjeux futurs. Le FAV devient alors le laboratoire urbain d’un avenir proche. A travers «GreenOvation», c’est la préoccupation de l’occupation du sol et du rôle du végétal dans nos espaces publics qui nous laisse envisager une réinvention du jardin. L’hommage poétique au jardin, exprimé à travers Greenovation, donne une nouvelle dimension et un nouveau rapport au végétal. Chacun est invité à explorer cette nouvelle nappe verte enveloppante qui met en éveil les cinq sens. La structure flottante percée de lumière zénithale crée des jeux d’ombres dansantes apportant fraîcheur et invitant à la détente ainsi qu’à la contemplation.
PARADIGMES
Judith Chatain, Gabrielle Doublet et Audrey Farinole
Paris et Maisons-Alfort // France
La compréhension et la tolérance se nourrissent de l’échange, de la communication et du partage.
Ouverte et découverte à l’occasion du Festival des Architectures Vives, la cour d’ordinaire lieu de passage est un lieu de sociabilité privilégié et l’endroit idéal pour tenter de développer la communication.
Telle une bibliothèque à ciel ouvert, l’installation se compose de multiples moulins entre lesquels le visiteur peut déambuler, inscrire ses pensées en prenant le temps de la réflexion, du partage, de la transmission et contempler celles d’autrui.
L’expérience se conclut par la mise en mouvement des moulins donnant vie à la parole inscrite en la répandant dans les airs. Cette mise en mouvement est accompagnée de sonorités variées.
Le dispositif détourne un objet spirituel pour en faire un générateur de pensées optimistes.
Un nouveau paradigme.
[ IN N’ OVER]
Maxime Derrouch , Typhaine Le Goff et Emeline Marty
Montpellier et Toulouse / Aix en Provence // France
IN N’ OVER offre un moment de rêverie et de contemplation. Le visiteur redécouvre le lieu sous un autre regard, en étant à la fois «IN» et «OVER» l’espace et le temps. Interagir avec le lieu, mais également avec les personnes qui le parcourent, telles sont les intentions du projet.
Cette composition réveillera tout en mélodie et légèreté une cour remplie d’Histoire, avec une relation particulière entre les habitants et l’environnement par la représentation symbolique de l’innovation : d’aller plus loin en regardant vers le haut. L’envol des oiseaux en origami illustre cette métaphore.
«Innover» renvoie à la notion d’expérience, de cette nécessité à regarder en arrière. Le sol réfléchi l’envol des oiseaux et le ciel. Ils deviennent l’opposé de cet avenir tourné vers le haut, l’expérience du passé sous nos pieds.
L’impulsion de la nuée d’oiseaux par la mélodie, c’est l’Homme qui pousse à l’innovation en provoquant l’émerveillement.
THIN GREEN
Belle Ville Atelier d’Architecture – Ilan Bitoun, Vincent Imfeld, Alexandre Ferron,
Anthony Le Page et Lucile Nicosia
Anduze et Paris // France
Pousser une porte cochère pour découvrir une oasis de verdure, offrir une pause rafraîchissante aux visiteurs; l’innovation du projet que propose Belle Ville Atelier est double.
D’une part, ils souhaitent offrir une expérience sensible aux promeneurs, et aux utilisateurs des hôtels particuliers, basée sur un décalage entre l’image de la ville, minérale par tradition, et l’introduction d’un paysage végétale luxuriant. L’ouverture de ces cours au public est l’occasion de redécouvrir sous une autre lumière les lieux qui nous entourent.
D’autre part, le dispositif leur permet d’expérimenter et quantifier l’efficacité d’un système de climatisation naturel. Mis en œuvre grâce à l’association de végétaux et d’un système de brumisation d’eau arrosant la surface de feuillage, l’évapotranspiration des feuilles, la rétention d’eau naturelle du sol, permet de faire baisser la température dans l’enceinte de la cour.
Thin green est un projet qui donne aux visiteurs l’occasion de vivre une expérience immersive et pédagogique.
SOURIEZ VOUS ETES FILMES
Pseudonyme Architecture – Jérémy Germe et Chloé Thomazo
Paris // France
Le Festival des Architectures Vives est riche de tous ces curieux qui se croisent dans les cours des hôtels particuliers de Montpellier. Innover, c’est pour eux l’occasion de mettre au cœur du projet les festivaliers en leur proposant une installation ludique et interactive.
Le dispositif que nous avons imaginé est digne d’un studio de photographe : projecteurs, appareil photos, miroirs et plateau. La cour n’est plus un simple décor, elle retrouve sa fonction originale de scène urbaine et sociale : les visiteurs peuvent se prendre en photo et jouer la comedia del arte sous le feu des projecteurs. Les photos sont ensuite disponibles en ligne et chacun peut ainsi emporter une séquence souvenir qu’il partagera avec ses proches.
En donnant carte blanche aux visiteurs du FAV nous avons voulu innover en faisant de l’installation un évènement ludique et connecté dont le clou du spectacle n’est pas la plasticité, mais les visiteurs eux-mêmes.
LA TETE DANS LES NUAGES
Mickaël Martins Afonso et Caroline Escaffre-Faure
Bordeaux // France
Innover, ajouter un nouvel usage à un objet, un espace, une pratique. Certes l’innovation peut résider dans l’installation, au travers d’une prouesse technique, mais n’est-ce là que l’unique moyen d’innover de nos jours?
Durant ce festival, le public est invité, au cours de sa promenade, à entrer dans des cours privées. Elles deviennent alors des lieux d’exposition, des supports à une installation artistique. Ils y voient ici les prémices d’une innovation. L’usage de la cour est modifié, sans toutefois rompre avec ce qu’il était. Dans cette idée d’évolution, l’installation proposée apporterait un nouvel usage à la cour.
Lieu de passage, il leur a semblé intéressant d’offrir au public la possibilité de s’y arrêter. Isoler de l’excitation de la ville, elles sont comme des pauses dans cette promenade urbaine.
Quelques chaises et bancs sont répartis dans la cour. Le visiteur entre, des nuages paraissent flotter dans l’air, au-dessus de nos têtes, créant une ambiance propice à la rêverie. Formés par des ballons, ils sont suspendus par un fil. Assis sur une chaise, il est possible d’amener un nuage autour de son visage pour s’isoler et prendre le temps de la réflexion, de s’échanger un secret. Comme une sorte d’alibi offert, une manière de prendre le temps de se reposer. La tête dans les nuages.
SABLE Y EST
Ariane Francescato et Julien Pinard
Maisons-Alfort et Paris // France
L’innovation architecturale ne réside pas selon eux dans l’invention de quelque chose de nouveau mais avant tout dans le renouvèlement de l’existant. Réinterpréter leur projet du FAV 2009 leur est alors apparu comme une évidence.
Ré-interroger ses qualités et ses faiblesses est pour eux une façon d’innover avec justesse.
Des cônes de sable étaient disposés aléatoirement sur un sol en caoutchouc noir. Durant l’installation, le sol a pris une importance capitale. Pour cette onzième édition, « Innover », nous proposons d’inverser la matérialité du sol et des cônes.
Une intervention minimale ayant un effet maximal. Ce renversement de matérialité nous permet de modifier la forme, la disposition, la technique et ainsi aborder le thème dans sa globalité. Les cônes, beaucoup plus grands, noir et brillants reposent au milieu de la cours sur un sol de sable, effacé mais insolite.
La variation d’échelle modifie les usages et la pratique du lieu, les passants circulent entre les cônes qui les surplombent. Cette nuance déroutante crée un imaginaire complètement différent de celui qui avait marqué la cours six ans auparavant.
CORTICA
FLCDa – Clément Daneau , François Lis et Maxime Lis
Grenoble et Bordeaux // France
Le point de départ de leur réflexion est de mettre en scène un matériau millénaire aux caractéristiques étonnamment contemporaines : le liège.
Ils ont décidé de sublimer sa pérennité et sa durabilité en proposant une installation qui est avant tout une étape dans un processus global.
En effet, , ils présentent à Montpellier une mise en œuvre atypique de ce matériau dans le dessein de ré-exploiter la matière sur un chantier d’auto-construction et ainsi prolonger la vie de leur projet.
L’installation proposée excite la curiosité par l’irrécusable présence de ce mur : il ne crée pas une frontière absolue car l’appareillage laisse entrevoir la cour Jacquet, mais par sa brutalité met le visiteur au pied du mur, l’oblige à la confrontation pour pouvoir pénétrer dans celle-ci et ainsi en découvrir sa vénusté.
Ce sont les qualités intrinsèques du matériau qui créent toute l’attractivité de la proposition.