Après quatre ans d’études et autant de travaux, AREP a finalement livré en 2019, la nouvelle gare de Rennes (Ille-et-Vilaine), un pôle multimodal (à 60 M€), qui permet de relier les deux rives du fleuve ferroviaire. Communiqué.
Le projet de la gare s’inscrit dans une réflexion urbaine à l’échelle du quartier et de la ville, portée par Rennes et la communauté d’agglomération : le projet EuroRennes, vaste opération qui transforme en profondeur le tissu urbain à proximité de la gare, de part et d’autre du faisceau ferroviaire sur des terrains appartenant à SNCF ou à des propriétaires privés (ZAC de 58 hectares dont 300 000 m² à construire).
Il aura fallu presque dix ans, dont la moitié d’études et l’autre de consultations et de travaux pour achever la métamorphose de la gare de Rennes, laquelle répondait à deux objectifs majeurs :
– l’accueil de la ligne à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire avec l’adaptation des ouvrages liés à l’augmentation des flux de voyageurs (de 10 à 20 millions de voyageurs / an en 2020 et 30 millions en 2040, avec notamment l’augmentation des flux en correspondance) ;
– la mise en place d’une intermodalité globale entre les différents modes de transports en organisant les connexions entre le train, les lignes de métro, les flux automobiles et piétons, les modes doux et les transports de bus urbains et interurbains.
Un équipement à l’échelle de la métropole
La gare devient un équipement de première importance à l’échelle de la métropole mais aussi la porte d’entrée de l’ensemble du territoire breton. Dépassant les limites d’un bâtiment unique, le pôle d’échanges s’inscrit dans le projet urbain suivi par les architectes et urbanistes de la ZAC et s’affirme comme l’une des pièces majeures d’un «paysage construit» reliant le nord et le sud par un grand mouvement de terrain enjambant les voies ferrées.
À l’interface entre le bâtiment existant et l’extrémité du parvis d’origine s’étend un paysage construit sur lequel pousse la lande bretonne et en haut duquel vient se poser délicatement une grande brume, un nuage porté par une forêt de poteaux constituant à la fois la couverture de l’extension de la gare, la façade et l’identité de la gare, de jour comme de nuit.
Un an d’études et d’échanges entre urbanistes, architectes, ingénieurs de SNCF et d’AREP, et l’équipe d’architectes et d’urbanistes de la ZAC a été nécessaire pour aboutir à un consensus. Au cours de ces échanges, les concepteurs ont cherché comment construire un espace doté d’une couverture et d’une façade qui ne soit pas pour autant monumentales (malgré un hall existant à 7 m au-dessus du sol), et créer un repère dans l’espace urbain qui soit différent d’un repère classique.
Une colline qui enjambe le fleuve ferroviaire
La rupture urbaine créée par le faisceau de voies a été abolie par la création d’une véritable colline artificielle qui enjambe le fleuve ferroviaire. Le paysage construit a transformé radicalement la relation entre les deux rives sud et nord et assure désormais la continuité piétonne et paysagère entre les deux parvis devenant ainsi un élément central du dispositif urbain.
Le paysage prend appui sur le parvis historique au nord pour atteindre en douceur le niveau de la dalle ferroviaire 7 mètres au-dessus. Depuis ce niveau haut, on accède à la salle d’échanges sous la grande couverture protectrice du volume central de la gare.
Le paysage construit est un ouvrage complexe en béton armé coulé sur place. Il a la forme d’un immense origami de 320 facettes qui constitue une partie du plafond de la salle d’échanges. Son façonnage, ainsi que la nécessité de réaliser un pontage au-dessus de la ligne A du métro, ont exigé d’exceptionnels moyens de mise en œuvre. L’ensemble de la sous-face de l’ouvrage restant visible, l’installation des fonds de coffrage a demandé un soin tout particulier.
Le paysage se prolonge par un nouvel ouvrage de franchissement des voies ferrées, la passerelle Anita Conti, qui monte progressivement à 11 m de hauteur pour rejoindre le parvis sud. Ce nouveau franchissement – avec son saut de loup paysagé étudié avec les paysagistes de la ZAC (agence TER) – est un ouvrage métallique de largeur variable. De 12 m côté nord, il s’épanouit à 17 m au sud en épousant la pente du site avec des vues dégagées sur le fleuve ferroviaire.
Ouvert depuis un an et demi, ce franchissement en pente douce crée un évènement des plus surprenants. Audacieux, innovant, radical, il crée une topographie originale.
Un immense nuage sur la lande bretonne
Les architectes d’AREP ont imaginé un grand nuage qui se pose sur le paysage construit. Orienté au nord, le volume de la couverture fait aussi office de façade. Ce concept de couverture de 2 900 m² de surface qui flotte au-dessus de la salle d’échanges nouvellement créée est à la fois toiture et façade sur la ville.
Le nuage se compose de quatre nappes de 7 m de largeur (formées de deux longerons de part et d’autre et de deux coussins ETFE*, semi-cristallins qui laissent passer la lumière naturelle, avec un longeron intermédiaire), le tout supporté par une forêt de structures arborescentes légères composées de poteaux métalliques avec branches en bois. Chacun de ces poteaux prend racine au niveau -1 de la gare pour aller chercher la couverture à plus de 17 m de haut sans interruption.
La nouvelle gare de Rennes a pris sa forme définitive fin février 2019. La pose de la toiture en ETFE a constitué la phase finale du projet de la gare.
La salle d’échanges
Sous le nuage, spacieuse et lumineuse, avec ses 2 000 m² de granit au sol, la salle d’échanges constitue le nouveau cœur de la gare. Ce volume – d’environ 130 m de long, de 20 à 30 m de large et de 17 m de hauteur sous couverture – regroupe l’ensemble des circulations verticales et horizontales qui permettent de relier tous les modes entre eux (à Rennes, une majorité de voyageurs vient par les transports en commun, contrairement à d’autres sites de même taille).
Les escaliers fixes, mécaniques, les rampes, passerelles, ascenseurs sont mis en scène afin que tous les cheminements soient parfaitement lisibles : depuis la dalle vers le métro, depuis la gare routière vers le passage souterrain, depuis la ville vers le métro…