Au menu des coureurs de l’ultime étape de montagne à travers les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées, l’escalade de deux géants du Tour : le Tourmalet (17 km à 7,3%) et Luz Ardiden (13 km à 7,4%).
Les grimpeurs qui n’ont pas encore assuré leur place sur le podium ou dans le Top 5 ou le Top 10 voudront se créer de la marge avant le dernier contre-la-montre individuel la veille de l’arrivée. Les grimpeurs qui ont déjà tout perdu voudront se refaire avec une victoire d’étape. Les baroudeurs qui ont vu sur ce Tour des échappées aller au bout voudront tenter leur chance. Le maillot à pois de meilleur grimpeur sera aussi un enjeu. Bref une étape nerveuse de bout en bout tandis que les sprinters vont eux compter les kilomètres jusqu’à la délivrance.
Pour ne rien rater de l’arrivée et afin de rendre un dernier hommage aux montagnards, les suiveurs de l’architecture contemporaine feront comme eux, ils se lèveront tôt. A Pau, il est difficile dit-on de conclure un repas sans fromage ! Cela tombe bien puisque les suiveurs sont pressés et qu’ils ont encore peu goûté les fromages locaux. Pour le petit-déjeuner donc, tomme de brebis fermier et tomme de chèvre accompagnés de fromages frais et fromage pur brebis d’estive ou au lait cru de vache, sans oublier une raclette de chèvre affinée au Jurançon et un gruyère de chèvre, lesquels permettront de rattraper le retard. Et il en restera assez à grignoter toute la journée sur la route dans la voiture.
De bonne heure donc, ils se rendront à Bilhères en Ossau, tout près de Pau pour découvrir la maison bioclimatique inspirée des constructions traditionnelles construite par l’architecte Jean-Pierre Bourgerie. A flanc de montagne, la maison offre des points de vue remarquables sur la vallée et la vue est tout autant l’objet de cette visite, dans le calme du petit matin.
L’architecte Jean-Pierre Bourgerie a répondu à un cahier des charges bien précis : matières simples et rustiques, volume traditionnel, maison bioclimatique. « Il s’agissait d’exigences à accorder avec les contraintes de construction en montagne : en l’occurrence les pentes de toiture, l’utilisation de matériaux adaptés au climat et les fondations sur un terrain accidenté », dit-il.
Les matériaux utilisés, pierre et bois en façade, ardoise en couverture, répondent à l’esthétisme traditionnel de la région. Le bâtiment est implanté parallèlement aux courbes de niveaux, perpendiculairement à la pente pour optimiser l’emprise sur la parcelle. Il s’agit d’une maison à niveaux, qui dispose d’un porte-à-faux de près de 2m pour profiter de la vue exceptionnelle.
Retour à Pau pendant que les coureurs se lèvent à peine. Ce qui laisse le temps, après la visite du château d’Henri IV – pour se souvenir de l’édit de Nantes et de la poule au pot – et un tour en funiculaire, de se rendre à pied rue Louis Barthou pour visiter le lycée éponyme. Pas besoin de rentrer à l’intérieur, c’est la cour de récréation réalisée par l’architecte palois Pierre Marsan qui vaut le détour. Encore que ‘cour de récréation’ ne rende pas justice à cette réalisation, un mail serait plus juste peut-être.
L’espace est traversé par un réseau de cheminements dont les surfaces se déforment au gré de pliages et dépliages afin de créer des volumes où sol, parois verticales et toits ne font plus qu’un élément formant le préau et l’espace sanitaire. Heureux lycéens palois ! Pour le coup, si les suiveurs n’ont pas traîné, ils peuvent descendre la N134 pendant quelques minutes et pousser jusqu’à Bosdarros pour découvrir une autre école, en bois cette fois, du même architecte.
Avant de reprendre la route du Tour, les suiveurs de l’architecture contemporaine peuvent, pour conclure leur visite à Pau, faire le tour de quelques extensions du même homme, qui semble en être passé maître.
Ainsi en est-il de l’extension des aires couvertes du Lycée Paul Rey (2018) ;
de l’extension d’une salle de sport (2017) ;
de l’extension d‘une maison (2013).
Après avoir quitté Pau, non sans s’acheter un kilo de coucougnettes – hommage gourmand et polisson au bon Roi Henri IV surnommé le « Vert Galant » – pour rapporter des gourmandises à la maison et se faire pardonner ces longues semaines d’absence sur le Tour, exactement sur la route, faire une pause à Lourdes.
Pendant que la caravane passe, les déjà malades et fatigués du Tour pourront toujours aller s’asperger d’eau bénite quand les autres suiveurs iront découvrir la transformation par les architectes Jacques et Florence Leccia d’une ancienne halle composée de deux pavillons type Baltard en une médiathèque et une halle avec marché couvert extérieur. L’aménagement de la place urbaine, c’est eux également.
L’ensemble, livré en 2007, est spectaculaire, la toiture n’étant pas sans évoquer une escadrille d’avions furtifs.
Après une dernière pause casse-croûte pour finir le pain et le fromage, rejoindre l’arrivée à Luz Ardiden et regarder les coureurs avaler tour à tour deux cols hors-catégorie de légende au risque, pour les gourmands, de la fringale.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018