Alors voilà, vous lisez le numéro 300 de Chroniques d’architecture. Trois cents est un nombre assez déroutant. Il fait penser à ces 300 types en jupe et en sandales qui, au nom de la démocratie, ont dans la Grèce antique tenu tête aux vastes armées du tyran Perse Xerxès Ier. Bon, l’histoire finit mal pour eux mais la légende demeure.
Numéro 300 ! A la rédaction, le sentiment perdure que le journal a été créé hier.
Ceux qui nous accompagnent depuis le début se souviennent sans doute qu’hier, le 10 novembre 2015, jour de publication du premier numéro de Chroniques d’architecture, nous étions loin d’imaginer alors un N° 300. Nous nous étions cependant donnés le droit de l’imaginer.
Que ne savions-nous alors que trois jours plus tard, un vendredi 13 novembre 2015 de sinistre mémoire viendrait nous rappeler la fragilité des ambitions. Ces évènements, dont le procès des lampistes s’achève à l’heure même où ces lignes sont écrites, ont profondément transformé notre société, pour le pire. Il n’y a de meilleur business – privé et politique – que celui de la peur. C’est lui qui s’épanouit encore plus aujourd’hui qu’hier. Les 300, ils sont en Ukraine !
Les pessimistes diront que l’on s’habitue à tout – vraiment qui Trump et Poutine empêchent-ils en France de dormir ? – tandis que les optimistes et les désespérés trouveront le courage de ne pas se résigner. Il n’empêche, Chroniques a fêté le jeudi 30 juin avec ses abonnés et amis l’évènement d’un numéro 299 à jamais unique, chacun des invités (ils ne sont pas tous sur la photo) affirmant avec nous que la légèreté de ton n’est pas antinomique de la gravité du propos.
De fait, à Chroniques d’architecture, chaque célébration est l’occasion de se souvenir que nous vivons, par défaut, sur une planète dangereuse que les architectes, par fonction, sont les premiers à tenter de rendre plus sûre, ne serait-ce que face aux intempéries. Ce numéro 300 et tous les numéros l’ayant précédé sont donc dédiés à celles et ceux qui ont à cœur le bien-être des Terriens.
A l’heure du numéro 01, nous remercions déjà toutes celles et ceux – ils se reconnaîtront encore – qui avaient permis à cette aventure éditoriale de prendre corps. Toutes et tous sont encore là, rejoints depuis par de nouveaux alliés au point qu’en 2022, après six ans et demi de gros temps, le magazine continue de ramer avec vigueur et de regarder vers l’avenir avec autant de confiance que possible.
Ce soutien indéfectible, aussi généreux soit-il, est pour la rédaction une injonction, celle de ne pas perdre le cap de l’indépendance et de la sincérité, un défi, nous l’espérons, renouvelé chaque mardi.
Alors voilà, le numéro 300, même s’il évoque de glorieux héros n’est rien d’autre qu’un seuil. Les alpinistes de l’Everest ne regardent jamais le sommet, ils comptent les camps de base. Le prochain camp de base de Chroniques, au nombre 400, est quant à lui prévu, selon nos calculs, pour le mardi 29 octobre 2024, année olympique. A la bonne heure…
D’ici-là, toute l’équipe et moi-même vous remercions encore de votre fidélité.
Christophe Leray
Rédacteur en chef
PS : Comme dans les musées, n’oubliez pas en sortant de passer par la boutique. Les paroles s’envolent, les souvenirs concrets demeurent. Une bonne action ou un cadeau (vraiment) original pour la famille ou les ami(e)s ? Tous les détails dans le Kiosque.