
L’AFEX est une association loi 1901 qui compte plus de 200 membres – une centaine d’agences d’architecture mais aussi des ingénieurs, urbanistes, paysagistes, architectes d’intérieur, industriels… – dont l’ambition est de promouvoir le savoir-faire des architectes français dans le monde. Découverte des projets lauréats du Prix AFEX 2025.
And Studio, Centre culturel, Chengdu, Chine

Inspiré par “une oie sauvage prenant son envol”, le Centre culturel de Tianfu à Chengdu se fond harmonieusement dans son environnement naturel grâce à l’utilisation de matériaux tels que le bambou et des murs-rideaux en verre. Ce projet incarne le nouveau paradigme de la « ville de croissance naturelle ».
Ses atouts :
– harmonie avec la nature à travers une conception intégrée dans la topographie locale et l’utilisation de matériaux durables
– fonctionnalité : centre culturel et vitrine pour le développement de Tianfu
– design innovant : des formes organiques et intégration visuelle avec le paysage environnant.
Points remarquable :
– Utilisation d’un atrium avec patio et grilles en bambou pour une lumière douce et une ambiance chaleureuse
– interaction entre l’intérieur et l’extérieur grâce à des éléments transparents et ouverts
– mise en valeur des collines et zones humides environnantes.
AREP, Pôle d’échange multimodal, Shenzhen, Chine

Gangxia North Station se trouve à la jonction d’un des boulevards les plus importants de Shenzhen, beaucoup de commerces en sous-sol existant se branchent sur la station pour créer un système souterrain fonctionnel et viable. Au total ce sont quatre lignes qui se croisent dans ce pôle d’échange multimodal qui permet de changer efficacement entre les modes de transport tout en se connectant au réseau souterrain existant et se propose de créer un dialogue entre la partie émergente de la ville et sa partie immergée.
La lumière naturelle peut pénétrer dans plusieurs endroits pour réduire la consommation électrique et aussi pour donner une notion du jour aux passagers qui se trouvent sous le niveau de la rue. Les transitions entre la ville extérieure et la station intérieure se font de manière douce avec des places en décaissé.
La présence des puits de lumière est accentuée grâce au plafond suspendu qui unifie tout l’espace et qui se retourne à l’intérieur des ouvertures. La dimension des espaces ouverts, combinée à ces apports de lumière naturelle donnent aux passagers une expérience agréable et spécifique de ce lieu. Les places en décaissée se fondent dans le paysage qui accompagne le boulevard. Elles donnent l’impression d’entrer dans un bâtiment plutôt que de descendre sous terre.
Bechu & Associé, Institut Africain de Recherche en Agriculture Durable, Laâyoune

L’A.S.A.R.I. (African Sustainable Agriculture Research Institute) est un projet visionnaire situé au coeur du désert de Foum El Oued, incarnant une architecture durable et respectueuse de son environnement. Première pierre de l’Université Mohamed VI Polytechnique de Laâyoune, ce centre de recherche off-grid s’inscrit dans une ambition nationale portée par l’OCP et la Fondation Phosboucraa, visant à développer durablement la région.
Conçu comme un écosystème intégré, A.S.A.R.I. dialogue harmonieusement avec le désert et l’océan, exploitant les ressources naturelles telles que le vent et le sable pour optimiser ses performances environnementales. Son architecture minimaliste et fonctionnelle repose sur des procédés constructifs ingénieux : un système mixte combinant béton coulé sur place et éléments préfabriqués, avec des façades modulables qui assurent isolation thermique et esthétique. Les patios centraux favorisent une ventilation naturelle, tandis que les espaces extérieurs deviennent des laboratoires vivants pour la recherche en milieu aride. L’innovation.
Inspiré par la culture sahraouie, le projet associe technologie et écologie pour créer un lieu unique, à la fois ancré dans son territoire et tourné vers A.S.A.R.I. ne se limite pas à un bâtiment : il redéfinit la manière d’habiter des paysages extrêmes tout en incarnant une philosophie de durabilité et d’identité culturelle.
Christophe Rousselle Architecte, Logements, Santiago, Chili

Situé dans un quartier résidentiel de Santiago du Chili, ce projet incarne une architecture libre, bien que façonnée par les contraintes du site et un cadre réglementaire strict. Claramaría se dessine comme un parallélépipède sculpté dans la matière brute. Mais derrière cette rigueur, il révèle une âme singulière : à chaque étage, des retraits subtils laissent place à des jardins suspendus, tels des fragments de terre flottant au sein de l’architecture.
Loin d’être un simple édifice, il devient un paysage habité, où le béton coffré dialogue avec la douceur du bois et la noblesse du travertin. Comme un monolithe ciselé par le temps, il accueille l’imprévisible, laissant la végétation tisser librement son propre récit.
Perraudin Architecture, Bureau et résidence, Djilor Djidiack, Sénégal

Cette construction expérimentale démontre qu’il est possible de construire des habitations adaptées au climat tropical sans avoir recours à des dispositifs techniques sophistiqués comme la climatisation. Elle utilise les ressources locales, terre, pierre, bois récupéré et paille.
Largement ouverte aux brises de la mer elle est ventilée transversalement. La forte inertie offerte par les murs de pisé lui procure un confort optimal. Grâce à l’utilisation des matériaux géo et bio sourcés comme l’absence d’engins à l’énergie fossile son bilan carbone est très bas.
Elle fut une expérience impliquant acteurs locaux, artisans et ouvriers issus du village et support d’apprentissage pour des jeunes architectes européens. C’est une recherche de solutions architecturale pour l’Europe confrontée à une tropicalisation de son climat.
Gaëtan Le Penhuel architectes & associés, Maison individuelle, Noto, Italie

Construire dans les douces collines du Val di Noto suppose de prendre quelques précautions préalables. Cette région agricole est sujette à la fois aux tremblements de terre, et à des températures élevées en été qui nécessitent, soit l’utilisation ancestrale d’une forte inertie, soit une climatisation « moderne ». Cette sécheresse estivale entraîne également de fréquents incendies. Pour la forme et la simplicité, ce projet est inspiré de la force archaïque des fermes locales, dont les murs souvent fissurés sont recouverts de ciment brut. Les pentes brisées de leurs toitures se fondent avec élégance dans les courbes du paysage.
Afin de répondre aux contraintes sismiques, thermiques et dans un souci d’intégration au paysage, l’agence a opté pour une double coque en béton armé. Il est bas carbone, mélangé à de la pouzzolane sortant des entrailles de l’Etna tout proche. Cette formulation allège le poids de la structure et transforme le ton froid du béton en une couleur chaude identique à celle du sol sicilien qui permet de fondre la construction dans son environnement.
L’empreinte du coffrage en planches de bois horizontales — minutieusement réalisé par des artisans locaux — donne au béton brut extérieur et intérieur un aspect archaïque. Il est son seul ornement. Ce béton est accompagné ponctuellement par quelques matériaux bruts : travertin non traité pour le mobilier intérieur et extérieur, menuiseries en chêne naturel, dissimulant portes, placards et boiseries, grilles coulissantes en acier tressé qui modulent la lumière et protègent la maison, et volets coulissants fabriqués à partir de planches de bois récupérées du coffrage de la construction.
Alliant modernité et tradition, ce projet requestionne les modes constructifs méditerranéens actuels, tout en s’appuyant sur la passion et le savoir-faire des artisans locaux, afin de générer un modèle durable et ancré dans son territoire.
Marc Held Architecte & Angele Keserwany, Ecole maternelle Samba Dia, Sénégal

Le projet de l’école maternelle de Samba Dia se distingue par son approche écologique, sociale et vernaculaire. Construit avec des matériaux géo et biosourcés issus de moins de 50 km du site, il valorise les savoir-faire locaux et mobilise une main-d’œuvre artisanale, excluant toute mécanisation lourde.
Inspiré de l’architecture traditionnelle, le design intègre des formes octogonales et des voûtes nubiennes, favorisant la ventilation naturelle et le confort thermique. Ce chantier a non seulement réhabilité des techniques ancestrales comme l’utilisation de la terre crue, du typha et de la chaux, mais il a aussi suscité un engouement pour ces pratiques, offrant aux artisans de nouvelles opportunités économiques.
Plus qu’une école, le projet devient un modèle de construction durable et un lieu de sociabilité pour la communauté, contribuant à un ancrage culturel et territorial fort.
Lire notre article Marc Held, l’architecte terre à terre de Samba Dia
Mathieu Forest Architectes & Zone of Utopia, Centre et hôtel, Luzhou, Chine

Le centre de dégustation Langjiu, situé au sommet d’une colline dans les montagnes du Sichuan, est un hommage subtil et poétique à la nature environnante. Conçu pour magnifier le paysage spectaculaire de la région. Deux miroirs suspendus, un d’eau et un d’acier, doublent le ciel et la vallée créant une illusion d’infini et une ambiance presque surnaturelle. L’architecture discrète et minimaliste semble fondre dans le paysage. Le centre de dégustation inclut également une salle intime pour les bouteilles les plus précieuses, ainsi qu’un salon VIP et des bureaux. Un hôtel de cinq chambres, adjacent au centre, permet aux visiteurs privilégiés de prolonger leur expérience. Le centre de dégustation Langjiu est ainsi un lieu où architecture, nature et poésie se rencontrent, offrant une expérience sensorielle et contemplative unique dans un cadre à la fois intemporel et contemporain.
Michel Remon & Associés, Centre de nano-technologie, Tel-Aviv, Israël

Le Jan Koum Centre for Nanoscience and Nanotechnology s’implante au cœur du campus de l’Université de Tel Aviv, dans un environnement marqué par la présence d’un parc luxuriant et d’une architecture moderne et contemporaine. Ce centre de recherche, dédié à l’exploration de l’infiniment petit, prend la forme d’un parallélépipède sans échelle, véritable écrin abritant des technologies de pointe.
L’enveloppe extérieure du bâtiment, composée de lames d’acier blanc, filtre la lumière naturelle et crée un jeu d’ombres et de lumières en constante évolution. Cette peau protectrice abrite des espaces intérieurs hautement spécialisés : salles blanches, laboratoires isolés des vibrations, où les chercheurs, en combinaisons, manipulent des nanoparticules et des robots microscopiques, invisibles à l’œil nu.
Le projet, né d’un concours international, est le fruit d’une collaboration entre architectes, ingénieurs et paysagistes français et israéliens. Il témoigne d’une volonté de créer un lieu d’excellence scientifique, à la fois fonctionnel et emblématique, qui symbolise l’innovation et le dynamisme de l’Université de Tel Aviv.
Think Tank, Grand Marché Central, Kinshasa, Congo

Le Grand marché central – Zando – est ambitieux en termes d’échelle (son emprise correspond à 4 terrains de foot), d’engagement social (afin de rester accessible à tous), d’environnement (dans un pays où la sobriété n’est pas vécue comme quelque chose de positif), d’économie (tant sur le plan du budget, tenu, que sur l’emploi local dès la phase de réalisation). Le calendrier avec les études de programmation et conception perturbées par la pandémie puis le contexte d’évolution des matières premières et les conflits, et un chantier de 2,5 ans, s’étale sur une durée totale cinq ans. Ce qui est rapide étant donné le projet, l’absence de données de départ, le contexte et sa taille.
Le programme mixte se développe sur 81 500 m² de surface avec le marché couvert, 650 boutiques, un pôle logistique, un foodcourt, le marché aérien, des locaux supports et administratifs. Sur le plan architectural, l’ensemble est conçu de façon à limiter le recours au second œuvre et à la technique (limiter les imports et la maintenance). La construction utilise deux matériaux présents localement : le béton (structure et dalles champignons) et la brique de terre cuite (façades, garde-corps…)
Un manifeste kinois. Ce nouveau marché, exemple contemporain d’architecture tropicale et brutaliste, fait partie du paysage et de l’imaginaire des habitants de la capitale congolaise. Zando change l’image de Kinshasa, en une ville moderne et responsable, une métropole africaine inscrite dans son époque.