L’engouement pour les nouvelles technologies est à la construction ce que l’adolescence est au parcours humain ; une étape dont il est fréquent de regretter amèrement les excès. Chronique du philosophe.
Je suis étonné de constater que, même parmi les politiques se revendiquant sympathisants écologistes, seulement une minorité de ceux-ci arborent une attitude réticente à l’idée d’envisager un parc immobilier dont les coulisses auront matière à propager continuellement des ondes sur chacune des scènes de vie ou de travail qui s’y joueront.
Toute évolution apparaît avec, caché dans son bagage, son lot de désastres.
Concernant les étapes de construction, il me semble que les nouvelles assistances informatiques telles que le Building Information Modeling (BIM), doivent être appréhendées comme des outils dont l’utilité n’est en rien marquée d’un caractère systématique.
Si les Espagnols ont d’ores et déjà rendu obligatoire le BIM pour certaines de leurs infrastructures, je regretterais qu’en France, nous considérions qu’il faille imposer aux acteurs du bâtiment une technologie qui, insidieusement, conduira vers le délitement des chaînes courtes, directes et locales de construction.
Mal exploité, le BIM peut être l’allié de l’asservissement des PME et de l’innovation à la française.
Au cours d’une époque lors de laquelle l’entrepreneuriat populaire est mis à mal, il faut toujours se méfier des moyens ayant pour principal objet de limiter coûts et main-d’œuvre.
Il ne faudrait pas que le BIM devienne à l’architecture et à l’immobilier une maîtresse Messaline qui, au fil du temps, détruirait le peu de territorialité qu’il reste encore en France.
D’autre part, plus il y aura d’objets connectés dans les bâtiments, plus il y aura de cancers demain !
Il semblerait que chaque période de l’ère moderne soit dominée par un mal propre à chaque siècle ; hier, en ville, la pollution tuait, à l’avenir, ce sont les ondes qui élimineront.
Les Français ont jusqu’ici fait preuve de suffisamment de négligence à propos des réglementations concernant l’impact des constructions sur la santé collective. Même les Américains n’ont pas l’audace d’attribuer des adresses à des couples qui verront leurs enfants grandir sous des lignes à haute tension.
La transition numérique ne doit pas être un suicide par radiation.
Aussi, j’appelle toutes celles et ceux qui décident des investissements visant à numériser de nombreux segments de la société, à disposer au centre de toute réflexion, les conséquences que ces installations auront à long terme sur la santé des concitoyennes et concitoyens.
Tom Benoit
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