Le 20 novembre 2019, le Syndicat Patrimoine Architecture exprimait à son tour son courroux quant au propos tenus par le général Georgelin*, représentant spécial du président Macron sur le chantier de la cathédrale. Communiqué.
Nous tenons à apporter notre soutien à la position publique de notre confrère Philippe Villeneuve pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris. Il refuse, avec courage, d’assurer la maîtrise d’œuvre d’un projet qu’il ne cautionne pas si l’État lui demandait une flèche contemporaine. Il assume sa position. Il fait connaître son avis. Et la parole d’un architecte est toujours respectable.
Le seul pouvoir des architectes est de dire non quand d’autres veulent leurs imposer ce qu’ils ne veulent pas, ou souhaitent ne pas faire, pour des raisons techniques, ou de déontologie, ou pour le respect de la cohérence de leur projet. Leurs paroles devraient susciter le questionnement du pouvoir régalien et des maîtres d’ouvrage en général.
La parole d’un général qui traite l’architecte comme un bidasse de la «grande muette» en lui demandant «de fermer sa gueule» est un affront à toute notre profession ! Malheureusement ce n’est pas seulement la dérive d’un langage de militaire. Ces propos illustrent la manière dont la profession est traitée par les services du pouvoir régalien, même des agents du ministère de la Culture qui devraient être attentifs aux architectes.
Une direction de l’architecture existe dans ce ministère. Mais l’architecture est l’art le plus censuré souvent en abus de pouvoir. La manière dont sont construits les marchés publics qui enferment l’architecte dans des carcans déconnectés de la réalité reflète aussi le manque de considération pour ce métier. Nous pourrions citer bien d’autres exemples. Sans doute les Architectes eux-mêmes n’ont pas su se faire respecter, trop attentifs à ne pas contredire ceux qui ont le pouvoir de bloquer leurs travaux, et leurs gagne-pain.
Le Syndicat Patrimoine et Architecture demande au ministre de tutelle que, quel que soit le «gradé» qui s’exprime, il le fasse en respectant la profession!
Le Syndicat intervient spontanément, pour faire respecter la profession, sans prendre parti pour une reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris soit à l’identique ou soit contemporaine. Les délais de stabilisation de restauration nous donnent le temps de rechercher des propositions et de choisir la plus pertinente au regard des projets.
Louis Prieur, François Peyre,
Franck Essner, Jean Fréderick Grevet
*Voir notre article A Notre-Dame, plutôt qu’en marche avant, la République En Avant ! Marche !