Jean-François Suzzarini n’est pas un maître d’œuvre tout à fait comme les autres. Issu de l’industrie automobile, il estime que la maison doit offrir des «prestations» comme n’importe quel autre produit. Installé à Annecy, il tire parti, en termes de très haute technologie et de développement durable, de l’expérience des constructeurs Allemands, Suisses et Autrichiens.
Présentation de Jean-François Suzzarini (IMAGINE, Annecy)
« Pas plus qu’un constructeur automobile n’a la ‘passion de la tôle’, notre société (IMAGINE) n’a la ‘passion du bois’. Par contre, nous nous efforçons de proposer un produit doté de prestations précises et, pour les obtenir, nous pratiquons une véritable ingénierie des matériaux, cherchant à tirer le meilleur parti de techniques inédites, alliant simplicité et efficacité et n’hésitant pas à remettre en cause des habitudes bien établies.
Par exemple, les façades de nos maisons sont le plus souvent crépies sur une isolation extérieure, car un mur crépi ne nécessite pas d’entretien et, contrairement aux apparences, il est plus isolant qu’un mur d’épaisseur identique habillé d’un bardage bois. Dans le même esprit, nous utilisons, chaque fois que la fiabilité et la durabilité peuvent en être assurées, des matériaux naturels et sains : structure intégralement constituée de bois, isolation en panneaux de fibre de bois sans liants chimiques (type PAVATEX), lasures sans solvants, doublage de cloisons en panneaux de plâtre renforcés de fibres de cellulose (type FERMACELL), tuiles en terre cuite, etc.
Notre concept est le suivant. Partant du principe que la concrétisation d’un rêve ne doit pas pour autant faire oublier les réalités, nos maisons sont conçues et construites sur mesure en utilisant la technologie au service du contenu architectural avec la volonté de tirer le meilleur des préceptes de développement durable, de bio-construction et d’autonomie énergétique. Et comme nous proposons un produit fini, nous nous sommes fixés les mêmes principes que dans l’industrie, c’est-à-dire vérité des prix, transparence et engagements qualitatifs.
Pour ce faire, nous sommes dans certains cas amenés à travailler avec des constructeurs allemands et/ou suisses qui sont largement en avance dans ce domaine et savent, à partir des plans d’architecture et après une visite de deux jours du client à l’usine pour choisir toutes ses finitions, élaborer des maisons au millimètre près, qui seront montées et intégralement finies en quelques mois. Ces constructeurs sont en effet en mesure de proposer des garanties allant jusqu’à 30 ans sur la structure, cinq ans sur le second-œuvre et cinq ans de service après vente gratuit. Des maisons qui sont plus chères que les prix pratiqués en France … mais une BMW est aussi plus chère qu’une Lada.
D’autant que ce coût initial doit être relativisé en regard des économies attendues à l’utilisation, puisque nos maisons s’appuient, dès la conception, sur l’utilisation des règles simples de la bio-climatique et l’utilisation de concepts techniques et énergétiques précis.
Nous nous inspirons du label suisse MINERGIE et du label allemand et autrichien PASSIVHAUS pour créer des maisons à très basse consommation d’énergie. Pour rappel, le premier label demande des consommations d’énergie inférieures à 42Kwh/m²/an quand le second en exige15 au maximum (pour comparaison, en France, dans les bâtiments construits avant 1975, cette valeur est de 328kwh/m²/an, entre 80 et 100 aujourd’hui pour les bâtiments neufs. NdR). Des chiffres qui d’ici quelques années commenceront chez nous aussi à prendre une réelle signification, avec l’augmentation inévitable du coût de l’énergie.
Pour y parvenir, technologie et simplicité vont de pair. Par exemple, nous utilisons pour ventiler, rafraîchir ou réchauffer nos maisons un système connu depuis des millénaires : le puits canadien, ici branché sur une ventilation double-flux à récupération de chaleur. Une pompe à chaleur fournit le peu d’énergie d’appoint encore nécessaire pour assurer le confort thermique intérieur. Elle est idéalement combinée à un système d’eau chaude sanitaire solaire, d’ailleurs subventionné par l’ADEME, et un système de récupération d’eau de pluie est systématiquement proposé.
Nos maisons sont à ossature bois car il s’agit de l’un des meilleurs matériaux de construction en terme d’écologie et d’efficacité thermique et un des seuls à permettre une industrialisation poussée, garante d’une qualité durable. Pour cette raison, la préfabrication de l’ensemble de la structure et de tous les éléments constituant le premier-oeuvre (escalier, menuiseries intérieures et extérieures, vitrages,…) est dans tous les cas confiée à une seule et même entreprise, de manière à garantir la qualité d’ensemble et l’exacte conformité aux choix techniques de départ et à réduire drastiquement les aléas de chantier toujours sources de dégradation de la qualité. Si l’on ajoute à ces éléments une attention extrême portée à l’isolation générale (y compris celle du sous-sol), aux ponts thermiques, aux menuiseries et au montage des vitrages, nous obtenons au final une maison qui, dilapidant très peu d’énergie, n’en consomme que très peu en retour.
J’aimerais enfin préciser qu’à mon sens, la qualité n’a de sens que si elle est exactement quantifiable (quel résultat attendu pour quel investissement ?). La vraie qualité d’une maison se mesure sur le long terme : absence de vieillissement de la structure, conservation dans le temps des prestations énergétiques, etc. Or en France nous subissons la dictature du coût au m². Cela a autant de sens que d’imaginer le prix de sa voiture au kilo. Les particuliers, me semble-t-il, fonctionnent trop encore, à partir de leur budget, par soustractions successives qui laissent la part belle à l’ameublement et aux finitions, pour aboutir souvent au final à une construction de médiocre qualité.
Ce que je propose est exactement l’inverse. Définissons d’abord l’usage et le niveau de prestation attendus, les économies espérées à long terme, les possibilités offertes par les différents matériaux, etc. Au final, il vaut mieux une maison confortable, économique dans le temps, durable et belle architecturalement, même si elle doit être un peu plus petite, qu’une maison qui ne proposera qu’une suite d’insatisfactions et de regrets, de sa construction à son entretien. Lorsque l’efficacité est elle-même porteuse de beauté, il n’y a pas besoin d’artifice pour plaire».
Propos recueillis par Christophe Leray
Cet article est paru en première publication sur CyberArchi le 30 mai 2007