Dans le cadre du festival Setouchi Triennale 2016, qui cherche à promouvoir les îles pauvres et dépeuplée de la mer intérieure du Japon, Mikan a dessiné et auto-construit cet intriguant ‘Pavillon de la sardine’. L’idée était de construire un lieu à la fois hors du temps et dévoué au futur de la minuscule île d’Ibuki, dans la préfecture de Kagawa. Architecture japonaise ? Découverte.
Manuel Tardits, associé fondateur de l’agence Tokyoïte Mikan (Kiwako Kamo, Masashi Sogabe, Masayoshi Takeuchi, Manuel Tardits), malgré une année 2016 productive, estime que le «fait de gloire le plus dur» de l’agence fut la réalisation d’un pavillon de la sardine dans une île mourante de la mer intérieure japonaise.
L’Art Front Gallery, Setouchi Triennale, maître d’ouvrage, avait commandé un lieu de rencontre pour cette île d’à peine un km²réalisé. Vœu réalisé par Manuel Tardits avec un charpentier et un couvreur de tuile locaux, ses étudiants de l’université Meiji et des volontaires, dont quelques français (Caroline Claudé, Asako, Naoki et Stéphane Duval, Maxime Hervet, Pauline Le Basse) accompagnés de l’architecte parisien Frank Salama,
«Ce pavillon est symbole de l’île car il est littéralement fabriqué à partir de sa culture, de ses matières. Nous avons utilisé ou recyclé pour l’essentiel des matériaux présents dans l’île (bambous, pierres, sable, bois-flottés, tuiles, passoires à alevins de sardines et portes coulissantes recyclées, etc.)», explique Manuel Tardits.
Ce pavillon situé le long de la grand-rue du village peut accueillir des touristes pendant le festival. Il sert aussi de lieux de repos et de rencontre pour les gens du village et de réception des bentos (terme japonais désignant le repas rapide contenu dans un coffret pris hors de la maison) du collectif local de vieilles dames.
Le nom de l’ouvrage lui est donné par les passoires recyclées qui servent d’auvents protecteurs contre l’ardeur du soleil. Ces passoires, utilisées pour la pêche, sont un hommage à la seule richesse de cette île, la pèche estivale, de juin à août, d’alevins de sardine et d’anchois, qui seule maintient en vie une économie difficile et une population raréfiée et âgée.
Ne pas se fier à la petite surface de l’ouvrage – 27m² seulement – tant la richesse et noblesse des matériaux, pourtant issus du recyclage, donnent son cachet à cette construction singulière. En effet, la structure est composée de madriers ronds en cyprès et de poteaux et autres poutres en pin-douglas tandis que le sol est réalisé en planches de cèdre pour échafaudage. Le plafond est lui constitué de cèdre brulé (yakisugi) et les portes recyclées avec insert en verre et en miroir.
Le mobilier, quant à lui, est conçu à partir de bois flotté, de bambous et passoires. Enfin, le jardin est dessiné avec des bambous, du sable, des pierres et des tuiles recyclées.