L’hôtel particulier « Résidence Eisenhower », à Reims (Marne), édifié au début du XXe siècle, a été entièrement restauré et restructuré par Chatillon Architectes en 2022 dans la continuité de son histoire, afin de le transformer en un lieu de prestige pour les maisons de Champagne Piper Heidsieck, Charles Heidsieck et Rare Champagne. Communiqué.
L’hôtel Mignot a été construit entre 1911 et 1913 par l’architecte parisien François-Adolphe Bocage pour le compte du commerçant en épicerie Édouard Mignot. Bel exemple d’architecture du style
Beaux-Arts, ce bâtiment se caractérise par un grand éclectisme architectural et décoratif. Au-delà des mélanges propres à son époque de construction, certains éléments reconstruits après la Première
Guerre mondiale, comme le grand vitrail Art Déco de l’escalier d’honneur, contribuent à renforcer cette sensation.
L’hôtel Mignot a été construit en respectant les codes classiques d’un hôtel particulier avec une distribution intérieure hiérarchisée par niveau et par fonction : le rez-de-chaussée bas était dédié aux services, le rez-de-chaussée haut était l’étage noble avec les salles de réception et d’apparat, l’étage supérieur était réservé aux appartements de la famille Mignot, le suivant aux invités et le dernier au personnel.
Cet hôtel familial constituait une construction rémoise de grand standing pour l’époque, conjuguant modernisme, confort et classicisme. Au titre de la grande Histoire, il a été, l’espace de plusieurs mois, la résidence du général Eisenhower à la reprise de Reims par les forces alliées en 1945 et jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
Chatillon Architectes, choisi à la suite d’une mise en concurrence, est intervenu durant trois années dans ce bâtiment de 1 200 m2, morcelé et partiellement dégradé par des transformations et découpages successifs. Le profil de l’agence a convaincu les propriétaires de sa capacité à révéler tout le potentiel de l’édifice en conciliant mise en valeur de l’existant et utilisation contemporaine. L’objectif était d’en retrouver le caractère domestique et intime, dans l’esprit d’une grande maison de famille plutôt qu’un hôtel ou un palace normé.
« La Résidence Eisenhower nous est parvenue avec une grande partie de sa matière historique. C’est une demeure bourgeoise particulièrement représentative de la vie à Reims du début du XXe siècle. Malgré le temps passé, tout sommeillait dans l’attente d’une renaissance, dissimulé sous des aménagements récents. C’est bien cela qui guide les propriétaires, dont la demande est à la fois simple et complexe : faire revivre cette maison de famille au plus près de ce qu’elle fut », explique François Chatillon, fondateur de Chatillon Architectes.
Le travail de Chatillon Architectes a consisté à redécouvrir les volumes et décors des salles d’apparat (Grand salon, Petit salon, fumoir et salle à manger) et à restituer les espaces des chambres de maîtres, d’amis et d’attique (trois suites et neuf chambres), lesquelles disposent chacune de leur caractère particulier en termes de vue, d’exposition, de décor et d’atmosphère.
« L’unité du bâtiment, c’est son histoire et sa continuité. La Résidence Eisenhower a une très forte personnalité, que les gens vont comprendre en y entrant. Ils pourront dire « je préfère aller dans la chambre de Monsieur Jean, ou celle de Mademoiselle Marcelle. Ils sont accueillis dans la famille », poursuit l’architecte.
Les transformations nécessaires au confort et à l’accessibilité attendus dans un lieu d’accueil du XXIe siècle viennent s’insérer de façon douce et harmonieuse dans les interstices du bâtiment. L’un des enjeux du projet était justement de trouver des solutions pour répondre aux exigences relatives à un établissement recevant du public (ERP) sans que la norme ne vienne dénaturer les volumes ou soit en contradiction avec l’esprit d’une maison particulière.
L’ascenseur historique, considéré comme le premier ascenseur domestique installé à Reims, a été restauré et remis en fonctionnement avec son mobilier d’origine. La conservation de celui-ci ne permettant pas une adaptation PMR, un nouvel ascenseur contemporain a été installé pour garantir une accessibilité universelle.
Le projet a aussi permis la création d’une verrière zénithale au centre du bâtiment, unifiant les paliers du grand escalier. Le puits de lumière ainsi que la toile monumentale peinte par les Ateliers Meriguet permettent de créer le lien entre les différents niveaux. Au centre du 4e étage, sous les combles, Chatillon Architectes a installé un patio vitré autour duquel s’articulent les circulations, un salon de repos et les dessertes de quatre chambres mansardées.
Le projet a également permis d’aménager les belles caves voûtées et de créer de nouveaux espaces de dégustation dans une ambiance à la fois brute et tamisée. Au rez-de-jardin, les hôtes sont invités à pénétrer dans un lieu autrefois réservé au personnel de service, celui des communs. Ces espaces frais et lumineux permettent dorénavant d’accueillir la salle des petits déjeuners ainsi qu’une cuisine-atelier de niveau professionnel.
Les aménagements et le mobilier ont été choisis avec soin pour s’intégrer parfaitement dans ce nouvel écrin, faire écho à l’histoire des lieux et habiter de façon chaleureuse et contemporaine ce nouvel espace d’accueil et de réception. Le conseil en décoration, en achat d’art et en mobilier a été confié à Sarah Chatillon, dont la formation à l’Ecole du Louvre et l’expérience en galerie d’art contemporain ont forgé un œil singulier et spontané.
Le traitement paysager prévoit la conservation des alignements végétaux sur le boulevard et la rue, la recréation d’un sous-bois à floraison blanche à l’arrière de la Résidence Eisenhower, et la réimplantation du jardin de déambulation avec sa roseraie d’origine sur le côté. La création d’un pavillon d’été dans le jardin constitue un point d’arrêt dans la promenade paysagère.
La volonté très claire des propriétaires a été de faire confiance à des artisans d’art locaux, passionnés et dotés d’un savoir-faire exceptionnel. « Dès lors, le projet consiste à retrouver cette belle demeure, à la “soigner”, à la remettre en activité, à la remeubler, à la faire revivre sans brusquerie, sans contrainte, avec patience et finesse », ajoute François Chatillon.