Au terme des 200 km de course, les coureurs du Tour vont devoir traverser le « Grand Belt », et rouler sur 18 kilomètres sur un ouvrage d’art construit au-dessus de la mer pour rejoindre Nyborg, sur la terre ferme. Pour cette deuxième journée donc, la mère des étapes à bordures ! Il va falloir batailler, le moindre relâchement et c’est un coup de bordure à regretter jusqu’à l‘arrivée à Paris. Une étape nerveuse pour les coureurs donc mais culturelle pour les suiveurs du Tour de France contemporain qui l’auront constaté depuis leur arrivée : au Danemark, la mer n’est jamais loin.
Aussi, pour se faire une bonne idée de ce qui se passe sous sa surface, avant de quitter Copenhague, les suiveurs qui se seront levés tôt – il faut passer le Grand Belt avant la caravane et le peloton pour ne pas se retrouver bloqué et arriver après tout le monde – iront se rafraîchir la mémoire à Den Blaa Planet. Le nouvel aquarium national du Danemark – situé à Kastrup dans la banlieue de Copenhague – et réalisé par l’agence danoise 3XN offre, pour l’un des plus grands aquariums d’Europe, un aspect sculptural.
Allez, quelques wienerbrød (que les Anglais appellent justement « danishes », les traditionnelles viennoiseries danoises à base de pâte feuilletée, de pâte d’amandes et épicés avec de la cannelle, des noix de pécan, de la cardamome ou encore des amandes) et c’est parti.
Surplombant l’Øresund et inspiré par les courants de la mer, les volées d’oiseaux, les bancs de poissons et les cours d’eau, La Planète Bleue (en danois, Den Blaa Planet) prend la forme spectaculaire d’un gigantesque tourbillon, authentique maelstrom qui aspire les visiteurs.
Recouverte de petites plaques d’aluminium en forme de diamant, la façade réfléchit les couleurs et la lumière du ciel conférant à l’Aquarium des reflets changeants. Chacun des cinq bras du tourbillon accueille une zone spécifique : le hall d’entrée pour le premier, un auditorium, un centre éducatif et une cafétéria pour le deuxième, les trois derniers comprenant l’exposition permanente, les sections consacrées aux mers et océans, aux rivières et aux lacs et aux eaux froides danoises.
Le traitement architectural de la façade est emblématique de la conception des structures en acier. Le système porteur est ainsi composé de 54 cadres en acier qui, par leur positionnement radial et leur géométrie, forment les courbes qui caractérisent l’aspect sculptural de l’ouvrage. Au total, la structure métallique de l’ouvrage s’élève à plus de 700 tonnes d’acier.
Den Blaa Planet regroupe 53 aquariums d’eau douce et d’eau de mer et plus de 20 000 poissons. Comme la visite va prendre du temps, doubler le peloton pour arriver avant lui à Nyborg et ne pas rater l’arrivée.
Les suiveurs du tour contemporain devront alors reprendre la route, direction Odense, la seconde ville danoise, capitale de la Fionie, pour visiter le musée de Hans Christian Andersen, écrin végétal de bois et de verre, livré au printemps 2022 par Kengo Kuma & Associates. Il s’agit en l’occurrence, après Den Blaa Planet le plus grand aquarium du pays, de découvrir le plus grand projet culturel du Danemark en matière muséale.
« Totalement novateur par son architecture et son concept, ce musée, édifié sur 5 600 m², célèbre dans sa ville natale l’écrivain Danois le plus renommé avec un regard inédit porté sur son univers et ses créations », souligne le maître d’ouvrage.
Imaginé par l’architecte star japonais Kengo Kuma, ce projet ambitieux raconte le personnage Hans Christian Andersen non pas seulement comme il est mais comme chaque visiteur peut le ressentir ou le voir, en nouant une relation personnelle et en interférant dans différentes scénographies expérientielles relevant de l’art, de la poésie et du rêve. « Une exposition qui s’inscrit résolument dans la modernité de notre époque avec des moyens technologiques de haute volée et qui permet de prendre conscience justement de l’intemporalité des récits d’Andersen et de leur portée philosophique », indique encore le musée.
Au cours du processus de création, Kengo Kuma a expliqué avoir trouvé son inspiration dans le conte d’Andersen « Le Briquet » dans lequel un arbre révèle un monde souterrain qui offre de nouvelles perspectives à celui qui l’observe. « L’idée de la conception architecturale renoue avec la méthode d’Andersen selon laquelle un petit monde s’ouvre soudainement sur un univers plus grand », dit-il.
Certes, mais l’écrivain s’est défendu d’avoir écrit ses contes seulement pour les enfants et nombre d’entre eux doivent être relus à la lumière de son enfance pauvre et de son empathie, issue de ses nombreux voyages, pour les faibles et les déclassés. Si « La petite fille aux allumettes » ne vous met pas les larmes aux yeux, elle vous fait serrer le poing. Le vilain petit canard devient un cygne majestueux, cette petite fille-là ne voit pas la fin de l’histoire. Quant à la « Petite sirène », l’histoire peut être lue comme un immense regret désespéré. Des cauchemars donc autant que des contes aux étranges échos contemporains. La visite permettra ainsi de (re)découvrir un auteur fascinant dont chaque habitant du globe connaît au moins une histoire.
Le musée est caché dans l’écrin conçu par Kengo Kuma. Cachés par de grandes haies, des chemins sinueux mènent les visiteurs à travers une série de jardins scénographiques. D’une forêt dense et sombre de sapins tordus jusqu’à un jardin lumineux où les fleurs éclatantes chassent l’obscurité, les visiteurs déambulent, se perdent et expérimentent des émotions et sensations propres à chacun.
Bref une visite enrichissante. Après un café et quelques autres wienerbrød à la cafétéria, il faut reprendre la route, plein ouest, pour un coucher de soleil qui n’en a pas fini de se coucher.
Après avoir quitté Odense, et puisque les journées sont très longues – la nuit tombe à minuit et il fait jour à minuit et demi – reprendre la route pour rejoindre la partie continentale du Danemark, le Jutland, puisque c’est de là que partira l’étape du lendemain. Pour le coup, avant de retrouver le continent, sortir de l’autoroute, retrouver la mer et aller se promener le long de la côte à la découverte de l’architecture traditionnelle danoise souvent (bien) revisitée par des architectes contemporains.
Arrivés au bout du bout, sur un site offrant une vue imprenable sur la mer Baltique et vers les ports de Fredericia et Lillebaelt au-delà du détroit (le Snaevringen) entre l’île de Fionie et le Jutland, sonner à la Villa P, une maison individuelle livrée en 2016 par l’agence danoise Nørkær+Poulsen Architects (N + P Architecture).
La Villa P est une résidence de 195 m² qui témoigne des tendances de l’architecturale durable scandinave. L’approche nordique est caractérisée par l’utilisation de matériaux naturels tels que l’ardoise (pour la toiture et le bardage) et le bois, des grandes fenêtres et des lignes de toiture. Simplicité naturelle et ordre architectural.
« L’apparence des murs et des toits en bois de l’extérieur se poursuit à l’intérieur, créant une transition honnête et transparente de l’intérieur vers l’extérieur », expliquent les architectes de N + P. « L’ardoise est un excellent matériau qui résiste à l’épreuve du temps. En même temps, elle résiste aux conditions rudes et brutales près de l’océan », disent-ils, précisant que c’est la raison pour laquelle ils ont choisi ce matériau.
Comme la nuit ne sera toujours pas tombée, chercher un petit restaurant local et, les pieds dans l’eau, commander des frikadelles de poisson, un plat familial qui saura combler tous les appétits, repas évidemment arrosé de bière locale (avec modération).
Puis retrouver le pont et rejoindre enfin Vejle, ville de départ de l’étape du lendemain.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018