En juillet 2017, à Blåvand, sur la côte ouest du Jutland, BIG (Bjarke Ingels Group), associé avec Tinker Imagineers pour la muséographie, et Varde Museums, maître d’ouvrage, ont inauguré le TIRPITZ – un «sanctuaire» conçu dans un bunker allemand ensablé. Un complexe culturel pour contrebalancer la tragique histoire militaire du site ? Communiqué.
Le TIRPITZ transforme et agrandi un bunker allemand de la Seconde Guerre mondiale en un complexe culturel révolutionnaire parfaitement incorporée aux rivages protégés de Blåvand. Ce «musée invisible» de 2 800m² comprend quatre espaces d’exposition et compte attirer environ 100 000 visiteurs annuels.
«Le nouveau TIRPITZ est conçu comme un portail vers les histoires cachées de la Côte Ouest Danoise. Notre but était de créer une attraction humble et mondiale, surprenant ses visiteurs avec de nouvelles perspectives sur ce grandiose paysage. Avec l’architecture sans limite et attrayante de BIG et les étonnantes expositions de Tinker Imagineers, je sens que nous avons atteint cet objectif. TIRPITZ est une expérience incroyable et unique – violente, surprenante, dramatique, secrète – presque invisible», explique Claus Kjeld Jensen, directeur du Varde Museum.
Antithèse au volume imposant du bunker, le musée de 2 800m² apparaît subtilement comme une intersection entre une série de découpages précis du paysage. Contrairement à la construction lourde et intrusive de la forteresse d’artillerie originale – simplement un immense bloc de béton – le nouveau TIRPITZ s’intègre à la dune et est camouflé par le paysage.
«L’architecture du TIRPITZ est l’antithèse du bunker de la Seconde Guerre mondiale. L’objet massif et hermétique est contré par la luminosité et l’ouverture du nouveau musée. Les galeries sont intégrées aux dunes comme une oasis dans le désert – un contraste fort par rapport au monolithe bétonné nazi. Les passages environnants sont coupés dans les dunes de tous les côtés, descendants pour se rencontrer dans une clairière centrale, apportant la lumière du jour et de l’air au cœur du complexe. Le bunker demeure la seule marque visible d’un sombre héritage pourtant pas si lointain, qui lorsque étudié, devient l’entrée à un nouvel espace culturel et de rencontre», souligne Bjarke Ingels, fondateur de BIG.
En arrivant, les visiteurs voient d’abord le bunker, les coupures fines et les chemins menant au centre du complexe. La cour centrale permet l’accès aux quatre galeries souterraines qui abondent de lumière du jour bien qu’elles soient ensevelies sous les dunes. Les expositions, pensées par l’agence allemande Tinker Imagineers, proposent des expériences thématisées permanentes et temporaires. Chaque galerie possède son propre rythme, synchrone avec son histoire : haut et bas, jour et nuit, chaud et froid, le passage du temps.
‘Army of Concrete’ raconte les histoires humaines derrière l’énorme projet de défense d’Hitler, le Mur de l’Atlantique, comme celle d’Anna, une fille qui eut un enfant d’un soldat Allemand ; ‘Gold of the West Coast’ est l’exposition d’ambre la plus compréhensive d’Europe Occidentale, présentée dans une forêt d’acier. En plus de ses couleurs et bruitages changeants, l’atmosphère des chambres alterne entre chaud et froid en référence à l’histoire de l’ambre. Enfin ‘West Coast Stories’ raconte 100 000 ans de l’histoire de la côte ouest et devient de nuit, plusieurs fois par heure, un cinéma 4D. Le cinéma audio-visuel fait s’asseoir ses visiteurs dans un canot de sauvetage avant de les emmener dans un voyage temporel tempétueux.
Depuis les galeries, les visiteurs peuvent entrer dans le bunker historique, qui fonde le récit d’une impressionnante machine de guerre. Dans le noir, les visiteurs peuvent jouer avec la lumière et activer des jeux d’ombre qui révèleront comment le bunker aurait dû fonctionner.
«TIRPITZ est une opportunité unique pour combiner la nature et la culture de façon spectaculaire. Une visite du musée n’est pas la visite d’une galerie d’exposition mais un voyage scénique à travers le temps et l’espace de l’ouest du Jutland. L’idée est que le lieu lui-même prenne vie suivant le rythme de la nature», précise Erik Bär, fondateur associé de Tinker Imagineers.
Le bâtiment consiste en quatre matériaux et éléments principaux qui se retrouvent aussi dans les structures existantes et les paysages naturels du lieu – béton, acier, verre et bois. Les murs des salles d’exposition sont faits de béton coulé sur place. Ils portent un toit en porte-à-faux de 36m. La terrasse la plus large pèse environ 1.090 tonnes. Les principaux matériaux utilisés pour l’intérieur à travers les espaces des galeries sont le bois et de l’acier laminé à chaud, appliqué à tous les murs intérieurs. Des panneaux de verre de 6m de haut font face à la cour extérieure, permettant à la lumière naturelle de pénétrer ces espaces d’exposition.
Traduction : A. L.