Cette journée de repos bien méritée pour les coureurs l’est tout autant pour les suiveurs. Ils retrouvent la joie de routes ouvertes et calmes et oublient l’usage abusif mais nécessaire du klaxon dans la frénésie de la caravane. Puisque les amoureux de l’architecture contemporaine sont en Haute-Savoie, mettre cette journée à profit pour partir sur les traces de Maurice Novarina.
Dès potron-minet, direction Thonon-les-Bains pour commencer l’histoire par la fin et visiter le bien nommé Théâtre Maurice Novarina rénové en 2016 par Wimm Architecte et Silo Architectes, une agence déjà croisée au Grand-Bornand lors de l’étape 8.
Carinne Bonnot, associée de Silo Architectes et auteure d’une thèse sur Maurice Novarina, éclaire le travail de l’architecte et sera notre compagnon de la journée.
Le Théâtre fut l’une des premières Maison de la Culture voulues par André Malraux et l’une des premières livrées en France. Son dispositif clair rend le bâtiment visible et compréhensible depuis la ville. Deux volumes, l’hexagone public et le polygone privé, installent une stratégie de plan fluide. Sa façade largement vitrée transpose l’ambition de transparence de l’équipement et la volonté de rendre visible la culture.
« Le mur-rideau de toute hauteur est pensé en lien avec l’idée d’origine d’un équipement public de culture : la transparence est un outil de communication. La nuit, la lumière met en scène le bâtiment comme une lanterne. Les mouvements du public et de l’activité du bar animent la façade aux heures de spectacle », exlique Carinne Bonnot. Le projet de rénovation rend hommage à cette ambition initiale et offre un nouveau lieu de culture qui se situe avec justesse dans son époque et son histoire.
Les suiveurs laissent ensuite le Lac Léman pour repartir en direction d’Annecy afin de prolonger cette journée lacustre en passant d’un lac à l’autre. Nul doute que l’esplanade du Paquier fera de l’œil aux suiveurs qui tomberont peut-être la chemise pour profiter des eaux de la petite Venise des Alpes.
Une fois rafraîchis, ils pourront côtoyer le divin et méditer à propos de leur périple dans l’Eglise Sainte-Bernadette. Construite dans les années 1960, elle offre une vision moderne d’un lieu de culte et manipule avec délicatesse la lumière naturelle qui y pénètre abandonnement.
La façade sur rue se décompose par une succession de voile béton qui apporte une lumière rasante dans le dos des fidèles et décompose le volume de l’édifice. La façade opposée cadre par un bandeau bas le jardin attenant, et porte le signe de la modernité. Le regard n’est plus contenu par un plein ou un vitrail, il est libéré et reste en contact avec l’extérieur.
Le Palais de Justice d’Annecy complète cette escale. Le bâtiment livré en 1978 marque une nouvelle étape dans le travail de Maurice Novarina. Le volume posé sur un socle formant esplanade est au centre de la parcelle et décline une symétrie complète. Ce volume décollé est posé sur quatre grandes piles porteuses qui offre des porte-à-faux généreux formant coursive. L’usager approche le bâtiment par ses quatre faces, le débord du volume jouant le rôle de coursive et de seuil.
Le volume qui s’étire vers le ciel semble toiser la gravité en augmentant sa superficie à mesure que celle-ci augmente. La façade très largement vitrée reprend le principe de transparence mis en place à Thonon-les-Bains et symbolise ici le nécessaire besoin de celle-ci dans l’institution judiciaire. Des éléments en béton matricé apportent une sous-échelle et une volonté ornementale évidente. Ces motifs et cette matière fabriquent un cousinage amical avec la pierre de Rosette et offrent une délicatesse bienvenue.
En tout état de cause, dans les Alpes, Maurice Novarina, architecte savoyard est partout et les suiveurs n’auront aucun mal à retrouver ses œuvres en quelques détours.
La journée étant dédiée au repos, les suiveurs reprennent tranquillement la direction Albertville en longeant les berges du lac d’Annecy. Ils pourront, avant de rejoindre Albertville, prendre le temps de savourer les mets locaux dans la baie de Talloires ou au bout du « petit lac » à Doussard. Des quenelles de brochets aux écrevisses ou des perches parfaitement grillées leur permettront de parachever la journée au contact de l’excellence locale.
Guillaume Girod (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018