La notice de la territorialité a muté, se métamorphosant au rythme d’une symphonie politique dans laquelle la mondialisation occupe une place de premier violon.
L’urbanisme moderne est diabétique ! Sa représentation est amoindrie par un excès de douceur hypocrite, dont la vocation est de cacher l’embarras, de loger la misère, de dissimuler les résultantes d’actions politiques inappropriées, mais ne dispose en réalité d’aucune dimension sociale.
Aussi, je perçois l’invitation à la lutte visant à défendre l’identité territoriale comme la traduction la plus efficiente de l’engagement républicain.
Les architectes, les urbanistes, les consultants, toutes celles et ceux qui pensent l’aménagement des territoires doivent en souffler le prélude en définissant le tempérament d’un environnement sociologique déterminé, mais certainement pas en se soumettant à la navrante dictature de l’affectation glorifiée aujourd’hui.
Ce sont les citoyens, avec leur caractère et leurs déviances, qui constituent le tempérament d’une ville ! Pour autant, la cité doit être pensée pour les citoyens, mais pas à leur image – pas en mimant les citoyens.
Semblablement à une histoire d’amour, dont l’essence dépend des sujets qui la vivent, mais dont la destinée est inféodée en permanence à la fatalité, le récit de la ville n’est pas dicté par ceux qui l’envisagent ou qui la construisent ; plutôt par ceux qui la subissent, par ceux qui l’habitent, et donc, qui veulent en changer la nature.
Classiques ou contemporaines, les seules architectures qui m’interpellent sont celles qui saisissent assurément la main d’une population pour ne pas perdre un inéluctable bras de fer opposant l’identité des pierres à celle des êtres.
Aujourd’hui, il me semble parfois que les bâtiments essuient une larme avant même d’être livrés, et que leur premier tour est de mimer les femmes et les hommes qu’ils vont accueillir ; l’architecture ne sait plus draguer !
L’origine du déclin se trouve ici ; dans la dépréciation des aspérités, dans la médiocre quête vers l’équilibre. La stabilité n’a de valeur que lorsqu’elle est une réponse à deux volontés qui s’opposent et qui échangent.
S’il existe encore quelques ambitions pour la France, il est nécessaire de penser à nouveau son urbanisme en œuvrant pour magnifier une territorialité, et non pour loger une catégorie sociale de concitoyens.
Afin de faire oublier en quelques années les origines de la décadence urbanistique ainsi qu’un éventuel dénouement, il semble qu’une armée d’analystes/instigateurs œuvre quotidiennement dans certaines presses spécialisées dans le but de camoufler les échecs par de fausses causes et des ambitions inadaptées.
Une évolution de la situation sera peut-être envisageable lorsque professionnels et habitants cesseront de se réjouir, d’une part en contemplant un extérieur triste pousser avec l’inélégance d’un rajout, et d’autre part en observant quatre mètres carrés supplémentaires venant tout juste augmenter l’imperfection de l’aménagement du logement.
Tom Benoit
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