Wuhan 2030, première ecocité franco-chinoise. La consultation pour l’étude du schéma directeur de cette nouvelle écocité a été remporté par AREP qui propose une nouveau quartier, de 180 000 habitants quand même, qui s’appuie sur l’échelle des vieilles villes chinoises et les traces des cheminements existants. Communiqué.
La Chine, leader d’une prise de conscience mondiale
La Chine, au-delà des engagements pris à la COP 21 en 2015, devant entrer en vigueur en 2020, met en place des mesures particulièrement fortes, à l’échelle nationale et à l’échelle régionale, au profit du climat, de la qualité́ de l’air et de l’eau (notamment pour les terres agricoles), pour freiner la dégradation de l’environnement et la réduction des espaces boisés. Des sujets qui sont aujourd’hui cruciaux en Chine.
Plus qu’une prise de conscience, c’est un changement de mode de développement qui est mis en place par le gouvernement central. L’extension des villes, fondée sur la mécanique foncière laisse place à des politiques d’investissement de long terme plus qualitatives : elles remettent au cœur de la réflexion, l’organisation spatiale de la cité et de sa trame urbaine, l’efficacité énergétique des bâtiments, redonne la priorité aux modes de transport non polluants.
Participant à cette ambition nationale, le projet d’écocité franco-chinoise se fonde entièrement sur cette problématique fondamentale du respect et de la mise en valeur de l’environnement au service de la qualité de vie pour les habitants.
Dans le concert des métropoles chinoises, quelle place pour Wuhan ?
Wuhan est une ville moyenne – à l’échelle chinoise – de 13 millions d’habitants, dont le dynamisme économique repose aujourd’hui principalement sur la production industrielle. Son rayonnement est assuré par trois zones économiques d’intérêt national.
Pour assurer son positionnement dans une économie chinoise en pleine transformation et pouvoir prétendre au rang des cinq villes chinoises internationales, Wuhan doit engager une mutation vers l’économie tertiaire, à l’instar de Shenzhen qui est passée, en une dizaine d’années, d’un pôle industriel à un centre névralgique de la nouvelle économie en Chine.
Le projet d’écocité vient appuyer cette ambition métropolitaine de «révolution des services». L’investissement public et l’effort fourni par les acteurs privés dans le cadre du partenariat franco-chinois sur le site de l’écocité mettent l’accent sur les services à haute valeur ajoutée, l’économie de la connaissance, la culture, l’innovation technologique…
L’écocité franco-chinoise est la vitrine de la conversion économique de Wuhan, elle doit prendre place dans le territoire métropolitain comme laboratoire du Wuhan de 2030.
La méthode française : un groupement d’experts au service de la ville durable
Les écocités fleurissent en Chine, affichant des objectifs de performance très ambitieux, mais nombre d’entre elles peinent à se développer au rythme envisagé, révélant les lacunes des différents modèles de développement urbain. Forts des retours d’expérience des modes de production de la ville en France, les acteurs de la ville française développent aujourd’hui une méthode et une vision intégrée pour offrir aux futurs usagers et habitants de l’écocité le meilleur cadre de vie possible.
En 2014, le gouvernement français a réuni l’expertise de la ville à la française au sein du réseau Vivapolis afin de définir d’emblée une vision intégrée de l’écocité. A la suite des missions exploratoires de ces acteurs français de la ville, une consultation pour l’étude du schéma directeur de l’écocité a été lancée par l’AFD, en concertation avec les autorités chinoises et remportée par AREP.
Mission de préfiguration
Les équipes d’AREP Chine et Vietnam ont donc conduit une première mission de préfiguration de l’écocité de Wuhan, financée par l’AFD (agence française de développement) dans le cadre d’un accord de coopération avec la Chine, pour définir les grandes orientations environnementales de ce site humide et fragile.
Les recommandations d’AREP lors de la première étude ont été prises en compte dans le document d’urbanisme élaboré pour l’appel d’offres lancé pour l’implantation d’une écocité franco-chinoise destinée à accueillir 180 000 habitants sur 32 km².
Démarche
Le respect des traces, des cheminements – premiers jalons d’un espace public – et leur éventuel renforcement, la valorisation du bâti, la sanctuarisation d’un périmètre agricole sont les fils rouges de la démarche.
Partant de l’échelle des vieilles villes chinoises, tout en tenant compte de la densité, AREP a fixé des grands principes d’aménagement : des cœurs d’îlots de 160 m x 160 m accessibles aux piétons, un système de cours, un bâti varié, une mixité d’usages et de fonctions (logements, bureaux, commerces, infrastructures), des hauteurs limitées à 6 étages et quelques points hauts.
Des équipements phares sont implantés dans la trame urbaine à la charnière urbanisation / nature, tels des ponctuations : cité du cinéma, arena, pôle universitaire, centre culturel, maison du projet, centre d’art contemporain, etc.
Des îlots denses sont situés près des pôles d’échanges et de transports publics. Un réseau maillé de transports publics qui favorise le piéton est créé (c’est un des enjeux du concours). Les stations de métro, aux abords des villes, sont équipées de parkings, pour limiter l’utilisation de la voiture en ville.
Des corridors de ventilation naturelle, prévus dans les études amont, sont aménagés.
L’hydrologie
Le site est particulièrement humide ce qui implique des mesures de protection particulières pour :
– éviter que la ville ne soit source de pollution ;
– limiter les risques d’inondation par des retenues d’eau rejetées après purification ;
– utiliser les corridors comme bassins de filtration.
L’agriculture
– encourager le circuit court, manger local ;
– impliquer l’université sur les thématiques liées à l’agriculture ;
– travailler les transitions entre l’urbanisation et une agriculture ouverte sur la ville ;
– diversifier la production et retravailler la palette végétale.