Le Canada aime encore les partenariats Public-Privé (PPP). La preuve, CannonDesign + NEUF architect(e)s ont livré à Montréal, à l’automne 2017 avec un budget de 1,35Md€, un gigantesque hôpital de 275 000m² : le CHUM. Communiqué.
Après dix ans de travaux, la première phase de construction du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), conçu par CannonDesign + NEUF architect(e)s, a été livré à l’automne 2017. Initié en 2009, le projet est le plus grand projet de construction en santé en Amérique du Nord et le plus important partenariat public-privé dans le secteur de la santé entrepris au Canada à ce jour. Le nouveau CHUM marque le début de la revitalisation d’un secteur délaissé du centre-ville de Montréal.
«Depuis le début, le CHUM a été un projet hors-normes : de sa conception audacieuse amorcée il y a presque dix ans, jusqu’à l’édification de cette œuvre architecturale. C’est un moment important pour tous ceux qui y ont contribué et pour tous ceux qui profiteront des services de cet établissement à la fine pointe de la technologie», souligne José Silva, associé principal chez CannonDesign.
Le programme est copieux : un bâtiment principal de 22 étages et 5 étages en sous-sol ; un centre ambulatoire de 19 étages et 4 étages en sous-sol ; une tour de bureaux et bibliothèque de 16 étages et 3 étages en sous-sol (Phase II) ; une tour logistique de 10 étages et 3 étages en sous-sol ; un amphithéâtre de 3 étages (Phase II) ; un parking de 4 étages en sous-sol, sous l’Esplanade Jardin et le bâtiment principal, connectant l’hôpital, le centre ambulatoire, les bureaux médicaux, la librairie et l’amphithéâtre (Phase II).
Accélérer l’accès au public
L’équipe de conception a repensé intégralement le projet initial d’aménagement et d’architecture afin d’accélérer l’implantation des programmes cliniques. En maximisant le potentiel du site de construction avant la phase de démantèlement de l’hôpital Saint-Luc, et en simplifiant l’organisation de la programmation clinique, CannonDesign + NEUF architect(e)s a développé un centre hospitalier universitaire entièrement opérationnel en une seule phase.
Avec l’achèvement de cette première phase, le public a ainsi accès à l’intégralité des soins qu’offre l’institution, dont toutes les chambres de patient, les services diagnostiques et thérapeutiques, 400 salles d’examen et près de 40 salles d’opération, tout en incluant le centre des soins d’oncologie.
La deuxième phase complètera le campus avec la construction d’un amphithéâtre, l’ajout de services ambulatoires et de bureaux administratifs. Cette proposition architecturale permet aux Québécois de bénéficier, plusieurs années plus tôt que prévu, d’un accès complet aux plus importantes infrastructures en soins de santé.
Une dimension humaine
Afin de répondre au mandat dans son ensemble, l’équipe de conception a pris en compte les différentes échelles du projet : de la vaste échelle de la ville et du quartier environnant, à celle, plus fine et humaine, du patient lui-même, qui se trouve au cœur de la vocation de ce lieu de guérison.
L’architecture du nouveau CHUM combine ainsi les éléments d’une infrastructure sociale à un design éminemment urbain. Couvrant une superficie de près de 275 000 m² et englobant deux quadrilatères de l’est du centre-ville de Montréal, le complexe de 22 étages participera activement à la revitalisation du secteur. Il devient le point d’ancrage du nouveau Quartier de la santé tout en démontrant une philosophie de conception centrée sur le patient et l’individu.
«Au terme de la première phase du projet, nous constatons que la qualité des espaces est à l’image des grandes ambitions de l’institution», explique Azad Chichmanian, architecte associé chez NEUF architect(e)s. «Les Montréalais et les Montréalaises peuvent enfin s’imprégner de la qualité architecturale des lieux, tant des espaces publics à l’architecture invitante et transparente que des espaces cliniques à la fine pointe. Ils auront une image totalement nouvelle de ce que doit être un hôpital du XXIe siècle et l’intégration urbaine».
L’équipe de conception a créé une séquence dynamique et continue d’espaces publics qui se déploie au niveau de la rue, améliore la circulation urbaine, et lie le bâtiment à son environnement et à la ville. L’entrée principale du CHUM est conçue comme une vaste cour intérieure appelée Esplanade-jardin, qui donnera à la Ville de Montréal une nouvelle place publique emblématique. Au centre de celle-ci s’élèvera la pierre angulaire de l’organisation spatiale du campus universitaire, soit l’amphithéâtre, se distinguant par son recouvrement en cuivre.
La prestation des services est également à la hauteur de l’architecture. Les 772 chambres privées proposent chacune un généreux espace dédié à la famille, la large fenestration offre des vues imprenables sur Montréal, et les jardins-terrasses en hauteur sont accessibles à tous. Le complexe a été aménagé en suivant les principes de conception universelle et la grande majorité des 12 000 salles du complexe a pu être conçue en suivant un nombre contrôlé de salles modèles standardisées.
«La création d’un centre hospitalier aussi ambitieux exigeait de la part de notre équipe de considérer le projet sous tous les angles à la fois, mais nous avons mis à profit notre expérience du milieu de la santé de façon à toujours prioriser l’expérience du patient», ajoute José Silva.
L’art au cœur de l’architecture
Le campus du nouveau CHUM comptera un total de 13 œuvres d’art d’envergure, dont 10 en première phase. Toutes judicieusement intégrées à la conception des espaces publics, le CHUM présentera la plus grande concentration d’art public à Montréal depuis l’Expo 67. La vision audacieuse du comité consultatif a mené à l’adoption de programmes innovateurs tout en répondant aux valeurs de l’établissement de soins. Entre autres, un artiste en résidence suit l’évolution du processus de conception et de construction du projet, et une œuvre d’art majeure couvre 2 500 m² du mur-rideau du centre ambulatoire.
«Nous avons intégré les œuvres de façon à estomper la frontière entre l’art et l’architecture afin d’offrir aux patients, aux visiteurs et aux employés une expérience plus humaine», confie Azad Chichmanian. «En fait, plusieurs des éléments architecturaux peuvent être considérés comme des œuvres d’art en soi, notamment l’amphithéâtre, le clocher, la Maison Garth ou l’espace de recueillement, formant une série d’objets architecturaux qui animent la rue Saint-Denis. Le meilleur exemple est sans doute la passerelle de la rue Sanguinet, un pont aérien d’où émerge une arche lumineuse créée à partir d’un jeu graduel de perforations dans son revêtement en cuivre».
Démarche de conception
Tout au long du processus de conception, l’équipe a constamment repoussé les limites et les standards de qualité, tant au niveau de l’utilisation du design paramétrique pour le mur-rideau du bâtiment, de l’emploi de l’impression 3D pour réaliser des maquettes de coordination, de l’approche innovatrice d’intégration du patrimoine bâti, que de l’utilisation soutenue de la technologie afin de faciliter la communication entre les différentes équipes impliquées dans le projet. Aujourd’hui, le succès de la première phase incarne ce processus dynamique et attire déjà l’intérêt des pairs à l’international.
La phase II est prévue pour être livrée en 2021