L’agence Vincent Lavergne Architecture Urbanisme (VLAU), avec A&B PMCR pour l’aménagement intérieur, a livré en décembre 2021 la réhabilitation, extension et surélévation de la Tour Watt, icône du XIIIe arrondissement à Paris. Le montant de travaux de transformation de l’ancienne Tour du Loiret, réalisés pour ICF Habitat La Sablière, est de 11,5 M€ HT pour une surface de plancher de 6 053 m². Communiqué.
« La tour Watt est une icône du XIIIe arrondissement tel qu’il était il y a trente ans ; populaire, industriel et infrastructurel. Sa transformation exprime la capacité d’un quartier entier à muter, à renaitre au gré des stimulations. Les conditions changeantes du quartier doivent se retrouver dans l’architecture de la tour », explique Vincent Lavergne.
Située au cœur du XIIIe arrondissement de Paris, à l’angle de la rue du Loiret et de la rue Watt, cette tour initialement constituée de 175 logements datant des années 70, était destinée au personnel roulant de la Gare de Lyon, de la Gare d’Austerlitz et de la Gare de Bercy -Bourgogne-Pays d’Auvergne.
Filiale de SNCF Immobilier, ICF Habitat a initié en 2015 la requalification de la tour Watt. Aujourd’hui, après la restructuration complète de la tour par le cabinet d’architecture Vincent Lavergne, l’immeuble a subi de lourdes transformations pour améliorer le cadre de vie de ses locataires et de ses usagers. L’enjeu consistait à reconfigurer le socle du bâtiment, à l’habiller d’une nouvelle façade et à le surélever pour accroître l’offre de logements. Une réalisation où l’existant est adapté aux nouvelles conditions urbaines du quartier.
Adossée au socle recouvrant les voies ferrées, la Tour Watt se retrouve aujourd’hui dans une situation de pivot et de connecteur urbain entre deux époques, entre deux niveaux de ville, l’ancienne et la nouvelle. Il est rare qu’une tour, objet souvent isolé, concentre autant d’enjeux de développement du quartier dans lequel elle s’inscrit : le projet de Vincent Lavergne dépasse ici la simple transformation architecturale du bâtiment pour constituer un signal fort de la mutation urbaine du quartier.
L’opération combine plusieurs prouesses techniques dont l’extension bois sur huit niveaux en façade d’immeuble et la surélévation bois de quatre niveaux en toiture, une première en Europe.
L’enjeu de cette restructuration était de transformer à la fois l’image, la vocation, l’empreinte environnementale et le fonctionnement de l’immeuble. Les trois premiers niveaux du bâtiment sont désormais dédiés à des activités commerciales et de bureau et sont ouverts sur la rue Watt grâce à une extension à RDC. L’accès aux logements est retourné : il se fait depuis la nouvelle rue Louise Bourgeois, pour une meilleure prise avec le fonctionnement et la vie du quartier
L’enveloppe du bâtiment est épaissie sur huit niveaux et sa hauteur est augmentée avec l’ajout de trois niveaux en bois, pour accroître l’offre de logements sans alourdir le bâtiment. La structure interne est entièrement modifiée pour transformer des chambres de foyer en 175 studios modernes et fonctionnels relevant du PLUI.
Le socle
D’un côté, la ville haute, neuve et contemporaine avec ses bâtiments rutilants qui s’élèvent de part et d’autre de l’avenue de France. De l’autre, une ville basse, un quartier moins dense que le centre où l’on ressent encore l’origine péri-urbaine et l’urbanisation récente.
Afin d’ancrer la tour dans le sol, un effet de socle en pierre agraphées est créé sur les trois premiers niveaux. Cette restructuration permet de relier les niveaux bas et haut du quartier par un socle actif d’équipement et de commerce. La Tour Watt propose deux entrées pour les deux niveaux de la ville. La première, celle de la ville haute, se fait depuis la rue Louise Bourgeois, face au nouveau parc et à proximité des réseaux de transport. Le socle s’efface pour créer cette entrée principale constituée de polimiroir où se reflète l’environnement proche. Située à l’articulation entre le socle et la tour, l’entrée fait naître un espace collectif en balcon sur la rue du Loiret où se trouve la seconde entrée, celle de la ville basse. Ainsi la relation visuelle entre villa haute et basse se fait à travers l’architecture.
La façade
Autrefois tournant le dos aux voies, environnement bruyant et hostile au repos, la tour se retourne et fait à présent face au jardin. Elle regarde dans toutes les directions et dispose à ce titre de quatre façades principales. Ainsi sont créés des logements tournés vers la Seine avec des vues inattendues sur Paris.
Au-dessus du socle minéral, les étages supérieurs sont revêtus de panneaux de métal déployé (aluminium), et donnent l’impression de s’extraire du sol pour s’élever vers le ciel en renvoyant ses reflets. Cette peau métallique, recouvre les quatre façades et unifie le corps supérieur de la tour.
Cette nouvelle peau, composée de trois formats de résilles, donne au bâtiment une certaine élégance en harmonie avec le quartier. Cela permet également d’y intégrer une nouvelle épaisseur d’isolant qui assure un meilleur confort pour les résidents et des performances environnementales à la hauteur des prescriptions du Plan Climat de la Ville de Paris.
La première plus haute surélévation bois d’Europe
La surélévation des quatre derniers étages est réalisée en structure bois et se développe comme une succession de terrasses en gradins sur 10 mètres de hauteur. Outre la légèreté de la structure bois, sa mise en œuvre relativement simple, fait sens dans la recherche de constructions bas-carbone plus respectueuses de l’environnement. La surélévation permet de changer significativement l’identité de cette tour.