Fait très rare et insigne honneur pour des étrangers, les architectes Romain Viault, à Paris, et Xavier Laumain, ont cette année été invités à participer aux Fallas de Valencia, en Espagne. Leur création, intitulée PostNatura, symbolise la fragilité de la Nature qui se consomme et se consume. L’arbre, dont les racines s’enfoncent de plus en plus profondément, s’embrasera le 19 mars.
Des «dunes» se sont formées autour de l’arbre. La veille, un camion a livré ‘la arena’ (le sable). Il recouvrira le bitume et le protégera le jour de la «crema» (l’embrasement). Sur cette arène se jouera donc le dernier acte.
Nous répartissons le sable à grands coups de pelle, le piétinons pour renforcer l’assise de la falla, le lissons dans un étrange ballet de balais.
Le sable semble désormais surgir de la chaussée. Sous l’enrobé, le sable. Ici, pas de pavé mais une manifestation populaire qui en rappelle une autre.
Les enfants nous rejoignent rapidement voyant ici un grand terrain de jeu, un bac à sable à l’abri d’un arbre. Nous leur donnons des petits Y qui serviront de pelles et râteaux.
Nous réaliserons les finitions lorsque le soleil sera couché, et les enfants aussi ! Inutile de parfaire ce qui sera à refaire.
En attendant, nous dînons avec des expatriés français dans un café typiquement valencien tenu par des Chinois (le gouvernement de l’empire du milieu participerait à l’essor de la diaspora).
Ces Français sont venus en Espagne par aventure, amour ou hasard. Une Aveyronnaise me confie qu’elle a répondu à une annonce pour assurer la logistique de la «palette rouge», elle qui aime tant l’art. Il s’agissait en fait de transpalettes rouges pour le transport de marchandise… Mon voisin de droite organise des apéros entre Français toutes les semaines et se réjouit de l’ampleur que cela prend. Mon voisin de gauche, conseiller consulaire, nous félicite pour Postnatura. En tant qu’écologiste, il soutient la cause et condamne la dégradation de l’environnement. Tous s’accordent pour dire que l’Espagne est en grande difficulté économique.
Minuit. Les rues se sont vidées. Nous retournons à la falla pour terminer l’arène que nous souhaitons lisse et parfaitement circulaire.
Il est 3h du matin. Nous nous lèverons dans 4h pour réaliser les dernières finitions avant 8h, heure limite fixée par le jury. Nous saluons le vigile qui veille sur la falla.
A demain!
Romain Viault, avec Xavier Laumain
PS : Pour l’occasion et durant toutes les festivités des Fallas de Valencia, Chroniques d‘architecture devient quotidien afin de tenir le journal de l’évènement, chronique relatée au jour le jour par Romain Viault. Jusqu’à la «crema» donc, et pour retrouver tous les épisodes précédents, retrouvez-nous ici tous les jours vers 18h.