TDF 2022 : dans l'Aude, 3ème journée de repos, culturelle et aqualudique

La montée et la descente des Alpes pendant cette deuxième semaine n’auront épargné aucun des concurrents. Cette troisième journée de repos à Carcassonne (Aude) offre le loisir aux coureurs et à la caravane d’une pause bien méritée sur les bords de l’Aude, là où les pentes ne sont ni longues, ni raides et où l’architecture contemporaine se contemple à l’ombre des vieilles pierres.

Qui dit journée de repos ne sous-entend pas grasse matinée. Après un petit-déjeuner à la fraîche à boulotter un traditionnel Carcassonnais (une pâte à brioche et une crème pâtissière aux fruits confits) pas loin des remparts, prendre la direction de la contemporanéité architecturale des Archives départementales de l’Aude (Pierre Courtade avec les agences Vigneu & Zilio et Kombini), inaugurées, déjà, en 2003. En âge de lézard, 19 ans, c’est vieux, pas pour un bâtiment !

L’ouvrage met en pratique « pour la première fois dans le cadre d’un programme d’archives, un concept original de conservation à base d’enveloppes protectrices successives imbriquées les unes dans les autres à la façon de poupées gigognes, le tout visant à assurer une régulation thermique et hygrométrique optimale », indiquait le maître d’ouvrage.

Archives départementales de l'Aude — @Archives départementales de l’Aude

Les espaces réservés au public privilégient l’impression de calme et de sérénité, une ambiance parfaite pour reprendre quelques forces avant la reprise des hostilités le lendemain. « Le choix des matériaux bruts confère à l’image du bâtiment une honnêteté constructive. La pierre soigneusement assemblée, la vêture de bois du silo précisément calepinée, ou la répétition réglée des grilles d’acier, sont comme un écho au patient travail de compilation qu’implique toute collection d’archives », ajoutait l’architecte.

Puisque l’été est propice aux douceurs, déguster quelques pavés, grès et briques de la Cité, des friandises à base de sucre et de chocolat, aussi pour ravaler l’amertume du projet de médiathèque imaginé lors d‘un concours en grande pompe en 2013 et avorté en 2015, remporté par une architecte qui connaît bien l’endroit, Françoise Raynaud (face à Rudy Ricciotti, Odile Decq et l’agence Du Besset Lyon).

Trouver ensuite en contrebas de la ville et face aux domaines agricoles, le pôle Aqualudique du Païcherou livré par l’agence de Montpellier de TAA (Pierre-Louis Taillandier) en 2021, qui développe un rapport privilégié avec l’Aude, la Cité de Carcassonne et la Bastide Saint-Louis. Amener son maillot de bain.

L’approche architecturale du projet s’inscrit en continuité de l’existant, dans le respect du paysage et du lieu. Le Pôle Aqualudique cherche à mettre en valeur le territoire singulier de la ville de Carcassonne, située entre la Montagne Noire au nord, les Corbières à l’est, la plaine du Lauragais à l’ouest et la vallée de l’Aude au sud.

Le Pôle Aqualudique du Païcherou s’articule entre architecture, paysage et territoire. Au niveau architectural, le projet accentue les singularités du site. Les dépressions et les effets de socles existants permettent de travailler les vues vers l’Aude et de créer des relations avec le paysage environnant.

Il est à la fois compact et généreux. Sa lecture extérieure reflète l’imbrication des espaces intérieurs : les bassins et la balnéo génèrent une « halle » transparente, le hall d’entrée est une rotule centrale et les programmes annexes constituent le fond et l’arrière-plan.

Pour favoriser une approche urbaine claire, le hall d’entrée est intégré au centre du site, entre les deux parties du bâtiment. Ce positionnement crée plusieurs parcours et s’adapte aux liaisons existantes : circuits vélos et piétons, de l’est vers l’ouest, les parkings et les arrêts de bus à l’ouest et le parking voiture à l’est.

Le Pôle Aqualudique du Païcherou est constitué d’un socle en béton sur lequel vient s’appuyer un objet évidé et transparent cadrant le paysage. Le verre et le vitrage s’articulent autour du métal et varient selon les besoins de la programmation, s’adaptant en menuiserie et se transformant en garde-corps pour les plages extérieures.

La maçonnerie en béton est utilisée pour créer la structure et la grille constructive du projet. En façade, des poteaux suivent une trame régulière et supportent de grandes menuiseries de 4 m de hauteur en lien direct avec les berges de l’Aude. Sur cette structure en béton qui trame la façade, un système constructif en bois vient se poser.

Après la baignade qui aura creusé l’appétit, envisager pour entamer l’après-midi un déjeuner qui ravigote avec une bourride de Bages aux anguilles de l’étang du même nom accompagnée d’une part de flan de Saint-Jean du Minervois (composé de muscat de Saint-Jean, de miel des Corbières et d’œufs), le tout arrosé, pourquoi pas, mais avec modération, d’un verre de vin de Corbières.

Prendre enfin la route vers l’ouest et trouver l’école d’art conçue par Jacques Ripault en 2012 qui fait pendant à la Cité et s’inscrit dans les méandres des voiries d’entrée de ville. Le projet est rassemblé dans une conque par sa façade curviligne et infléchie, enceinte autour d’un théâtre extérieur.

Les ateliers d’art plastiques en éventail, s’ouvrent au nord face aux salles d’arts dramatiques organisées autour de la scène du théâtre de verdure. Les salles de danse en hauteur sont en gravité accessible par une rampe qui contribue au parcours aérien des danseurs. Les salles de musiques se déroulent le long de la conque acoustique qui installe les salles trapézoïdales favorables à la diffusion sonore. La grande salle d’orchestre marque un ancrage près du hall comme un contrefort.

l’école d’art conçu par Jacques Ripault — @Patrick H. Muller

En cette fin de journée pas trop intense pour ce qui est de l’architecture contemporaine, les suiveurs s’offriront sur une terrasse ombrée, après un Or-Kina (un apéritif local), en vue d’une comparaison qui relèvera du derby, un cassoulet (composé de haricots secs, de couennes et de viandes de porc, de saucisse et de confits d’oie ou de canard), lequel se différencie à Carcassonne de ses homologues de Castelnaudary et de Toulouse par l’ajout de viande de perdrix.

Alice Delaleu (dans la caravane)