Cette première étape de montagne, avec une arrivée au sommet de la super Planche des Belles Filles (1 148m, 6 km à 8,5 %), promet une course enlevée tant les grimpeurs ont des fourmis dans les jambes depuis une semaine que le tour est parti. La course au Maillot à pois est lancée. Bref, ça va bagarrer dur du début à la fin et les suiveurs ne voudront rien manquer du final, ne serait-ce que pour observer les états de forme des prétendants. La matinée sera donc consacrée à la découverte de Nancy, une longue promenade.
Nancy, les suiveurs y sont arrivés la veille au soir, où une chambre les attendait au Grand hôtel, ce qui tombe bien, il est sur la place Stanislas. Au petit matin, c’est toute la France baroque qui s’offre à leurs yeux. Que dire, l’architecture chante et danse, elle joue de la symétrie et de la dissymétrie. Dans l’architecture contemporaine, il y a architecture tout court et les suiveurs sont ravis.
La place est monumentale et accueillante. Elle est tout à la fois fermée et ouverte : le théâtre, l’hôtel de ville, le musée, le parc de la pépinière, le quartier de Saint-Epvre, celui de Charles III un lieu de convergence. La place est baroque parce qu’elle articule tous les éléments de la ville, elle en est indissociable, elle est baroque avec ses fontaines, ses grilles en fer forgé, ses pots à feu, ses ferronneries, ses dorures… tout ce qui ne sert à rien mais qui lui donne ce charme indicible.
Les terrasses de café se mettent en place, reste à prendre un petit-déjeuner à la terrasse du Commerce. Allez, avec le café, des madeleines de Commercy et c’est parti !
Que découvrir ?
Quelques pas pour apprécier la place dans sa magnifique lumière, découvrir dans son prolongement la place de la carrière et ses fameuses basses faces. De là, se rendre au musée de l’Art de Nancy pour se souvenir que cette ville fut d’abord celle de la place Stanislas avant d’être la capitale de l’art nouveau. Elle a vu les réalisations de Victor Prouvé, Louis Majorelle, Émile Gallé, Antonin Daum, Jacques Gruber…
Puis il faut le voir pour y croire : le Haut du lièvre. Un ensemble de logements réalisés par Bernard Zehrfuss, une barre de quatre cents mètres qui côtoie une autre de trois cents… battant les records de longueur et défiant la Villa de Jean Prouvé.
Que choisir ? Se promener le nez en l’air, pas sûr que la visite de la villa elle-même apporte une explication sur les raisons de l’échec du projet industriel qu’elle était censée porter, les idées ont la vie dure surtout celles qui sont fausses.
Sous la main un petit journal, Itinéraire d’architecture, propose la visite de l’école d’architecture et celle du village Lobau. En longeant le canal, les suiveurs retrouveront Tomblaine, s’ils souhaitent assister au départ, et avec un peu de chance pourront jeter un coup d’œil à l’Artem de Nicolas Michelin (école qui articule création et intégration des nouvelles technologies).
Quant à elle, l’école d’architecture conçue par l’architecte suisse Livio Vacchini est à quelques centaines de mètres de la place Stanislas. Là, le parti pris du repli sur soi est manifeste, la façade sur le canal est complètement fermée alors qu’elle est au sud. Pour l’architecte, l’hésitation s’est faite entre le monastère, le couvent et la prison. La chartreuse avait déjà été prise par un autre grand nom. La visite est rapide ; les étudiants en télétravail, pas étonnant qu’ils soient mieux chez eux.
Cette visite est cependant l’occasion d’une réflexion : l’architecture devrait se réconcilier avec la vie, avec la ville, avec la nature et ne plus s’enfermer dans le choix d’une technologie ou d’un matériau. La démonstration de la place Stanislas est là pour dire que le plaisir est possible et que jouer avec le soleil n’est pas un vain mot.
Pour rejoindre le village Lobau, conçu par Alain Sarfati en 1983, il faut changer de rive et trouver un ensemble de logements coincé entre un immeuble qui longe le boulevard éponyme et le canal. Il s’agit d’un ensemble de logements sociaux et, fait unique à l’époque, les habitants ont eu la possibilité de choisir, dès l’origine, entre plusieurs distributions de logements d’où l’appropriation de leur lieu de vie. Ils ont même, sans aucune obligation, créé un concours de jardins et de terrasses fleuries.
Contre toute attente, l’ensemble a su résister au temps et aux intempéries, la diversité des matériaux utilisés y ayant largement contribué. Il s’agissait d’une opération expérimentale du Plan construction, elle a fait l’objet de plusieurs évaluations mais l’idéologie brutaliste ne s’y est pas reconnue et cette expérience n’aura servi à rien !
Nancy Ville d’histoire ! Avant de quitter la ville, les suiveurs finiront la promenade sur le chantier de Grand Nancy Thermal, projet conduit par Anne Demians (qui a déjà réalisé à Nancy l’immeuble Quai Ouest situé sur l’île de Corse) et Chabanne + Partenaires dont la livraison est prévue pour le printemps 2023.
Le pôle aquatique de 20 000m² se développe dans trois grands corps de bâtiments disposés sur les axes historiques du site. Du sud au nord, l’espace de Sport et Loisirs et l’espace Thermal dégagent des espaces extérieurs de grande dimension.
« L’objectif est de définir un meilleur rapport des architectures entre elles. Ainsi, les perspectives sont libérées de tout obstacle entre la rue du Sergent Blandan et le Parc Sainte Marie. Il s’agit de ‘tirer le Parc Sainte Marie’ jusqu’à la nouvelle adresse des nouveaux thermes, située au droit de la rue du Sergent Blandan », explique Anne Démians.
« L’enchaînement des plans d’eau extérieurs se situant sur une direction nord-sud, il permet une meilleure mise en scène des thermes en intégrant pleinement le Parc Sainte Marie dans la composition générale. Les masses bâties, les jardins et les plans d’eau sont imbriqués dans un rapport fusionnel », dit-elle.
Puisqu’il est question d’Anne Démians et de Nancy, les suiveurs du tour contemporain feront un dernier détour sur les rives de la Meurthe pour découvrir Quai Ouest, situé sur l’île de Corse, dont la singularité tient à son enveloppe d’acier inoxydable et ses 650 fenêtres oblongues semblables des yeux ouverts sur la ville.
Il s’agit notamment du siège social d’une entreprise de construction mais l’ouvrage compte également une résidence hôtelière et des commerces qui doivent être ouverts à la visite.
Après quoi, une quiche vite fait sur le pouce, un détour en boutique pour acheter une boîte de Bergamote pour la famille restée à Paris et il est temps alors de reprendre la route, de facilement doubler le peloton et d’aller l’attendre à l’arrivée, en haut de la Super Planche des belles filles !
Christophe Leray (dans la caravane et accompagné pour l’occasion)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018