
L’architecte Dubois, 56 ans, est un tueur en série de blondes aux yeux bleus dont on ne retrouve pas les corps. L’inspecteur Joachino Nutello, dit Dr. Nut, patron du 22, le service des disparitions inquiétantes, 50 ans, traque Dubois sans relâche mais désespère de le coincer un jour d’autant qu’il s’est enfui au Brésil où l’attend sa prochaine victime : Gloria ! Aïda, la seule flic femme du 22, est lancée à sa poursuite.
Retrouver les personnages à l’œuvre
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« La création de l’espace « vide », à la mesure de l’homme, est le fait de l’architecte seul ».
Philippe Samyn
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Chapitre II
Jeudi 18 janvier, 18 h 17, à la terrasse du Petit balcon
Le policier profite ces derniers jours de l’absence de l’architecte Dubois, parti au Brésil, pour, quand il a un moment, traîner près de son agence d’architecture, rue du Liban à Belleville, et tenter de percevoir s’il se passe quelque chose d’inhabituel. À force, il a pris ses habitudes à la terrasse du Petit balcon – un troquet près de l’appartement de Dubois qui loge au-dessus de ses bureaux – et personne ne fait plus attention à lui. Sur le coup de 18h, 18h30, il voit les collaborateurs de Dubois s’en aller, ils ont d’ailleurs tendance à partir plus tôt le soir quand Dubois est absent.
Aujourd’hui, désœuvré, il est de nouveau à la terrasse du Petit balcon quand il voit toute l’agence s’installer joyeusement non loin de lui. Tous apparaissent d’excellente humeur et semblent célébrer quelque chose. Il n’entend pas bien ce qu’ils disent dans le brouhaha mais il entend parfois le nom de Dubois et tout le monde a l’air vraiment content, aucune animosité vis-à-vis du boss. Il y a là parmi eux, des hommes en majorité, Muriel Le Cleac’h, une jolie femme blonde aux yeux bleus, une jeune cinquantenaire (comme Gloria, se dit-il). L’inspecteur sait qu’elle n’est pas architecte, qu’elle s’occupe de l’administratif, pour autant son équipe garde un œil sur elle régulièrement – d’ailleurs Dubois au Brésil, il a pu relâcher la surveillance et faire souffler les gars – mais bon la Muriel est toujours là, apparemment heureuse. Si elle n’est pas architecte, peut-être ne craint-elle rien se demande le policier en commandant une nouvelle pinte ? Soudain, sort de l’agence pour les rejoindre, une nouvelle tête, qu’il n’a jamais vue, une jeune femme blonde, aux yeux verts.
– Hello Oksana, s’écrie le groupe de collaborateurs. C’est bon, tu as fini ?
– Oui, oui, merci (avec un grand sourire et un fort accent d’un pays de l’Est, une Ukrainienne peut-être ?)
– Tu as fermé l’agence ?
– Oui, oui.
– Qu’est-ce que tu veux boire ?
– Bah, comme vous, une pinte.
Et tout le monde – ils sont maintenant six – de se pousser pour faire place à la jeune femme dont il comprend qu’il s’agit de ses tout premiers jours. Il est au courant de l’embauche Dubois ?
Dr. Nut est abasourdi. Il ne l’a pas vue venir celle-là, il ne sait même pas comment elle est arrivée là ni comment elle s’appelle ni d’où elle vient. Il va lui falloir remettre quelqu’un sur le coup. Misère… « Il s’emballe Dubois dans son vieil âge ? », grince-t-il. Le groupe des archis traîne encore le temps d’une autre tournée puis tout le monde s’égaille à pied ou à vélo vers le boulevard de Belleville. Désemparé, le policier paye rapidement sa note et file à grands pas vers sa voiture, garée rue de Ménilmontant, inquiet mais ne sachant pas ce qu’il doit faire. Il passe devant l’agence de Dubois, toutes lumières éteintes, et il lui faut quelques secondes pour percevoir quelque chose d’inhabituel. Il revient sur ses pas et, en effet, la nouvelle collaboratrice, partie la dernière, a oublié de descendre la grille de fer qui protège la vitrine. C’est pour lui une opportunité extraordinaire car ce n’est pas la serrure de la porte qui lui résistera. Il jette un œil et s’aperçoit qu’il n’y a pas de système de sécurité, c’est la grille épaisse le système de sécurité. Mais il y a encore trop de monde dans la rue, il remonte donc vers Ménilmontant, trouve un rade où attendre la nuit noire, commande une pinte de blonde et se replonge dans le journal.
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Vendredi 19 janvier, 14h05 (heure de Florianópolis, Brésil), en plein air
Aïda est installée sur le balcon de la chambre de l’auberge de Florianópolis dans laquelle elle loge. Située le long du canal qui sépare en deux Barra da Lagoa, c’est une grande maison constituée d’un amoncellement de volumes et de terrasses qui semblent s’être ajoutés au fil des années. Depuis le dernier étage, Aïda surplombe légèrement les toits des maisons alentour et distingue à moins d’une centaine de mètres le bleu de la mer qui se mélange à celui du ciel. La chaleur et l’humidité sont écrasantes. Elle lance son appel visio.
– Dr. Nut ?
– Hello Aïda. Tout va bien ?
– Oui, tout va bien, je suis accompagnée depuis mon arrivée par un cerbère nommé Thiago José Luiz da Silva, du service de police Fédérale, un gars d’une quarantaine d’années, bavard en plein de langues, en esperanto surtout ! Sur le chemin de Barra da Lagoa, il m’a transmis une copie de son dossier sur Léonie Meunier. Quelques photos du corps retrouvé sur la plage, sinon rien de plus que nous ne sachions déjà.
– Oui ça ne m’étonne pas.
– Avant de passer au commissariat local, nous avons fait un détour par la morgue.
– Bonne idée. C’était une première pour vous ?
– On peut dire ça comme ça. Le Dr. Holmes m’attendait, une grande femme d’un certain âge, fine et élancée, peau blanche, visage carré et cheveux tirés, elle doit être de ces descendants d’Allemands qui ont émigré ici au début du siècle dernier. Elle parle un anglais parfait et je l’ai suivie au sous-sol. Elle m’a expliqué que personne à ce jour ne savait trop quoi faire de ce corps, aucun rapatriement envisagé, ce qui semblait la chagriner. Elle a ouvert les portes d’une petite pièce, froide, noire et silencieuse puis a allumé les néons. Elle a ouvert le casier numéro 5, tiré l’espèce de brancard et révélé une forme humaine sous un drap blanc qu’elle a soulevé pour découvrir le corps nu de Léonie Meunier. [Aïda préfère n’en rien dire mais elle a failli avoir un haut le cœur ; certes elle avait déjà vu un ou deux morts, dans sa famille notamment, mais des morts noyés, non.] Le corps de Léonie Meunier était pale et gonflé, la peau de son visage blanche et molle, celle de ses pieds et de ses mains totalement flétries. Si je peux me permettre, on est bien loin du corps sublimé de Gina, de la Belle au bois Dormant. Léonie Meunier présente toutes les caractéristiques d’une mort par noyade mais…
– Mais ?
– Mais, les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses – Thiago a fait le taff – et il est trop tôt pour tirer une quelconque conclusion et on ne peut pas écarter l’hypothèse que la noyade ait été préméditée par quelqu’un de malveillant, voire par Dubois. Encore que…
– Encore que ?
– En me raccompagnant, comme Thiago avait pris de l’avance pour aller chercher la voiture, Dr. Holmes m’a pris le bras. « Please, don’t trust anyone here, not even the police, this isn’t Europe; this is Brazil. Good luck! », m’a-t-elle dit avant de retourner à ses casiers numérotés. Ce qui en français…
– C’est bon j’ai compris. Le Thiago, il est carré ?
– Jusqu’à maintenant. Il m’a emmenée voir la maison de Gloria. Je n’ai pas été déçue. Il ne s’embête pas le Dubois.
– C’est-à-dire ?
– Quasi sur la plage où a été retrouvée Léonie, dans un quartier résidentiel et rupin. De la rue – enfin, rue… – on n’aperçoit qu’un long mur en béton qui cache un jardin immense, la végétation débordante. À partir d’un sentier parallèle, j’ai découvert une masse en béton suspendue dans le vide avant de comprendre que c’était une piscine immense dont la surface lisse et transparente se fond avec l’horizon marin qui s’étend tout autour à 180°. Gloria l’architecte doit sacrément bien gagner sa vie pour s’être construit une telle maison. Derrière la piscine, perpendiculaire, une pergola métallique longue d’une dizaine de mètres et de grandes baies vitrées sur toute la longueur du bâtiment. Une véritable maison d’architecte en béton et métal avec une vue à couper le souffle. Dubois n’est pas venu camper…
– Non, ce n’est pas le genre.
– Les rideaux des baies vitrées étaient totalement fermés cependant ! Nous avons attendu un peu avec Thiago qu’ils s’ouvrent. Ils ne se sont jamais ouverts ! Thiago a envoyé quelqu’un de son équipe faire le guet, au cas où mais la mauvaise nouvelle est que Gloria et Dubois sont partis.
– Zut, pour le dire poliment. Vous savez où ils sont partis ?
– Oui, à São Paulo !
– À São Paulo ?! Comment le savez-vous ?
– Thiago.
– Dubois a donc un jour et demi d’avance sur nous.
– Oui, je pars à São Paulo tout à l’heure. Thiago vient avec moi.
– Prenez soin de lui.
Clic.
Aïda a encore un peu plus de deux heures avant que Thiago ne vienne la prendre pour aller à l’aéroport et elle décide d’aller nager dans l’océan. Au moment où elle plonge dans le premier rouleau, « allez, ça va aller, Tudo bem Aïda ! », se dit-elle pour se donner du courage.
Chapitre III
Dimanche 21 janvier, 9h05, dans le bureau de Dr. Nut
Le policier enrage. Sa visite illégale dans les bureaux et dans l’appartement de Dubois n’a rien donné. Au rez-de-chaussée, deux rangées d’ordinateurs, une salle de réunion, une salle de bricolage parfaitement équipée, ce qui ressemble à une énorme imprimante. Le propre bureau de Dubois est curieusement impersonnel, pas de photos de ses enfants, de son chien – il n’a pas de chien – ou de ses œuvres. Un ordi, deux écrans, une pile de dossier à sa droite – il est droitier – d’autres à même le sol. Peu de photos nulle part d’ailleurs. Quelques maquettes… L’inspecteur se doute qu’il ne trouvera rien à cet étage et monte à l’appartement de Dubois, au-dessus de l’agence, dont la porte n’est pas fermée à clef.
L’appartement est petit, 80 ou 85 m² peut-être, mais impeccablement propre et rangé. Un grand séjour orienté qui tire parti de la lumière et de la hauteur, une télé, des livres, beaucoup de livres. D’autres livres dans la chambre. L’inspecteur a eu beau fouiller, rien ici de spécial, pas de traces de sang ou de meurtres abominables, pas de collection de petites culottes ou de trophées quelconques. Là encore, comme au rez- de-chaussée, il prend une foultitude de photos, ayant compris l’usage qu‘Aïda est capable d’en faire.
Redescendu à l’agence, il a trouvé l’entrée de la cave derrière la cuisine, là où sans doute déjeunent les employés de Dubois. Déjeune-t-il avec eux ? Sans doute, se dit-il. Bref, la cave. Parfaitement parisienne, petite, la pierre meulière encadrant ce qui dans les temps anciens aurait pu être une oubliette. Des livres encore, dans des caisses, un vieil ordinateur que Dr. Nut est incapable de réactiver, des produits d’entretien, de vieilles maquettes, des cartons plein de ce qui ressemble à des archives, comme si Dubois enterrait là, dans sa cave, dans le noir, son passé et son histoire, une sorte de cave dépotoir mais qui ne sent pas l’urine. Dr. Nut a pris le temps de fouiller les cartons, il a sondé les murs, pris des photos, et est reparti plus que jamais frustré.
Ce sont justement ces photos, étalées sur son bureau, qu’il est en train d’observer sans y déceler quoique ce soit d’étrange ou de bizarre qui serait la marque d’un tueur en série : rien, zip, nada. Et personne n’a encore eu le temps de se renseigner sur la stagiaire ukrainienne…
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Dimanche 21 janvier, 16h15, La Courneuve, dans le salon de Dr. Nut
Le portable de l’inspecteur vibre soudain.
– Bonjour Patron, ou plutôt bonsoir pour vous !, lance Aïda. Elle parle fort pour s’exprimer au-dessus du brouhaha de là où elle se trouve. Des sirènes hurlent et forment une interminable symphonie criarde.
– Oui Aïda, c’est quoi ce bazar autour de vous ? Tout va bien ? Je ne m’attendais pas à votre coup de fil, s’inquiète Dr. Nut.
– Oui, ça va ! Je suis dans la rue, c’est plein de policiers, plein de monde. J’appelle car il y a du nouveau depuis mon arrivée à São Paulo !
– Je vous écoute, dit Dr. Nut vaguement inquiet mais qui se prend à espérer avoir quelque chose à se mettre sous la dent après son raté dans l’appartement de Dubois.
– En arrivant à São Paulo, avec Thiago, on s’est répartis les tâches. De mon côté passage obligatoire au Consulat Général de France à São Paulo. J’ai rencontré le consul adjoint, un Frédéric d’Hautecloque, qui m’attendait – C’est le chef qui lui a donné mon numéro ?
– Sans doute, en tout cas ce n’est pas moi.
– En tout cas, ce Monsieur d’Hautecloque semblait assez inquiet car il a reçu quelques appels de journalistes des quotidiens locaux de Florianopolis qui souhaitaient en savoir d’avantage sur « o arquiteto francês ». Ils n’en sont pas encore à camper devant le Consulat mais le consul, qui a été visiblement informé, s’émeut qu’un tueur en série français puisse semer la panique au Brésil. Comme il me l’a souligné : « des Français morts retrouvés ici, pour toutes sortes de raisons, c’est assez habituel, Léonie Meunier n’est pas la première ni la dernière. Mais un tueur en série français au Brésil c’est du jamais vu ! ».
– Bref, poursuit Aïda, l’objectif des autorités ici est clair, faire taire au plus vite toutes les rumeurs. J’ai dû lui présenter le profil de Dubois. Il est sceptique et il tient absolument à une mort accidentelle pour
Léonie Meunier.
– Rien d’étonnant. Cela doit d’ailleurs les arranger fortement que Dubois ne soit qu’un Français lambda en vacances avec une Brésilienne. Il ne veut pas de vagues dans son consulat. Mais bon il est diplomate pas flic, chacun sa place.
– Je suis bien d’accord avec vous Patron, je suis restée cordiale et l’ai remercié en lui indiquant que je reviendrai vers lui si nous avions de nouvelles informations. En tout cas la conclusion de notre entretien était claire : rester discret.
Aïda s’arrête un instant pour laisser passer une ambulance toute sirène hurlante.
– Et, reprend Aïda, comme vous pouvez l’entendre autour de moi, pour la discrétion c’est raté.
– Oui j’entends, c’est quoi ce cirque ?
– Et bien, après ma visite au consulat, j’ai retrouvé Thiago qui de son côté s’est affairé à contacter des collègues à São Paulo à la recherche de Gloria ou Dubois. Sauf que c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ici. Depuis deux jours, nous sommes levés aux aurores et on passe une bonne partie de la journée en voiture, un fond de bossa nova sortant des basses. Pour le coup j’ai eu le temps de visiter et de découvrir la diversité des quartiers : quartier d’affaires, quartier postcolonial, autoroute suspendue dans la ville, parcs, favelas…La ville est hors d’échelle et à part la sillonner dans un sens ou l’autre, on n’a pas trouvé grand-chose. On a fait le tour de je ne sais pas combien de commissariats espérant trouver des infos, une adresse d’hôtel, un retrait bancaire… ou alors la mention de la disparition inquiétante d’une femme blonde, peut-être française. Jusqu’à un texto reçu ce matin par Thiago. Il venait juste de me prendre à l’hôtel et à peine étions-nous dans la voiture que le téléphone de Thiago a vibré, le SMS s’affichant automatiquement sur le tableau de bord : « O corpo de uma jovem loira de olhos azuis foi encontrado sem vida no Hotel Arpoador, 509 Avenida Paulista. Venha quando puder. » Il a poussé un juron, fait un demi-tour furieux au milieu du trafic et la voiture a bondi comme une bombe. « C’est quoi le SMS ? », je lui ai demandé. Il a traduit : « Le corps d’une jeune femme blonde aux yeux bleus a été retrouvé sans vie à l’Hotel Arpoador, 508 Avenida Paulista. Viens dès que tu peux ». Sirène sur le toit, nous sommes arrivés sur les lieux à peine vingt minutes plus tard.
– …
– Chef, vous êtes toujours-là ?
– Oui, répond Dr. Nut qui ne s’était pas aperçu qu’il retenait son souffle. Je vous écoute.
– C’est un employé de l’hôtel qui a retrouvé le corps, dans un hôtel sur l’avenue la plus célèbre de São Paulo, une jeune femme blonde aux yeux bleus… poursuit Aïda qui a du mal à cacher son excitation. Sur place, la police locale avait déjà banalisé tout le périmètre autour d’un gratte-ciel en verre, un hôtel 5 étoiles. Un flic local nous attendait – il m’a dévisagé longuement et ne m’a laissé passer qu’après un signe de tête de Thiago avant de nous faire traverser l’entrée de service. Il nous a expliqué rapidement les faits. Les voici après traduction approximative de Thiago : la jeune femme a été retrouvée morte dans la lingerie du sous-sol ce matin même, dans un coin à l’écart, le visage enveloppé d’un drap. Elle faisait depuis peu partie du personnel d’entretien de l’hôtel, c’est un de ses collègues qui l’a trouvée, allongée au sol, sans vie. Elle est certes blonde aux yeux bleus mais Patron, vous n’allez pas y croire, devinez pourquoi ils ont appelé Thiago direct ?
– C’est l’hôtel où logent Gloria et Dubois ?
– Où ils logeaient plus exactement. Mais ce n’est pas tout ! Vous vous souvenez que Gloria est architecte ?
– (Soupir impatient)
– Excusez-moi. Eh bien, sachez que c’est justement Gloria qui a réhabilité cet hôtel dans son intégralité, c’est l’architecte d’intérieur du projet ! Tout est flambant neuf, il est en activité depuis à peine quelques mois. Je m’étonnais que le lieu me semble familier. C’est parce que je l’ai vu sur le site de Gloria. C’est comme ça que je l’ai reconnu. Thiago était scié, voire admiratif si je peux me permettre. Du coup, il s’est renseigné et c’est ainsi que nous avons appris que Gloria et Dubois étaient venus y passer plusieurs jours. Ce qui signifie également qu’à deux reprises, quand nos tourtereaux logent dans des lieux construits par Gloria…
– les morts s’accumulent…
– Oui, c’est dingue !!! Non ? Ou alors il a pété un câble le Dubois pour se lâcher ainsi dans le propre hôtel de sa compagne ! Toujours est-il que le directeur nous a indiqué que l’ensemble de l’hôtel est sécurisé et qu’aucun client ne peut pour le moment sortir sans avoir été dûment interrogé. La police locale a commencé les interrogatoires et doit prévenir Thiago s’il y a quoi que ce soit. Pour ma part, j’ai demandé à voir la chambre où étaient logés Gloria et Dubois… Dans une suite du dernier étage – Chef, je préfère ne pas vous la décrire, vous m’en voudriez – mais si j’ai pu la visiter, avec le directeur et Thiago, c’est parce qu’ils sont partis depuis hier soir. Le préposé à l’accueil a expliqué qu’ils ont commandé hier un taxi pour se rendre à Piciguaba.
– Où ça ?
– Piciguaba, un village sur la plage dans l’Etat de São Paulo mais à plus de quatre heures de route !
– Ce ne serait donc pas Dubois qui… ?
– Le corps de la femme a été retrouvé ce matin mais l’heure de sa mort n’est pas connue. Il y a plus de 500 employés dans l’hôtel, la plupart ne se connaissant pas forcément. Elle aurait dû finir son service à 22h hier soir, heure de fermeture de la buanderie.
– Et le corps ?? Des infos sur son décès ?, demande Dr. Nut, pensif.
– Pas grand-chose pour l’instant. Nous sommes encore au milieu de la pagaille avec tout le tintouin habituel : enquêteurs, médecins légistes, etc. Ils feront ensuite l’autopsie. Thiago m’a indiqué que je ne pourrai me rendre à la morgue que demain, c’est aujourd’hui dimanche. Il semblait mi rigolard mi pensif : « il nous fait une Strauss-Kahn votre Dubois », me dit-il. Il m’a fallu un moment pour comprendre de quoi il parlait. Quand j’ai compris, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer.
– C’est peut-être lui qui a raison. Bon, tenez-moi au courant.
– OK et, Oh, juste pour vous prévenir, il est midi passé ici et la presse est déjà sur place. Je pense qu’ils ne vont pas mettre longtemps à faire le parallèle entre l’architecte de l’hôtel à São Paulo, l’architecte français de Florianopolis et les cadavres de blondes aux yeux bleus…
– Compris mais, pour l’instant, essayez, le plus discrètement possible, de ne pas perdre Dubois de vue et partez directement à Pici-truc après votre passage à la morgue.
– Ok, Patron, je vous tiens au courant.
(À suivre)
Secrétariat du 22
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